C’est là qu’ils préparent leurs méfaits en sabotant les latrines des ouvriers qui menacent leur territoire. Comme ils aiment à imaginer mettre le bourgeois dans la merde, ils vont être exhaussés au-delà de leurs espérances. Car c’est le promoteur Noblard qu’ils réussissent à faire tomber dans la fosse d’aisance, celui qui rêve de raser la butte et qui, fou de colère, en oublie son fils Jean sur les lieux du méfait ! Ce misérable fils, ce bon à rien qui n’aspire qu’à devenir peintre.
Les miséreux de Montmartre décident d’enlever le fils du bourgeois... les uns voudront toucher une rançon quand pour Jean une vie de liberté semble enfin vouloir s’offrir...
Avec cet album, Patrick Prugne quitte les prairies sauvages de ses albums publiés chez Daniel Maghen, “Canoë Bay”, “Frenchman” ou “Pawnee” pour rendre hommage au Montmartre de Francisque Poulbot, l’artiste de la Butte, celui qui lui a donné son nom et a immortalisé le gamin des rues, ce « Gavroche » de la misère du début du XXe siècle.
Comme Poulbot, il jette un regard sensible sur ces enfants confrontés à la rudesse d’une éducation, aux perspectives accablantes que crée la misère. Autour de Steinlein, cet artiste montmartrois qui inspira beaucoup Poulbot, ou d’Aristide Bruant, il nous lance à la découverte des vieilles rues et lieux célèbres de Montmartre, tel le cabaret du « Lapin Agile » ou la rue de l’Abreuvoir.
On flâne, on rencontre, on gouaille dans cet argot plein de surprises goûteuses et on se délecte, il faut le dire, de cette balade un brin nostalgique et emplie des souvenirs du quartier le plus connu de Paris, alors encore entre champs et terrains vagues.
L’aquarelle douce et lumineuse s’amuse des repères préférés des enfants, là un tacot abandonné qui sert de refuge secret, ici la fameuse mare à grenouilles, lieu de souvenirs impérissables pour tant de mémoires enfantines. Elle s’estompe sur les décors de cet autre temps et s’amuse des contrastes violents des fins de journées embrasées dans le coucher de soleil ou brouillées par des nuits sombres, venteuses et mouillées.
Superbement réalisé, comme dans les nombreux autres voyages que nous a invité à vivre Patrick Prugne depuis “L’Auberge du bout du Monde”, “Poulbots” est un livre magnifique, marqué par cette bande dessinée amusante et émouvante, et subtilement complété d’un cahier graphique du plus bel effet. Un très joli supplément qui rend d’abord hommage à Francisque Poulbot, dessinateur de presse, illustrateur et affichiste - qui vous expliquera comment allumer une cigarette contre le vent tout en saluant la gazette L’Assiette au Beurre - avant de nous laisser ouvrir le carnet de croquis de Patrick Prugne, et ça, comme dans chacun de ses albums, c’est un pur régal.
“Poulbots” est un très joli moment de bande dessinée et un vrai beau livre que l’on doit au talent de Patrick Prugne et au travail soigné des Éditions Margot.
Le site de Patrick Prugne, visitez le, j’y ai ramassé de très belles images poussées par le vent sur le pavé encore herbu de la butte Montmartre....
Poulbots
Scénario, dessin et couleur : Patrick Prugne
Éditeur : Margot
Dépôt légal : 24 octobre 2014
Format : 24 x 32 cm
Pagination : 80 pages couleurs
Numéro ISBN : 978-2-9541157-7-1
Prix public : 16,90 €
À lire et voir sur la Yozone :
Prugne/Oger : L’auberge du bout du monde (T3)
Canoë Bay
Frenchman, Patrick Prugne et le Nouveau Monde chez Maghen
Pawnee
Poulbots
Iroquois
Tomahawk
Patrick Prugne - L’interview exclusive Frenchman
Patrick Prugne - L’interview exclusive Iroquois
Illustrations © Patrick Prugne et Éditions Margot (2014)