J’avais trouvé plein de choses à redire à « Cyclos », le trouvant un peu facile, exploitant peu ou mal les possibilités de la science-fiction. Suis-je plus sensible à la fantasy, ou l’auteur m’a-t-il entendu ? « Askaran » m’a paru plus dense, plus riche, plus captivant.
L’accroche est déjà intrigante, puisque les héros n’ont aucun souvenir de leur arrivée. Rapidement, Loom perd ses attraits de village sympathique, avec la menace des manticores, puis c’est l’attitude des Vigilants vis-à-vis de Leane qui fait tiquer les héros. Le lecteur, jeune ou plus âgé, appréciera ce changement d’ambiance, cette suspicion qui s’empare des héros. Leurs soupçons sont fondés : depuis « l’envol » d’Askaran, l’ambition de certains notables s’est aussi pousser des ailes, et la communauté vit repliée sur elle-même à cause d’un mensonge. Savoir, c’est pouvoir, et contrôler l’information et sa circulation c’est contrôler les gens. Quitte à mater ceux qui refusent de courber l’échine, comme Leane.
La jeune fille n’est pas une simple rebelle. Elle a de grands espoirs pour son pays, mais ne rêve pas. Son association avec un étudiant en sciences comme Edgar prouve la solidité de ses projets. Fabrice Colin oppose ce personnage fort et à l’esprit éclairé à l’obscurantisme qui s’était abattu sur Loom avec les Vigilants et la complicité de la sorcière.
La rencontre avec Koren est intéressante, puisqu’elle divise les héros. Mervin croit à son histoire et veut lui faire confiance. Souvent hésitant, il veut surtout prouver aux filles qu’il peut prendre des décisions. Pas de chance pour lui cette fois, c’est la mauvaise. Si Mervin et Jen retrouve Zoey, leur petite soeur, et en apprennent plus sur leurs artefacts, Koren enlève Orage. Il ne reste qu’un monde avant Darkmoor, c’est Discordia, et la fratrie Lidell est bien décidée à aller sauver leur amie et son père.
« Askaran » utilise à merveille les codes de la fantasy, et de manière plus naturelle que dans le tome précédent. Le secret de la milice de Loom, la sorcière, le village clos... tout cela nous plonge dès la première partie dans une intrigue captivante, qui brise très vite les quelques certitudes qu’on avait pu se bâtir. Le contraste entre le village et Adelph, la bourgade d’où Leane opère, est saisissant : la petite ville est prospère, commerçante, moderne, le savoir scientifique côtoie la magie.
A une créature traditionnelle de la fantasy, voire de la mythologie, la manticore, l’auteur ajoute les araks, chauves-souris géantes dont la tête fait davantage penser à une biche (avec des dents pointues), qui permettent à Antoine Brivet de nous proposer une très belle couverture (malgré des visages beaucoup moins travaillés que la créature ou la cité volante). Le thème d’une ville volante n’est pas nouveau mais aussi rare en fantasy, on lorgnera plutôt vers les mangas comme « Dragon Ball » ou l’excellent anime « Vision d’Escaflowne » (26 épisodes, un bijou de début 2000, édité en DVD chez Dybex, révélation de mon adolescence)
Le thème du traitre est également très bien traité en dernière partie. On ne peut pas jeter la pierre à Mervin, car Koren est très persuasif, et on accuserait presque Orage de paranoïa. La vérité est bien simple : nos héros sont dans un tel état de tension, depuis la disparition d’Arius et l’enlèvement de Zoey, que l’un a désespérément besoin de pouvoir enfin se reposer sur un adulte - ou de voir ses choix valider par lui - et l’autre a perdu cette capacité à faire confiance à ces mêmes adultes - leur mésaventure à Loom n’est pas pour lui donner tort.
Un très bon tome, qui me réconcilie avec la série. En route pour le labyrinthe de Discordia, avant la conclusion sur Darkmoor.
Titre : Askaran
Série : WonderPark, tome 4/6
Auteur : Fabrice Colin
Couverture et illustrations : Antoine Brivet
Éditeur : Nathan
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 138
Format (en cm) : 21 x 14 x 1,5
Dépôt légal : mai 2017
ISBN : 9782092566282
Prix : 9,95 €
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