Peut-être a-t-il une écriture plus heurtée, visant plus à l’ellipse pour ses mangas, mais il est un incomparable dessinateur du vertige, celui ressenti dans son chef d’œuvre, “Blame”, où cet architecte de formation donne la vision d’un monde qui a expiré dans les affres d’une course aux cybersciences et aux univers virtuels. Les éditions Glénat ont réédité cette édition culte en de splendides versions au format agrandi et récemment “Blame ! O”, la préquelle qui annonce la traque de Musubi Susono, alors que le monde est régi par une cyber-entité omnisciente, sans doute dérivée du Net. L’inspectrice, qui enquête avec son collègue Krauser sur une mystérieuse affaire de disparitions d’enfants, est attaquée par un groupe appelé The Cult, qui utilise un pouvoir appelé « le chaos du net » pour transformer les humains en monstres.

Elle découvre et s’oppose alors à ce culte maudit qui assassine, détruit et veut réduite l’humanité dans un asservissement au tout puissant réseau, la Netsphère. Les influences cyberpunk héritées de William Gibson et de Bruce Sterling sont posées dans la noirceur d’un encrage fort et d un déluge d’architectures nécrosées et de tueurs hybridés dans la chair, l’os, le métal et le silicium.
L’énorme “Abara” a suivi, en un gros album dont les sombres jaquettes affichent ces gauras blancs porteurs d’apocalypse pour l’humanité. Là encore, on retient la puissance d’évocation en cette agonie d’un monde que les excès de contrôle de la chair, de l’esprit et de la machine ont corrompu.

Dans le rythme d’une enquête extrêmement violente et révélatrice des horreurs commises par l’homme, ici dépassé par ses créatures monstrueuses qui sont en fait des humains contaminés, dont la colonne vertébrale est devenue une armure d’ossements indestructibles. « Shiro Gauna » ou Gauna blancs et « Kuro Gauna » ou Gauna noirs“ s’affrontent en de démentiels combats qui donnent toute la mesure de l’immense talent de Nihei.
Publié initialement en deux tomes, cette version Deluxe les réunit, dans un format agrandi et quelques pages en couleur et permet une immersion totale dans cet univers dense, sombre et oppressant. Même s’il souffre d’une narration peu fluide, “Abara” est une énorme claque graphique qui s’apprécie dans la froide expressivité des personnages, l’exubérance des tableaux de destruction et les formidables combattants de ce futur hideux.
Des images brussoliennes aux visions effrayantes de Nihei, il n’y a qu’un pas à franchir pour réunir deux grands talents de l’Imaginaire.
Et pour les amateurs de versions Deluxe et de Tsutomu Nihei, il faut signaler l’arrivée en trois gros volumes de “Biomega”, dont le T1 a été publié en mai 2023 chez Glénat Manga. Le T2 est en phase d’atterrissage pour le 9 août 2023.
On en parle très vite sur la Yozone...
Blame ! O-Noise Deluxe
Scénario : Tsutomu Nihei
Dessin : Tsutomu Nihei
Éditeur : Glénat Manga
Pagination : 190 pages N&B
Format : 18 x 25,6 cm
Date de parution : 4 janvier 2023
Numéro ISBN : 9782344055175
Prix public : 14,95 €
Abara Deluxe
Scénario : Tsutomu Nihei
Dessin : Tsutomu Nihei
Éditeur : Glénat Manga
Pagination : 412 pages N&B
Format : 18 x 25,6 cm
Date de parution : 1er mars 2023
Numéro ISBN : 9782344055182
Prix public : 14,95 €
Tsutomu Nihei sur la Yozone :
Aposizm, la Planète des Marionnettes (T1) et (T2)
Blame ! And so on
Tsutomu Nihei - Blame and so on...
Tsutomu Nihei, arpenteur des Futurs
Biomega (T1)
Biomega (T2 et 3)
Knights of Sidonia (T1)
Knights of Sidonia (T2)
Knights of Sidonia (T3)
illustrations © Tsutomu Nihei, Shueisha Inc. et Éditions Glénat Manga (2023)