Le premier tome de l’intégrale des enquêtes d’Andrea Cort a révélé la complexité de ce personnage. Du fait de son passé, ils sont beaucoup à vouloir sa tête, ce que confirme son arrivée sur le port orbital de Xana. Quatre longues nouvelles et le roman « Émissaires des morts » ont permis aux lecteurs de se familiariser avec elle, de mieux comprendre en quoi le drame qui l’a frappée enfant a façonné sa personnalité. Au fil des missions et au contact des autres, une évolution est à noter. Elle est lente, perceptible à certains détails, mais le roman « La troisième griffe de Dieu » est flagrant sur ce point. Déjà elle n’est plus seule, les Porrinyard l’accompagnent. Ces inseps ne font qu’un, fruit d’une opération due aux IAs-source. Leur proximité fait le plus grand bien à Andrea, l’humanisant, la ramenant vers la lumière en lui offrant un autre regard sur elle-même. De plus, cette association permet bien des possibilités intéressantes.
La planète Xana abrite la dynastie Bettelhine, des fabricants d’armes sans scrupules. Andrea les exècre, mais elle est curieuse de connaître le pourquoi de cette invitation. Est-ce juste pour la tuer ? Ou la tentative d’assassinat avortée n’est que le fruit du hasard ? Les enfants du maître de famille qui l’accueillent ne lui en disent pas plus sur les motivations paternelles. Il lui reste encore à descendre jusqu’à la surface de la planète dans l’ascenseur spatial privatif de la famille pour le rencontrer. Mais le voyage dans le luxe se transforme vite en un piège, en un huis clos mortel dans lequel Andrea doit enquêter pour trouver le coupable, tout en ménageant les susceptibilités de chacun. La griffe de Dieu constitue une arme redoutable des temps passés, un simple contact et les organes de la victime commencent à se liquéfier.
Andrea est dans son élément, elle interroge les passagers, ainsi que l’équipage, et apprend bien des choses qui la révolte, notamment sur les pratiques des Bettelhine. Toutefois elle n’est pas au bout de ses surprises.
Le roman « La troisième griffe de Dieu » s’avère passionnant dans le cadre étriqué d’un ascenseur spatial cinq étoiles. Une atmosphère oppressante y règne avec la proximité d’un mort se tassant toujours plus sur lui-même et une menace latente (un assassin à bord et l’absence de communications extérieures). Secondée par les Porrinyard, Andrea n’a de cesse de mettre la lumière sur les différents éléments à sa disposition, de mettre à jour des secrets inavouables, mais elle-même n’est pas épargnée.
Adam-Troy Castro concilie habilement policier et science-fiction, tout en explorant le personnage d’Andrea Cort. Le lecteur en apprend toujours plus sur elle, l’appréciant toujours davantage, même si elle n’est pas d’un abord facile.
Ce livre comporte aussi la nouvelle “Un coup de poignard” dans laquelle Andrea et les inseps apparaissent bien, mais sans en être les personnages principaux. Un autre protagoniste récurrent de l’auteur y figure au premier plan, il s’agit de Draiken, un homme difficile à cerner et qui n’est pas sans faire écho à certains points du roman précédent (nom proche de Daiken et la planète Greeve). Il se retrouve au milieu d’une affaire qui le dépasse, mais ne se cache pas dans son coin, prenant clairement parti. Des éléments de cette nouvelle se raccrochent à l’affaire précédente. Même si elle laisse un peu sur sa faim, “Un coup de poignard” revient sur la relation entre Andrea et les Porrinyard et bonifie encore cette série consacrée à Andrea Cort.
Ce second volume de la trilogie « Andrea Cort » comportant aussi bien des romans que des nouvelles montre l’évolution de cette personnage complexe et torturée. Au contact des Porrinyard, une belle trouvaille, elle découvre d’autres facettes de l’existence et s’humanise en s’ouvrant sur l’extérieur. Ses missions s’avèrent mouvementées, elles offrent le grand frisson mêlant habilement policier et science-fiction. Adam-Troy Castro ne révolutionne rien, mais ce qu’il fait, il le fait très bien, le maîtrise parfaitement. « La troisième griffe de Dieu » confirme la très bonne impression laissée par le premier tome. Ne pas se contenter des trois romans consacrés à Andrea Cort, mais y adjoindre les nouvelles dans le souci d’une vraie intégrale relève de la très bonne initiative et d’un respect évident du lecteur qui en a le maximum et ne manque ainsi rien.
Cette série séduit indubitablement. En compagnie d’Andrea Cort, Adam-Troy Castro nous convie à de la science-fiction plaisante et attrayante qui donne envie d’y revenir.
Il reste un tome pour boucler la boucle, mais la parution de « La guerre des marionnettes » est sujette à interrogation. Il est à souhaiter que les deux premiers volets rencontrent le succès qu’ils méritent pour connaître l’issue de cette série que je conseille vivement.
Titre : La troisième griffe de Dieu
Sommaire : La troisième griffe de Dieu (The Third Claw of God, 2009) et Un coup de poignard (A Stab of the Knife, 2018)
Série : Andrea Cort, tome 2
Auteur : Adam-Troy Castro
Illustration de couverture : Manchu
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Benoît Domis
Éditeur : Albin Michel
Collection : Albin Michel Imaginaire
Directeur de collection : Gilles Dumay
Sites Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 462
Format (en cm) : 13,9 x 20,5
Dépôt légal : juin 2021
ISBN : 9782226453402
Prix : 24,90 €
Dans la même série :
Andrea Cort, tome 1 : Émissaires des morts
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