La lecture de la quatrième de couverture ne laisse pas trop présager du contenu du livre. Rien que les apparences de singe, puis de sirène, donnent une fausse idée de dérives à tout-va, mais Michelle n’est finalement qu’une intermédiaire, un point fixe dans ce lointain futur et l’intérêt réside essentiellement dans ce qu’elle découvre, même si elle ne fait que suivre les grandes lignes des quelques semaines de l’absence de Terzian. Une photo où il est avec une femme et le voilà nouant une liaison. Mais la réalité s’avère bien plus complexe et le lecteur se retrouve à chaque étape importante plongé dans ces moments charnières pour découvrir la vraie histoire. Jonathan Terzian a peut-être façonné un futur meilleur, enviable, mais est-ce de son unique fait ou du hasard ? Suite au décès de son épouse, il trouve dans une simple rencontre fortuite, un nouveau départ, une envie de croire en ce qu’il entend, en la possibilité de pouvoir changer les choses. Encore faut-il en avoir la volonté et la force d’aller jusqu’au bout malgré les risques. Sur le papier, le projet semble idyllique, mais dans la réalité ?
Entre passé vécu, passé parcellaire entrevu à travers les recherches de Michelle et présent dans lequel sa tranquillité est troublée par son ex qui, pour elle, est mort, le lecteur ne peut qu’éprouver fascination pour le tableau d’ensemble. Walter Jon Williams mène son récit sur plusieurs plans et, alors que l’on voyait Michelle comme simple révélatrice du passé, sa présence soulève bien plus d’intérêt au final, comme si l’auteur ne voulait laisser aucun fil en plan, mais donner à chacun l’importance qu’il mérite. En 110 pages, Walter Jon Williams explore un moment charnière du passé et le présent qui finalement en découle. Il s’agit d’un tour de force salué par le Prix Nebula 2005, donc décerné par ses pairs.

Rêver d’un futur meilleur, chercher à éradiquer la pauvreté et la faim, à repousser la mort, à permettre l’émancipation de l’être humain en l’éloignant des contingences matérielles, voilà des projets louables qui devraient être d’un intérêt commun, mais qu’une minorité repousse, jalouse de ses privilèges et se satisfaisant d’un statu quo la laissant au sommet de la pyramide. « La peste du léopard vert » se situe aux prémices du changement, montre comment il peut naître et ce qui peut en découler des siècles plus tard, en survolant le passage qui n’est pas sans heurts.
Un court roman fascinant et surprenant, aussi bien par la théorie soulevée que par son déroulement non sans surprises. À découvrir pour être envoûté par le chant de la sirène !

Titre : La peste du léopard vert (The Green Leopard Plague, 2003)
Auteur : Walter Jon Williams
Traduction de l’américain : Jean-Daniel Brèque
Couverture et conception graphique : Aurélien Police
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Une Heure-Lumière
Numérotation dans la collection : 47
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 124
Format (en cm) : 12 x 18
Dépôt légal : septembre 2023
ISBN : 9782381630960
Prix : 10,90 €

Derniers titres de la collection chroniqués :
 30. « À dos de crocodile » de Greg Egan
 31. « Toutes les saveurs » de Ken Liu
 32. « Le livre écorné de ma vie » de Lucius Shepard
 33. « Symposium Inc. » de Olivier Caruso
 34. « Sur la route d’Aldébaran » de Adrian Tchaikovsky
 35. « Simulacres martiens » de Eric Brown
 36. « La Maison des Jeux, tome 1 : Le serpent » de Claire North
 37. « Un an dans la « ville-rue » » de Paul Di Filippo
 38. « Opexx » de Laurent Genefort
 39. « La millième nuit » d’Alastair Reynolds
 40. « La Maison des Jeux, tome 2 : Le voleur » de Claire North
 41. « L’Héritage de Molly Southbourne » de Tade Thompson
 42. « La Maison des Jeux, tome 3 : Le maître » de Claire North
 43. « Connexions » de Michael F. Flynn
 46.« Le dernier des Aînés » de Adrian Tchaikovsky

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