Le mystérieux shôgun de l’ombre apparu à la fin de « Fleurs de Dragon » est de retour. C’est d’abord un cimetière shinto qui est profané, de nombreuses empreintes sombres l’ayant piétiné jusqu’à dessiner un idéogramme. Puis les enquêteurs découvrent une étrange calligraphie d’un poème inachevé, chez un seigneur mystérieusement enlevé par un spectre, qui lui fait référence. Alors que Kaoru, toujours dans le rôle de l’idiot de service, hurle au fantôme, Ryôsaku tente de raisonner clairement, malgré la perte de Sôzô et la pression politique que fait peser sur ses épaules le kanrei Hosokawa, nouveau seigneur de Kyôto.
On retrouve avec plaisir les personnages de « Fleurs de Dragon », ainsi que son ambiance si particulière et précédemment évoquée : le sage officier secondé de trois adolescents aux compétences complémentaires. Les traits de caractères, déjà affinés, sont subtilement remaniés : Kaoru, toujours lourdaud et grognon, poursuit ses bêtises, jusqu’à chercher la voie du samouraï dans l’absorption de saké, mais se révèle encore bon compagnon, loyal et fidèle à ses amis. Keiji, hanté par le seppuku de son père, trouve un surprenant professeur, sur le conseil (surprenant également !) de Kaoru, et y gagne une sagesse supérieure à celle de son ennemi.
Sôzô est sur le devant de la scène. Gagné par une attraction pour Yukiko qu’on aurait plutôt attribuée au fantasque Kaoru, il est mis à mal par la confrontation avec son père, maître d’armes du kanrei. Le jeune samouraï joueur de biwa refuse toujours de suivre la voie de son père, aussi le clash est inévitable. Chassé de la demeure de Ryôsaku, il se réfugie auprès de son amour naissant, avant de découvrir qu’elle est liée au shôgun de l’ombre.
Jérôme Noirez use du procédé classique mais efficace de faire enquêter ses personnages d’un côté tandis qu’un autre infiltre (à son insu) le camp ennemi, et découvre de l’intérieur ses motivations.
L’écriture, très fluide, est toujours empreinte de cette poésie et ce calme qu’on dirait échappés d’une estampe. Malgré la tension fantastique et les rapports de force entre les protagonistes, la lecture est presque relaxante. Presque, car on sera pris d’un besoin irrépressible de lire un chapitre après l’autre, refusant de poser l’ouvrage avant le mot de la fin.
Mais n’est-ce pas une sorte de méditation ?
Paru dans la collection Courants Noirs, ce roman, comme le précédent, s’adresse à des lecteurs de plus de 13 ans. Mais comme vous l’aurez compris, les adultes s’en délecteront aussi.
Signalons aussi beaucoup moins de coquilles (seulement 4, en fait) que dans la réédition Folio du premier tome.
- Le shôgun de l’ombre - corrections
Titre : Le Shôgun de l’Ombre
Volume précédent : Fleurs de Dragon
Auteur : Jérôme Noirez
Couverture : Aurélien Police
Editeur : Gulf Stream
Site Internet : fiche du roman
Collection : Courants Noirs
Pages : 278
Format (en cm) : 14 x 22 x 2,7
Dépôt légal : septembre 2009
ISBN : 978-2-35488-048-4
Prix : 13,50 €