Tragédies à la chaine
Les vies qui vont être chamboulées par l’arrivée de l’ikigami vont tourner à la catastrophe. Pas le moindre signe d’optimiste dans les histoires racontées par Motoro Mase. Tout d’abord le fils d’une politicienne qui voit sa mort programmée utilisée par sa mère pour attendrir l’électorat. Il n’a plus qu’une seule pensée : tuer cette salope ! Un frère, usurier de son état, décide de donner ses yeux à sa sœur, aveugle suite à un accident qui provoqua la mort de leurs parents. Mais la jeune femme ne doit pas savoir qu’il le fait parce qu’il a reçu l’ikigami. Un jeune professeur, trop laxiste avec ses élèves, se fait renvoyer à cause d’un de ses élèves. La réception de l’ikigami va le pousser à se venger. Difficile d’élever une petite fille asthmatique quand son mari claque tout son argent pour customiser sa voiture. Mais quand elle reçoit l’ikigami, elle devient désespérée.
4 histoires, chacune plus sinistre l’une que l’autre, ne laissant que peu de place au positivisme, car le prix à payer est toujours trop cher.
La loi venue de l’étranger
Malgré sa volonté de ne pas se laisser submerger par son travail, Fujimoto doute de plus en plus de l’efficacité de la loi. Et les conséquences de l’arrivée de l’ikigami deviennent plus dramatiques les unes après les autres. Le cas de cette jeune femme, prête à envoyer son enfant en exil plutôt de le voir risquer de mourir, a fortement ébranlé ce jeune fonctionnaire. Surtout que son supérieur lui révèle peu à peu les secrets de cette terrible loi et en particulier qu’elle n’est pas issue du gouvernement japonais mais imposée, après la guerre, par le vainqueur au perdant. Voilà une nouvelle raison pour Fujimoto de s’interroger sur cette loi qui semble de moins en moins appréciée, fait que le gouvernement cache... Sans compter son amour à sens unique pour la jolie psychologue.
Les vieilles plaies du Japon
Motoro Mase continue son analyse du comportement humain dans les dernières heures de sa vie et ce n’est pas beau à voir. Même si le mangaka laisse de la place à la rédemption, les tragédies que subissent ces familles restent insupportables. Voir un fils vouloir tuer sa mère ou une mère risquer la vie de sa fille pour qu’elle fuit le Japon ne donne pas une très bonne image de cette loi, bien plus meurtrière qu’elle n’y paraît.
Mais cette fois, Mase déterre une nouvelle cicatrice de l’histoire du Japon : l’occupation américaine. Et l’auteur fait un lien direct entre sa loi de la « sauvegarde de la prospérité nationale » et le « traité de sécurité » imposé par les américains en 1950, qui abaissait le Japon au rang de simple allié coopératif. Les japonais n’oublieront jamais le traitement que les États-Unis leur ont imposé à la fin de la guerre, cette incapacité pour le shérif du monde de comprendre les autres cultures : japonais, vietnamiens, irakiens, trois grands gâchis car on a trop tendance à oublier Hiroshima et Nagasaki, deux plaies qui ne cicatriseront jamais dans les esprits nippons.
“Ikigami” nous entraine dans les pires cauchemars du Japon et analyse avec beaucoup d’intelligence le comportement humain.
Ikigami, Préavis de mort (T3 et 4)
Auteur : Motoro Mase
Traducteur : Josselin Moneyron
Éditeur français : Asuka
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 208
Date de parution : 9 juillet et 24 septembre 2009
Numéro ISBN : 2-84965-627-3 ; 2-84965-627-3
Prix : 8,50 €
A lire sur la Yozone :
Ikigami, Préavis de mort (T1)
Ikigami, Préavis de mort (T2)
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