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Remnant Chronicles (the), tome 3 : The Beauty of Darkness
Mary E. Pearson
La Martinière, Fiction J, roman (USA), fantasy, 672 pages, avril 2023, 22€

Lia, Rafe et son commando ont pu quitter Venda, capturant même Griz et Kaden qui les avaient pris en chasse. Réfugiés dans un avant-poste de Dalbreck, ils sont rattrapés par la mort des parents de Rafe : il est désormais roi, avec certaines responsabilités. face à des conseillers et dirigeants aux dents longues, il doit s’imposer. Quand Lia, guidée par le don, lui annonce qu’il faut aller à la rescousse de Morrigan car c’est son pays que le komizar attaquera en premier, Rafe ne peut lui dire oui. Il la laisse donc partir sous la protection de Kaden.
Rentrée à Morrigan, Lia retrouve son père mourant, empoisonné, et sa tête toujours mise à prix. Elle sait que le Conseil est pourri de traîtres, reste à savoir qui est encore fidèle à la couronne pour espérer les sauver tous de la guerre qui approche.



Dénouement en apothéose pour ce dernier tome de « Remnant Chronicles », avec de nouvelles tensions sentimentales dans le trio Lia-Rafe-Kaden.
La capture de Kaden, au début, renverse les rôles avec le tome précédent, surtout lorsqu’il découvre enfin la véritable identité de Rafe : c’est le dernier masque qui tombe, parmi nos héros, car il en reste dans les personnages secondaires, comme le père biologique de Kaden, un noble morrighais qui... siège au Conseil, et que l’autrice va mettre au cœur d’un beau dilemme pour Lia. On notera à ce propos l’usage fin du procédé littéraire utilisé dans le premier volume : faute de description ou d’emploi du même nom, le lecteur n’aura pas rapproché un personnage connu dès le début d’une identité. Et comme Lia appelle les membres du conseil par leur titre et pas par leur nom... C’est d’ailleurs parfois source de confusion, tant ces hauts personnages (qui n’hésitent pas de temps en temps à descendre pour se salir les mains) sont peu « incarnés », mais c’est en même temps assez logique.

Le cœur de l’intrigue de ce dernier volume est donc la guerre, imminente et inéluctable. Lia doit laver son nom, car elle est toujours officiellement recherchée pour trahison, démasquer les traîtres tout en convainquant le conseil, où elle sait qu’ils siègent nombreux, du danger réel de l’armée du komizar. Elle devra puiser dans la force et la ténacité dont elle a fait preuve durant sa captivité pour briser son image de petite princesse gâtée et s’affirmer comme potentielle régente et cheffe de guerre. De nombreux rebondissements y mettront des hauts et des bas, la réaction de Kaden face à son père, les aveux du vrai chef des traîtres, l’implication de la reine... et l’arrivée de Rafe à la tête d’une troupe d’élite, qui pourrait passer pour une tentative d’invasion. Après une transition politique houleuse, durant laquelle Lia s’est resservie de la ferveur quasi religieuse qu’elle avait suscitée auprès de la population - un habile écho au tome précédent - vient le temps des préparatifs de guerre, en une unique bataille façon Thermopyles : un champ de bataille qui forme un étranglement, où l’avantage de la multitude des troupes de Venda est amoindrie. Lia veut épargner au maximum la population enrôlée de force, et au-delà de la boucherie, avec des armes meurtrières, c’est aussi une confrontation psychologique avec le komizar qui l’attend. Les amateurs de fantasy épique en auront plein les yeux, malgré la brièveté relative de la bataille.

Car encore une fois, ce qui prime, ce sont les relations complexes entre nos héros. Kaden, à force de demander, finit par comprendre qu’il n’aura jamais que l’amitié de Lia, et dans leur retour à Morrighan il est entièrement à son service, garde du corps fidèle comme une ombre, et seul son père et la haine qu’il éprouve pour lui le fait dévier de son devoir. Rafe, déchiré entre son rôle de roi et son amour pour Lia, choisit d’abord d’assurer la stabilité politique, mais lorsqu’il a la preuve que la jeune fille avait raison, il vole à son secours quel qu’en soit le prix... même un mariage politique, qui lui ferme d’office tout espoir de renouer avec Lia. On en apprécie d’autant la conclusion, après la bataille, qui n’est pas un happy end magique où chacun a tout ce qu’il veut. Je mettrais un bémol sur la relation entre Pauline et Kaden, qui passe un peu vite de la détestation à un rapprochement, la première ayant définitivement rejeté le père de son bébé, le second cherchant à combler le manque affectif laissé par Lia. Certes, la période est troublée, mais Pauline change d’opinion sur l’Assassin un peu brutalement.

On regrettera également l’absence d’une carte du monde, qui aiderait à se représenter les lieux, les distances (pointées dans les chroniques des tomes précédents), la géographie, d’autant que quelques détails, saupoudrés autour de la mythologie des Vestiges et la légende de Venda laissent supposer que cet univers serait en fait né des cendres de notre monde, une fantasy post-apo comme le proposait les « Shannara » de Terry Brooks. Il y en a une, approximative à mon goût, sur le site de l’autrice.

Mais qu’on aime la fantasy ou le sentimental, les deux ingrédients sont correctement dosés pour emporter les lecteurs et lectrices entres tensions politiques, mystères et émotions. Mary Pearson nous offre 1400 pages captivantes, jouant habilement sur les biais narratifs, les points de vue et les masques arborés par les personnages, en gardant ces derniers, avec leurs forces, leurs passions et leurs failles, au cœur de d’une histoire fortement soumise à leurs choix et leurs mensonges.


Titre : The Beauty of Darkness (the beauty of darkness, 2016)
Série : The Remnant Chronicles, livre 3/3
Autrice : Mary E. Pearson
Traduction de l’anglais (Etats-Unis) : Alison Jacquet-Robert
Couverture : Clémence Courot
Éditeur : La Martinière
Collection : Fiction J
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 672
Format (en cm) : 21,5 x 14,5 x 3,5
Dépôt légal : avril 2023
ISBN : 9782732499123
Prix : 22 €


The Remnant Chronicles
- 1 « The Kiss of Déception »
- 2 « The Heart of Betrayal »
- 3 « The Beauty of Darkness »


Nicolas Soffray
2 juillet 2023


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