Lumen poursuit sa traduction de l’œuvre de Victoria Schwab, après la trilogie de fantasy « Shades of... » et le diptyque thriller-fantastique « Evil ». Cassidy Blake s’adresse à un lectorat plus jeune, dès 12 ans, et c’est presque aussi bien.
Je dis presque, sans méchanceté aucune, car la prose est un rien plus didactique par moments, le temps de mettre les choses en place, et la visite de la capitale écossaise est l’occasion d’un peu de tourisme historique. En fait, Cassidy donne régulièrement l’impression, dans les premiers chapitres, de s’adresser au lecteur de son âge, et le ton de la narration s’y coule parfaitement. Idéal pour le public cible, parfois un peu trop balisé pour les adultes.
La trame est classique et efficace, avec une scène d’ouverture pour expliquer sa « mort », le Voile, ce qui se passe au-delà, les limites des uns et des autres. Puis on embraye sur le vif de cette aventure, avec présentation des parents, un couple complémentaire, lui historien rigoureux, elle conteuse rêveuse, puis le départ pour l’Écosse, l’accueil dans la pension peut-être hantée, la rencontre avec les locaux, dont un guide, Findley, fin psychologue et la jeune Lara, assez distante, au point qu’on se demandera au début si elle n’est pas un fantôme. C’est là que cela devient captivant, dans ces lieux étrangers à Cassidy, cette tension palpable, les silences de Jacob lourds de secrets... Et, bien évidemment, le changement de perspective, lorsque Lara explique à Cassidy à quoi sert leur pouvoir : libérer les spectres coincés dans l’entre-deux.
Victoria Schwab négocie à merveille ce point de bascule, qui déclenche une crise de confiance entre Cassidy et Jacob, renversant les acquis initiaux. Entre la menace que Cassidy puisse le « renvoyer » et la pointe de jalousie qu’elle se fasse une nouvelle amie, l’ado spectral commence par bouder, et refuse toujours de répondre à certaines questions soulevées par Lara : pourquoi est-il différent des autres fantômes, et si attaché à Cassidy ?
Pour notre héroïne, l’apprentissage de ses pouvoirs va être rude, car l’adversaire est dangereux, et les lieux sont déjà son terrain de jeu. Partagée entre ses deux amis, Cassidy va (forcément) commettre une erreur, qui pourrait lui être fatale. Rassurons-nous, elle s’en sortira, mais la dernière partie nous promet de sacrés frissons !
C’est aussi, en filigrane, une histoire de solitude. Depuis sa mort, Cassidy passe plus de temps avec les morts (notamment Jacob) qu’avec les vivants, invisible en cours et avec des parents pas toujours disponibles, et à qui elle ne peut pas expliquer son « problème ». L’autrice joue intelligemment avec leur niveau de crédulité dans le paranormal, admettant « l’ami imaginaire » de leur fille de différentes façons.
Si Victoria Schwab ne prend guère de risques avec une intrigue et une mécanique assez classiques, après une nécessaire mise en place le rythme, l’atmosphère et l’immersion sont là. Les personnages sont attachants, et l’histoire ne se perd pas en méandres inutiles. Si cette histoire se suffit à elle-même, il reste suffisamment de questions en suspens pour avoir hâte de découvrir la suite.
Titre : Chasseuse de fantômes (City of Ghosts, 2018)
Série : Cassidy Blake, tome 1
Auteur : Victoria Schwab
Traduction de l’anglais (USA) : Sarah Dali
Couverture : Sara Kipin
Éditeur : Lumen
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 298
Format (en cm) :
Dépôt légal : janvier 2020
ISBN : 9782371022553
Prix : 15 €
Cassidy Blake :
tome 1 : Chasseuse de fantômes
tome 2 : Plongée dans les catacombes
tome 3 : Le Pont des Âmes