Aussi quand les garçons partent à la recherche d’Aliénor et d’un agneau en fuite dans le Bois d’Ombres, et que le brouillard s’étend ensuite vers le domaine du seigneur Josserand, les enfants passent un mauvais quart d’heure, accusés d’avoir réveillé la malédiction. On fait appel à la vieille Brisaine, en pure perte. Mais quand l’Ordre annonce vouloir incendier le Bois d’Ombres, la guérisseuse se décide à révéler son passé aux adolescents.
David Bry signe avec « Les Héritiers de Brisaine » une jolie saga de fantasy pour les plus jeunes. Dès ce premier tome (sur trois parus et cinq annoncés) on y retrouve le message de tolérance qui irrigue l’œuvre de l’auteur, coup de cœur des Imaginales. Je vous renvoie, les plus grands, au magnifique « Que Passe l’Hiver » mais aussi à tous ses autres romans “adultes”. Au-delà, pour le plus grand émerveillement des petits et le plaisir régressif des plus grands, il brasse des éléments classiques de la fantasy, avec un passé magique révolu et un présent entre les mains de fer d’un Ordre répressif.
Au centre de tout cela, trois enfants baigné dans les légendes d’autrefois. Enguerrand, l’aîné, se rêve chevalier, avec son épée de bois, même s’il devine qu’on le tolère à peine à l’entraînement des écuyers, car sa mère est domestique. Et il veille sur les deux plus jeunes. Aliénor, sa cadette, est une fille beaucoup plus indépendante, téméraire et un peu têtue, qui du haut de ses dix ans se permettrait bien de donner des leçons à certains adultes. C’est elle qui fait fi de la « malédiction » du Bois et va chercher son agneau égaré, elle qui délivre le phénix en cage du montreur de merveilles... Son sens de la justice prime sur les éventuels dommages collatéraux de la société des adultes. Enfin Grégoire est le rêveur, qui dessine des animaux fabuleux, qui plus que les deux autres croit vraiment aux histoires de Brisaine, à leur réalité. Il sera le terreau fertile dans lequel la magie pourra renaître.
Dès ce premier tome, les enfants vont replonger dans la guerre entre les deux Cours, rétablir une injustice et veiller à ce que le pouvoir du Cœur de toutes les légendes, dont le vol a causé la guerre, ne tombe pas entre de mauvaises mains. Cela veut dire affronter d’anciens dangers comme des adversaires d’aujourd’hui, à commencer par la bande de Thibaud, le fils du Grand Ordonnateur, qui prend plaisir à les rabaisser. En retour de leur courage d’enfant, la magie leur accordera un aperçu de leur force de demain, dans un passage qui fait toujours son petit effet et mettra des étoiles dans beaucoup d’yeux.
Mais au-delà des scènes héroïques, ce qui marque dans « La Malédiction du Bois d’Ombres », c’est la peur des plus faibles face aux forts, la tristesse de perdre ce qu’on a de plus cher, les regrets pour ce qu’on ne peut plus corriger, seulement pardonner. La capacité de se relever et de dire non. Et c’est ce qui fait que plus qu’une jolie histoire de fantasy, ce premier tome a déjà une âme riche des choses qui doivent infuser dans les esprits des jeunes lecteurs pour leur donner les bons repères dans l’avenir. Ce même apprentissage que celui d’Enguerrand, Aliénor et Grégoire.
Le tout est superbement mis en image par Noémie Chevalier. J’aime beaucoup la composition de la couverture, mais plus encore les illustrations intérieures, pleines pages, dont le noir et blanc et la ligne claire me font irrésistiblement penser aux « Ogres-Dieux » d’Hubert et Bertrand Gatignol.
La suite très bientôt, car il va être difficile d’attendre.
Titre : La Malédiction du Bois d’Ombres
Série : Les Héritiers de Brisaine, tome 1/5
Auteur : David Bry
Couverture et illustrations : Noémie Chevalier
Éditeur : Nathan
Collection : Roman Grand Format
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 128
Format (en cm) : 21 x 14 x 2
Dépôt légal : mai 2021
ISBN : 9782092594995
Prix : 11,95 €
Les Héritiers de Brisaine :
1 : La Malédiction du bois d’ombres
2 : La Cour du clair-obscur
3 : La Bataille des marches hurleuses
4 : La Sorcière des Saisons
5 : Le Coeur de toutes les Légendes