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Severance : Christopher Smith et Danny Dyer
Le réalisateur et l’acteur principal de se confient en zone YO
9 octobre 2006


Remarqué l’an dernier avec « Creep », un premier long-métrage hommage aux slashers des années 70, Christopher Smith était à Paris en compagnie de Danny Dyer (l’acteur principal de son nouveau film) le 9 octobre dernier pour présenter « Severance », une comédie « gorissime » à mourir de rire qui débarque chez nous le 18 octobre prochain.
Entretien !

Bonjour Christopher, bonjour Danny. Pouvez-vous présenter en quelques mots votre nouveau film à nos internautes ?

Christopher Smith : Il s’agit d’une comédie horrifique qui raconte les déboires d’un petit groupe d’employés d’une société d’armement envoyés en Europe de l’Est pour participer un stage de paint-ball intensif. Mais, leur voyage ne se passe pas comme prévu. A la place du luxueux chalet perdu dans les montagnes hongroises promis par leur patron, les 7 cadres de Palisade Defense débarquent par erreur dans une bicoque à l’abandon où ils deviennent les proies d’une bande de mercenaires sanguinaires.

Danny Dyer : C’est à la fois un film effrayant et drôle. En Angleterre, nous sommes en pleine guerre contre le terrorisme et quelque part « Severance » se fait aussi l’écho de cette psychose.

CS : Tout à fait. Ils utilisent la terminologie « war on terror ». La terreur, pour moi, c’est les films d’horreur. C’est effrayer les gens, ce qui est probablement le but de cette stupide expression. Alors oui, « Severance » est une comédie qui s’amuse de cette fameuse « guerre à la terreur ».

L’année dernière, « Creep », aujourd’hui « Severance ». Vous positionnez-vous comme un spécialiste de l’horreur ou est-ce le fait des circonstances ?

CS : Je suis un grand fan de cinéma d’horreur mais si mes deux premiers longs métrages sont des films d’horreur, c’est aussi le fait des circonstances. Pour le premier, j’avais compris qu’il y avait une réelle opportunité en Angleterre pour produire des films de ce genre, que nombre d’investisseurs attendaient un projet qui tienne la route pour se lancer sur ce créneau. J’ai donc écrit un script dont l’action se déroulait dans le métro londonien. L’idée a plu et j’ai obtenu le financement pour réaliser « Creep ». En revanche, pour « Severance », on m’a proposé de mettre en boîte un scénario de James Moran.

Certes, je n’ai pas l’intention de ne réaliser que des films d’horreur, ni de ne plus en faire du tout. Pour l’instant, je me sens à l’aise sur ce registre car j’en maîtrise les conventions mais aussi parce que je trouve que ce genre offre une liberté de ton que je n’aurais pas forcément ailleurs. Je me sens libre. Puis, comme vous avez pu vous en apercevoir, j’aime raconter des histoires un peu tordues. Alors, si demain je réalisais une comédie romantique, ce serait de toute façon une comédie romantique tordue. Même chose si je réalise un film pour enfants, ce que j’ai en projet d’ailleurs, ce sera un film décalé pour enfants.

Et vous, Danny, connaissiez-vous l’esprit tordu de Christopher avant d’interpréter l’anti-héros magnifique de son nouveau film d’horreur ?

DD : Non (rires). Nous nous sommes rencontrés à l’occasion de « Severance », mais j’ai tout de suite su que ça allait fonctionner entre nous. Nous partagions le même enthousiasme, la même passion, la même folie. Il fallait absolument que j’obtienne ce rôle. Il ne me l’a pas donné comme ça. Il a fallu que je passe des auditions comme tout le monde. Il y avait quelques investisseurs et décisionnaires qui ne voulaient pas de moi dans le film mais il croyait en moi et s’est battu pour m’imposer. Je n’avais jamais tourné de film d’horreur avant « Severance », les seuls scénarii que l’on m’avait proposé ne valaient pas le coup. Du coup, quand j’ai eu le script de « Severance » entre les mains, je me suis dit, c’est le moment ou jamais et depuis je ne reçois plus que des propositions de films d’horreur (rires).

Vous avez joué récemment dans « The great ecstasy de Robert Carmichael » qui est à la frontière du drame et de l’horreur ?

Danny Dyer : « The great ecstasy of Robert Carmichael », sans vouloir manquer de respect à Larry Haydn, n’est pas ce que j’ai fait de mieux. C’est un film sur le viol. Une histoire de jeunes qui ne savent pas quoi foutre de leur vie et dans laquelle j’interprète le mauvais cousin toxicomane qui sort de prison. Ce n’est pas que je veuille que mes films soient moralistes mais j’ai trouvé la dernière scène de « The Great ecstasy of Robert Carmichael », qui verse effectivement dans l’horreur gratuite, de très mauvais goût. J’ai tourné ce film il y a déjà longtemps, on ne m’y voit que 10 minutes, et je ne pensais même pas qu’il sortirait sur les écrans. Puis, on m’a appris qu’il était sorti en Angleterre. Vous l’avez vu. Il est sorti en France également.

