Présenté comme un « thriller », qui plus est fantastique, « Lune de métal » de Dumè Antoni diverge néanmoins d’un genre qui privilégie le suspense et la tension narrative pour tenir en haleine le lecteur jusqu’au dénouement de l’intrigue.
En effet, malgré un découpage en courts chapitres qui dynamise le livre, on suit de façon régulière et plutôt sereine les péripéties auxquelles sont confrontés alternativement enquêteurs et héros de cette histoire.
La disparition d’enfants en grand nombre sème émoi et panique auprès de la population et, bien sûr, met les autorités sous pression. Ces enlèvements – car c’est bien de cela dont il s’agit - sont atypiques, survenant dans l’intimité d’une chambre, sans qu’aucune effraction et trace de violence soient constatées. Une équipe de policiers est chargée de tirer ces affaires au clair, coûte que coûte, sans négliger aucune piste, même irrationnelle. Elle va se pencher sur deux disparitions en particulier, mettant en scène les acteurs principaux du roman : la jeune Chris et son frère Luc. Dumè Antoni s’est attardé sur le profil psychologique de ses personnages, brossant des caractères opposés, réfléchis ou impétueux, méthodiques ou intuitifs, allant sans doute jusqu’à accorder trop de maturité aux enfants qui sont au centre de cette histoire.
Ces multiples et mystérieux enlèvements présentent déjà un aspect fantastique en soi, mais l’auteur a construit une histoire où s’entremêlent monde réel et virtuel. Les recherches pour retrouver les disparus demeurent vaines, et pour cause : les enfants sont projetés au cœur d’un jeu vidéo cruel, clandestin, victimes sans défense de joueurs appâtés par des gains proportionnels aux massacres qu’ils y commettent. Un mystérieux personnage, le Passeur, fait le lien entre les deux univers.
Jusqu’au bout, je me suis demandé comment Dumè Antoni allait raccommoder son intrigue pour rendre plausible cette interpénétration entre deux mondes et ramener ses jeunes héros, égarés dans le jeu Thalès, sains et saufs dans notre bonne vieille réalité. C’est sans doute cela le vrai suspense, celui qui tire le lecteur en avant. Notre auteur tient serrés les fils de son intrigue, livrant quelques explications au compte-goutte jusqu’à une fin ouverte qui réclame une suite.
L’écriture est fluide et ce livre se lit aisément. Quelques petits points peuvent faire tiquer l’amateur qui aime couper les cheveux en quatre, mais sont de peu d’importance. Alors, une suite ou pas ?
Titre : Lune de métal
Auteur : Dumè Antoni
Couverture : Ex Æquo
Éditeur : Éditions Ex Æquo
Collection : Atlantéïs
Site Internet : Page roman (site éditeur)
Pages : 219
Format (en cm) : 13 x 21
Dépôt légal : avril 2021
ISSN : 2265-2728
Prix : 18€
