Sous la direction du professeur Roland Lehoucq, ce ne sont pas moins de 10 scientifiques qui décryptent le cycle « Dune ». Leur champ d’investigation est vaste, abordant aussi bien les sciences dures que molles, montrant par là toute la richesse de la création de Frank Herbert.
Sous une livrée jaune, bien dans le ton de la planète désertique Arrakis, avec une couverture à rabats et les illustrations de Cédric Bucaille qui fait des merveilles en quelques traits, l’« Exploration scientifique et culturelle d’une planète-univers » s’annonce sous les meilleurs auspices.
Les intervenants répondent à bien des questions, éclairant des pans de l’œuvre pour une meilleure compréhension. Où se trouvent les différentes planètes évoquées ? Comment s’affranchit-on des vastes distances interstellaires ? Et Arrakis, une telle planète peut-elle exister ? Son écosystème tient-il la route ? Comment les vers des sables se déplacent-ils avec leur énorme masse ?
Quatorze articles apportent leur pierre à l’édifice, s’attaquent à des facettes auxquelles le lecteur n’a pas forcément prêté attention. L’épice possède bien des propriétés et s’avère un enjeu majeur, n’étant pas sans rappeler le pétrole par son contexte, ce qui apparaît clairement en raisonnant en terme d’énergie. Quant au distille, permet-il vraiment à son porteur de survivre en plein désert ? L’innovation n’est pas absente de « Dune ». D’ailleurs comment faut-il le lire ? Frédéric Landragin montre comment le roman peut être abordé, comment le lecteur doit considérer les nombreux reports et peut éviter de hacher outre mesure sa déambulation au fil des pages.
Les femmes du Bene Gesserit disposent de vastes pouvoirs. Ne préfigurent-elles pas la figure du cyborg ? Sont-elle encore pleinement humaines ou tendent-elles vers un avenir plus technologique ? La géopolitique de l’imperium est désignée comme fractale par Sam Azulys. Et comment éviter de parler de dieu ? De s’interroger sur la prescience, cette faculté de discerner les différentes possibilités futures ? Il en est de même pour la mémoire qui n’est pas toujours propre à l’individu, mais l’héritage de ceux qui le précédait. Et si « Dune » n’était qu’un mélange historique, politique et romanesque ? Et d’ailleurs ce roman relève-t-il de la SF ou de la fantasy ? Bizarrement certains critiques ont semblé l’ignorer...
« Dune, Exploration scientifique et culturelle d’une planète-univers » s’avère une mine d’informations, chaque intervenant analyse en profondeur tel ou tel pan de l’œuvre, étayant sa démonstration au moyen de la discipline scientifique qui se cache derrière. L’exercice est périlleux, car il est facile de perdre le lecteur, mais les dix scientifiques qui se mesurent ici à « Dune » relèvent avec brio le défi. Ils apportent un autre regard sur le cycle, offrent une autre lecture et surtout montrent tout le talent de Frank Herbert.
« Dune » tient tout simplement du génie, la démonstration en est faite au cours de ce cinquième tome de la collection Parallaxe qui en appelle à la curiosité des lecteurs. Ces derniers savent par avance qu’ils en sortiront grandis, qu’ils auront avancé sur la voie critique de la connaissance.
Titre : Dune
Sous-titre : Exploration scientifique et culturelle d’une planète-univers
Auteurs (dans l’ordre d’apparition) : Roland Lehoucq, J.-Sébastien Steyer, Fabrice Chemla, Daniel Suchet, Vincent Bontems, Frédéric Landragin, Carrie Lynn Evans, Sam Azulys, Frédéric Ferro et Christopher L. Robinson
Couverture et illustrations intérieures : Cédric Bucaille
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Parallaxe
Directeur de collection : Roland lehoucq
Site Internet : Essai (site éditeur)
Pages : 340
Format (en cm) : 13 x 20
Dépôt légal : octobre 2020
ISBN : 9782843449727
Prix : 18,90 €
Dans la même collection :
« Comment parler à un alien ? » de Frédéric Landragin
« La science fait son cinéma » de Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer
« Station Metropolis direction Coruscant » d’Alain Musset
« Comment parle un robot ? » de Frédéric Landragin
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