Originaire de la Floride, Charles Nancy (dit Gros Charlie) vit en Angleterre où il mène une vie banale et tranquille :
Employé sans histoire et sans ambition, fiancé frustré en conflit avec sa future belle-mère, et fils d’un homme extravagant qui constitue sa plus grande honte.
On n’en ferait pas un roman...
Sauf que, apprenant la mort de son père, Gros Charlie découvre qu’il a un frère, Mygal, et que leur père n’était rien moins que le Dieu Anansi, araignée et homme à la fois. Anansi, le facétieux détenteur des contes fondateurs que connaissent bien les Antillais et qui mettent en scène : Compè Tigre, Compè lapin, et tous les autres compères et commères, personnages des légendes afroaméricaines.
« Si tu veux voir ton frère, dis-le à une araignée » avait suggéré une vieille femme caféinomane.
Suivre ce conseil est la première folie de Gros Charlie, le premier pas aussi vers une aventure qualifiée de « magico-horrifico-thrillo-fantastico-romantico-comico-familiale » par l’auteur, Neil Gaiman lui-même, qui concède également au texte un « côté polar » et un « aspect culinaire ».
Comment mieux dire ?
Neil Gaiman, génial et polyvalent a signé des romans aussi remarqués et primés que Good Omens/De bons présages co-écrit avec Terry Pratchett (1990), Stardust (1997), Neverwhere (1996), American Gods (2001)...
Mais il est aussi et d’abord scénariste BD avec les séries Angela, L’Orchidée Noire/Black Orchid, Sandman, Death, 1602, etc.
Et comme apparemment il lui restait encore un peu de temps (!), il a aussi commis, le scénario de Neverwhere en série télévisée, d’un épisode de Babylon 5 (Day of the Dead), du film Mirror Mask, ainsi qu’un feuilleton radiophonique consacré à Douglas Adams...
Mais revenons à notre lecture de « Anansi boys. »
Un tel ouvrage, plus que d’autres, confirme qu’on n’aborde jamais un roman en lecteur neutre et passif. Le livre nous parle et nous répondons, remplissant les vides et les non-dits du texte avec ce que nous sommes.
C’est ainsi que « Anansi boys » est allé chercher jusqu’aux racines de mon imaginaire : les contes et légendes des Antilles qui ont meublé (parfois causé) nombre de mes nuits blanches.
Il y est question, pêle-mêle, de chanson et de trac, de poisson frit, de bananes vertes et de gâteau à l’ananas, de vieilles qui sentent la violette, de phobie des oiseaux, de chapeaux...
On apprend beaucoup sur les cadrans de téléphone, l’odeur des cellules de prison, l’art du passage dans le « début du monde », le confort des cercueils, les vins de chagrin...
On y trouve aussi des araignées, un citron vert, un ascenceur, du jazz, du funk et des éclats de rire en quantité.
Un bric-à-brac dans lequel on pourrait craindre de se perdre, s’il n’y avait ce lien fin et solide pour rassembler le tout d’une façon remarquable : la toile gigantesque d’Anansi, l’araignée.
Primé comme « Best Fantasy Novel » aux Locus Awards 2006, ce roman reste, pour nous, inclassable et incontournable.
À lire et de toute urgence !
Titre : Anansi boys
Auteur : Neil Gaiman
Traduit par : Michel Pagel
Éditeur : Au Diable Vauvert2006
ISBN : 2846261067
Format : Livre broché - 504 pp
Prix : 22,00 €
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