Le début s’avère des plus rythmés avec la ferveur de la course, d’autant que la dramatique est de la partie. Les coups du sort s’additionnent, ce qui ne peut relever du simple hasard. Noon sent tout de suite que la magie est à l’œuvre et se rapproche du lieu du drame pour en savoir plus. Le résultat de la course de chevaux n’est pas innocent, loin de là, car le camp gagnant étend son influence sur le souverain. La défaite inattendue de Cominius change la donne et un autre camp s’impose, ce qui amène une Inversion. En attendant qu’elle soit prononcée, c’est la fête où tout est permis.
Le lecteur de « Noon du soleil noir » a déjà pu se familiariser avec les personnages de Noon et de Yors, celui qui raconte l’histoire. Il y a ce qu’il a vu et ce qu’il imagine d’après ce qu’il a entendu. À nouveau, l’ouvrage est agrémenté par de nombreuses illustrations de Nicolas Fructus qui donnent vie aux lieux, aux personnages et apportent une réelle plus-value à l’ensemble. Le présent « Première ou dernière » est nettement plus long que le premier volet (400 pages là où le premier affichait environ 270 pages). Et 400 pages, c’est long, même avec les sauts de jours, les illustrations... car les auteurs se dispersent beaucoup. L’idée de départ est bonne, tout de suite le lecteur est pris dans cette liesse, mais il lui faut démêler les différents fils tirés au fur et à mesure par L. L. Kloetzer. La chute de Cominius et la disparition de Diomeidès ont sonné la défaite de leur camp, pour autant ces deux événements sont-ils liés ? Noon, tout comme le mage de la cour, Marcade, enquête dessus. De nombreux personnages viennent alors se greffer aux intrigues de manière plus ou moins soutenue, sans qu’ils apportent forcément grand-chose au récit pris dans sa globalité.
Le couple d’auteurs raisonne en terme d’ouvrage indépendant, mais aussi en terme de série. Par exemple, Noon va au palais en quête d’informations sur Tubal et son art. À part rencontrer de futurs protagonistes (hasard heureux), on peut s’interroger sur l’intérêt de l’incursion si ce n’est dans le futur, car une suite est déjà annoncée. Beaucoup de péripéties, de rencontres, de nouveaux personnages éphémères alourdissent le récit, le ralentissent. Souvent en reprenant la lecture, il faut un temps d’adaptation pour reprendre le fil.
Le procédé a déjà été éprouvé par le passé, mais il demande à être plus condensé, ne pas se disperser outre-mesure en voulant en faire trop, ce qui est ici le cas. Et bien des points ne trouvent pas forcément d’explications, comme s’ils ne servaient qu’à créer de nouveaux rebondissements. Les facilités de la sorte ne sont pas rares. C’est frustrant, car le concept est intéressant, notamment le côté Yors racontant le récit, et le premier tome était synonyme de belles promesses. En éliminant le superflu, l’histoire est bonne, vivante avec deux personnages principaux intéressants par leurs dissemblances.
Cette nouvelle aventure de Noon et Yors tire en longueur, « La première ou dernière » se disperse beaucoup trop, ce qui nuit à l’ensemble. Aujourd’hui une histoire ne se résume plus à additionner les personnages et les péripéties, surtout quand leur intérêt ne se justifie pas forcément. Pourtant il y a de l’idée et surtout les illustrations de Nicolas Fructus apportent un indéniable attrait à l’ouvrage. Il reste une sensation de frustration...
Titre : Noon - La première ou dernière
Auteur : L. L. Kloetzer
Couverture et illustrations intérieures : Nicolas Fructus
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 400
Format (en cm) : 14 x 20,4
Dépôt légal : mars 2023
ISBN : 9782381630809
Prix : 22,90 €
Laurent / L. L. Kloetzer sur la Yozone :
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