Satoru se retrouve pris à son propre piège. À force de ne laisser aucune proie au tueur, il s’est purement et simplement dessiné une cible sur le front. Malheureusement, comme souvent, le tueur est quelqu’un de proche des victimes, très proche, et Satoru s’en veut énormément de n’avoir rien vu venir alors que tant d’indices le lui indiquaient. Mais il est trop tard, le piège s’est refermé sur lui et il va en payer le prix, coincé dans la voiture du tueur par sa ceinture de sécurité, il ne peut que l’observer impuissant bloquer l’accélérateur et forcer la voiture à finir dans l’eau gelée de la rivière. Satoru n’a plus aucune chance de s’en sortir... la réussite est totale. En regardant le garçon s’engouffrer dans l’eau, il sait qu’il est parvenu au-delà de ses espérances. Mais le gamin lui aura donné fort à faire. Que de temps a passé depuis qu’il s’est ouvert à la mort. Enfant, il était le souffre-douleur de son grand-frère jusqu’au jour où il est devenu le rabatteur de petites filles de son âge... mais un terrible accident allait lui ouvrir les yeux sur sa véritable personnalité : celle d’un tueur pervers et sadique...
Après un bref retour dans le présent, notre jeune héros est de nouveau envoyé dans le passé. Mais cette fois, Satoru a tous les éléments pour sauver ses camarades. Et c’est une véritable troupe d’un Robin des Bois en culottes courtes qui se forme peu à peu. Au coeur du groupe, nos deux Sherlock Holmes en herbes : Satoru, évidemment, mais également Kenya. Les garçons voient leur personnalité se dévoiler au fur et à mesure que les enquêtes avancent. Ils deviennent plus matures et le soutien de leurs proches les pousse en avant. Satoru a aussi du mal à ne se laisser influencer par l’adulte qui dort en lui. L’organisation de Satoru est parfaitement huilée, malheureusement trop et le garçon se retrouve pris à son propre piège. Il faut dire que la logique du garçon est très simple : sauver ses amis. Il ne réfléchit évidemment pas comme un profiler, et au lieu de se mettre dans la tête du tueur, il se met à la place des victimes et naturellement, il va en devenir une lui-même. Le cliffhanger du tome est alors tout simplement la révélation de l’identité du tueur. Difficile d’être surpris, même si Kei Sanbe a tout fait pour dérouter son lecteur, l’entraînant sur des fausses pistes pour finalement nous lancer en plein visage : bien sûr, vous le saviez depuis le début mais vous ne pensiez pas que je vous la ferais version “Columbo” ?
Avec le tome 6, Kei Sanbe joue sur la rupture. D’abord en dépassant les six tomes (il y en a huit au total), “Erased” devient la série la plus longue du mangaka. La seconde rupture sera évidemment celle du saut dans le temps car Satoru devient la victime du tueur et le choc pour le lecteur sera de taille. Kei Sanbe va jouer avec délectation avec nos sentiments en abandonnant son héros à une mort certaine. Et pour nous faire stresser un peu, il passe tout simplement à la genèse de son tueur. Nous voilà à notre tour pris au piège du scénario très bien ficelé de Kei Sanbe. On aurait pu croire qu’il allait nous proposer un visage plus humain, nous justifier d’une façon ou d’une autre la perversion du tuer... et pas du tout ! Le mangaka est implacable avec son méchant, il va au contraire enfoncer le clou et nous décrire la naissance d’un monstre qui va parsemer sa route de cadavres sans le moindre remord, semblant même être totalement dépourvu de sentiments. Le retour dans un nouveau présent marque le début d’un avenir totalement inconnu. Satoru a bien sûr survécu, ce qui n’est pas une surprise, mais il sort du coma 15 ans plus tard, en ayant non seulement perdu le souvenir du jour de son meurtre, ou plutôt tentative de meurtre, mais surtout en ayant perdu la mémoire concernant son pouvoir et son autre futur. C’est avec une certaine frustration que l’on suit le retour à la vie de Satoru. Il retrouve les camarades qu’il a laissé mais avec 15 ans de plus. Le jeune homme retrouve par réflexe son expérience de trentenaire mais également le souvenir d’événements qu’il ne peut pas avoir vécus. Comment aider sa mémoire à revenir et surtout, que fera-t-il quand celle-ci reviendra et que le nom du tueur lui sautera en plein visage ? Difficile de savoir quel est le plan de Kei Sanbe mais il ne peut qu’être surprenant.
Le tome 6 de “Erased” le rapproche de plus en plus d’un roman comme “Dead Zone”, en espérant que Satoru aura une fin plus gaie que celle du héros de Stephen King.
Erased (T5 et 6)
Auteur : Kei Sanbe
Traducteur : David Le Quéré
Éditeur français : Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 194(T5) et 210(T6) pages
Date de parution : 25 juin 2015 et 11 février 2016
Numéro ISBN : 978-2-35592-830-7 ; 978-2-35592-918-2
Prix : 7,65 €
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