Oui, cet été.

DD : Et qu’en avez-vous pensé ?

Pour être franc, pas grand-chose. Je n’ai pas vraiment saisi quels étaient les enjeux de cette expérience.

DD : Juste vous mettre mal à l’aise, je crois. Au départ, je n’ai rien contre les films qui essaient de provoquer la controverse, j’aime les films qui font ressentir quelque chose au public, le font réfléchir plutôt qu’il se précipite chez Pizza Hut en oubliant ce qu’il vient de voir. Mais, dans le genre, « The Great Ecstasy » est vraiment extrême, une expérience pour rendre les spectateurs malades.

Pour ma part et aussi à cause de la campagne de promotion en France, j’ai trouvé que ce n’était qu’un extrait de « Orange Mécanique » étiré sur 1h30 mais sans génie. Du voyeurisme malsain en somme.

« Creep » était une sorte de film de monstres un peu sérieux et « Severance » une comédie noire totalement déjantée. Quel registre préférez-vous ?

CS : Hum.... Je ne sais trop quoi vous répondre. A vrai dire, j’aime toutes les sortes de cinéma. J’adore les films d’horreur, j’adore les comédies et je pense que les deux marchent très bien à l’unisson C’est pour cela que je suis aussi satisfait de « Severance ». Ce n’est pas qu’une simple comédie façon « Dumb and Dumber » ni qu’un film d’horreur particulièrement gore, mais la fusion totale des deux genres. Une sorte de nouvelle bête en quelque sorte. Le meilleur exemple comparatif que je pourrais trouver c’est « Le loup Garou de Londres ». Mais, le film de John Landis n’est pas à proprement parler une comédie. C’est un film à la fois drôle et sérieux. On rit et on pleure. Certains personnages meurent dans des circonstances amusantes mais d’autres passent de vie à trépas et on est désolé pour eux. Et j’ai essayé de renouer avec ce genre de film décalé. Faire en sorte que l’on s’attache aux personnages. Ce qui leur arrive, la façon dont ils meurent est drôle, mais en même temps les personnages sont crédibles, ce ne sont pas des personnages de comédie. Je crois que la meilleure définition que je pourrais donner pour résumer mon nouveau film, c’est le bureau rencontre « Deliverance » (The office meets Deliverance) d’où le titre « Severance ». Je me suis aussi pas mal inspiré du cinéma de Woody Allen. Ses personnages sont souvent drôles parce qu’impliqués dans de vrais drames. « Crimes et délits », par exemple, possède de nombreux moments très drôles mais c’est un drame tout à fait sérieux. De la même façon, « Severance » est une comédie qui contient une sorte de message politique tout en se révélant à la fois effrayante et émouvante. Je pense être parvenu à fondre tout cela ensemble et c’est la raison pour laquelle je suis satisfait du résultat.

Que pensez-vous du revival du film d’horreur en général et dans le cinéma anglais plus particulièrement ?

Chistopher Smith : Je crois que, par le passé, il existait une hiérarchie entre les réalisateurs avec au sommet, les réalisateurs de films « classiques », au niveau inférieur les réalisateurs de films d’horreur et en bas de l’échelle les réalisateurs de porno. De nos jours, l’idée que les réalisateurs de la seconde caste sont des cinéastes de série B a disparu. L’une des raisons de ce changement c’est que l’arrivée du cinéma asiatique, japonais, chinois, coréen, a amené le public à changer d’attitude vis-à-vis du cinéma de genre, à considérer les films fantastiques, d’épouvante ou d’horreur, d’une tout autre façon. Cela a complètement bouleversé la donne.

