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Leçons du Monde Fluctuant
Jérôme Noirez
Denoël, Lunes d’encre, 335 pages, uchronie fantastique, septembre 2007, 20€

Jérôme Noirez s’est fait connaître par sa Féérie pour les ténèbres, en trois volumes chez Nestiveqnen, et une quinzaine de nouvelles.
Ce roman, Leçons du monde fluctuant, est celui de la consécration puisque le voilà publié dans la prestigieuse collection Lunes d’Encre.



Il est difficile de parler de ce livre dont la qualité première est l’originalité. On pourrait le ranger dans les uchronies, dans la mesure où l’Histoire ne suit pas son cours habituel à partir du milieu du 19e siècle. Une étrange révolution s’est produite en Angleterre qui de royaume est devenue “éducaume”, sous la houlette de la Grande Rectrice Victoria et sa Divine Scolastique. Mais cette uchronie part dans des chemins fantastiques. L’Éducaume impose sa loi jusque dans les dizaines de mondes des morts qu’il a “colonisés” et soumis.

Le héros de cette étrange aventure n’est autre que Charles Lutwidge Dodgson, le Lewis Carroll de notre Histoire, qui est photographe et prof de maths et de logique à Oxford. Mais sa fascination pour les petites filles le contraint à l’exil à Novascholastica, une île de l’Océan Indien.

Il est accompagné dans son voyage par un horrible personnage, Jab Renwick, pas vraiment humain puisque fils d’un mur de cachot et de la semence d’un condamné. C’est un de ces « précepteurs noirs » qui soumet par la force les vivants et les morts. Sa mission à lui est de faire rentrer dans l’ordre cette colonie.

Pendant ce temps-là, dans l’autre ligne narrative, on suit le parcours de Kematia, une toute jeune fille indigène de cette île qui est morte des suites d’une infibulation. Oui, l’histoire qui est racontée est assez horrible, mais distanciée par un humour parfois noir, parfois absurde. Kematia, experte chasseuse à la volonté farouche, parcourt quant à elle le Lankolong, le monde des morts des indigènes, mais où se retrouvent de nombreux colons. Aidée par d’autres décédés, dont un chien en coton et papier mâché et un Écossais habité par un cerf dont les bois dépassent de sa bouche, elle va aller jusqu’au bout de sa quête pour combattre les « gutums » qui effrayent même les morts.

À la toute fin du livre, Charles et Jab vont rejoindre Kematia et ses amis défunts et résoudre le problème des gutums, ces êtres de lumière.

Ce rapide résumé ne peut rendre compte de ce roman délirant, parfois poètique, où l’on peut y voir la double quête initiatique de Charles et Kematia, mais qui peut ne pas convaincre tous ses lecteurs. L’imagination est grandiose, l’originalité indéniable, l’écriture intéressante mais, peu importe pourquoi, la sensation, le ressenti des émotions pourrait ne pas passer de l’auteur au lecteur.

Les dénonciations de l’éducation à l’ancienne avec châtiments corporels, de l’église débile ou de la colonisation ne sont pas particulièrement originales, par contre.

On peut lire ce livre, certainement recommandable par son ton vraiment novateur, en sourire parfois malgré sa noirceur, admirer certaines phrases particulièrement bien tournées, mais ne pas avoir grande envie de retourner dans ce monde absurde, mélancolique et trop loin du nôtre pour y croire.

Titre : Leçons du Monde Fluctuant
Auteur : Jérôme Noirez
Couverture (souple) : Benjamin Carré
Éditeur : Denoël
Collection : Lunes d’encre
Directeur de collection : Gilles Dumay
Pages : 335
Format (en cm) : 20,5 x 2,3 x 14
Dépôt légal : septembre 2007
ISBN : 978-2-20725973-3
Prix : 20€


Hervé Thiellement
31 octobre 2007


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Denoël, collection Lunes d’Encre (2007).



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