J’étais parti tenter ma chance aux Etats-Unis, mais je suis revenu en Angleterre quand j’ai compris que d’importants capitaux avaient été débloqués pour permettre aux producteurs et cinéastes de financer des projets considérés jusqu’alors comme déviants. Avant, il y avait de l’argent pour faire des films typiquement british, des films en costumes, des drames intimistes, etc. Désormais, un nouveau créneau s’est ouvert permettant de réaliser des films de genre qui marchent. Parallèlement à ça, est apparu un groupe de cinéastes qui a grandi en regardant les Slasher-movies venus des USA. Ils sont allés faire leurs études dans des écoles de cinéma avec l’obsession de faire des films d’horreur et maintenant que la situation s’est débloquée, ils s’inspirent de ce qui se passe dans le monde, les attentats, la guerre contre le terrorisme, la violence, la torture.... Toutes les horreurs bien réelles que nous déversent en permanence nos écrans de télévision. Tout cela nourrit l’idée que désormais on peut mélanger les genres. « Severance », en est un parfait exemple. Si j’avais fait ce film 6 ans plus tôt, quand la guerre n’était pas aussi cynique, certains aspects de mon film n’auraient pas du tout fonctionné. La scène où l’avion explose en plein vol, par exemple, on m’avait laissé entendre que cela ne plairait pas aux Américains. J’ai présenté « Serverance » dans 3 festivals là-bas et ce sont eux qui ont ri le plus fort, parce qu’ils ont en marre des mensonges dont on les abreuve. De nos jours, le mauvais goût n’est plus de voir un avion exploser en plein ciel mais de continuer à écouter les inepties, non-sens et autres mensonges qu’ on leur rabâche à longueur de journée à la télé en leur demandant d’y croire.

Le temps qui nous était imparti touchant à sa fin, pourriez-vous nous dire, l’un comme l’autre, quel fut votre moment de cinéma, le film ou la scène qui vous a poussé à devenir réalisateur ou acteur ?

CS : Pour moi, il y en a deux. Et j’adore cette question parce quand on entend quelqu’un comme Peter Bogdanovitch y répondre, il dit immédiatement « Citizen Kane ». Moi, ce n’est pas le cas. La première fois que j’ai réalisé que le cinéma pouvait m’emporter, me faire trembler ou m’émerveiller, c’était en découvrant « Star Wars ». La première fois que j’ai compris qu’il n’y avait pas qu’une seule façon de diriger un film, c’est avec « Reservoir Dog ». J’avais 18 ou 19 ans à l’époque et je me suis dit : « Ouah ! Ce mec pense comme je pense ». J’étais déjà très cinéphile à l’époque et Quentin Tarentino était parvenu à encapsuler tout ce que j’aimais dans le cinéma mais en le racontant d’une façon complètement personnelle qui n’avait rien à voir avec les conventions hollywoodiennes. Ce film, comme l’album « Never Mind » de Nirvana, a été un déclic qui m’a conforté dans mes choix. Je venais juste de prendre la décision de m’inscrire dans une école de cinéma et quand j’ai vu « Reservoir Dog » je me suis dit que c’était exactement le genre de film que je voulais faire. Il m’avait piégé en 99 minutes.

Et Danny ?

Danny Dyer : Quelle histoire romantique ! Difficile d’enchaîner après ça. Il n’y pas eu de grands moments de cinéma pour moi. A vrai dire, je n’ai jamais voulu être acteur quand j’étais enfant même si j’aimais bien le cinéma. Je suis un enfant des années 80. J’ai vu plein de films d’horreur ou des trucs comme « Top Gun ». En revanche, il y avait un acteur que j’admirais beaucoup, Ray Winstone. Un acteur issu du même coin de Londres que moi et dont la prestation dans « Scum » m’avait tout simplement soufflé. Mais, pas jusqu’au point de me pousser à devenir acteur. D’où je viens, qui est un quartier très pauvre de Londres, il n’y a pas de voies balisées vous laissant espérer devenir un acteur. Vous pouvez devenir voleur, boxeur, ou si vous avez vraiment beaucoup de chance vous pouvez devenir footballeur si vous ne vous faites pas casser les jambes. A l’école mes professeurs désespéraient. Je n’avais pas d’argent et rien ne m’intéressait. Finalement, j’ai accepté de suivre des cours le dimanche matin où il y avait des ateliers et des cours d’improvisation. J’étais plutôt bon et j’ai été repéré à l’âge de 16 ans par un agent qui m’a obtenu un rôle dans la série télé « Prime Suspect ». Ca a été un vrai combat, mais ça me plaisait. Jouer la comédie, rencontrer d’autres acteurs, des réalisateurs, j’aime beaucoup ça. Débarquer sur un plateau, je trouve ça fantastique. Il y a toujours de nouvelles choses à découvrir, à apprendre. Je ne sais rien faire d’autre et j’ai simplement eu la chance d’être repéré très jeune.

Propos recueillis par Bruno Paul et Benjamin Dousse

Le 9 octobre 2006 dans le Fumoir de l’Hôtel Costes
Remerciements à
Laura Gouadain, Emilie Maison et 213 Comunication.

LIENS YOZONE

  • La critique
  • Interview exclusive de Chirstopher Smith et Danny Dyer
  • La bande annonce
  • Les extraits du film
  • Extraits du tournage

    INTERNET

    Le site officiel : http://www.severance-lefilm.com


  • Bruno Paul
    15 octobre 2006



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    Danny Dyer



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    Danny Dyer, Christopher Smith et moi-même



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    Danny Dyer et Christopher Smith



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