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Rôle de la guêpe (Le)
Colin Winnette
Denoël, Sueurs Froides, roman (États-Unis), thriller psychologique, 208 pages, août 2018, 20€

Un garçon arrive dans un pensionnat pour orphelins. Le directeur lui apprend qu’il lui faudra se rendre utile pour gagner sa pitance, que son quota de place est dépassé et qu’en cas de problème, il est toujours disponible. Les autres pensionnaires ne voient pas le nouveau d’un bon œil. Au premier cours, son voisin de derrière utilise la pointe d’un compas pour le piquer. Suite à la mention de l’incident au directeur, le gêneur disparait et il se fait traiter de balance. C’est bizarre, mais rien à côté de ce qu’il trouve au potager avec un autre élève. Cette trouvaille macabre n’est que le début d’une suite d’événements inquiétants et incompréhensibles.
La rumeur d’un fantôme rôdant dans l’orphelinat et tuant chaque année cinq pensionnaires n’explique pas tout, mais elle crée une certaine psychose.



« Le rôle de la guêpe » ne couvre que 200 pages, mais est loin de se lire d’une traite, car il se révèle dense et interpelle à plus d’une reprise.
L’arrivée du nouveau dérape vite, d’abord lentement puis tout s’accélère et le lecteur ne peut qu’être surpris par la tournure des événements. On y meurt à tour de bras et sans que l’on y comprenne quelque chose. Le nouveau, dont on apprend qu’il s’appelle peut-être Ashley à la fin, échafaude toute une théorie, s’estimant victime d’un complot. Il essaie de trouver des alliés à sa cause, mais c’est difficile, car il ne cherche aucunement à s’intégrer et prend tout le monde de haut.
Le personnage principal a beau être présenté comme un orphelin, arriver dans un milieu étranger, hostile de surcroît, il n’attire guère la sympathie. Colin Winnette ne fait d’ailleurs rien pour le présenter favorablement ; il s’avère manipulateur, retors, antipathique en diable. Cela signifie que le lecteur ne jette qu’un regard extérieur au récit, clinique en quelque sorte, car il ne s’identifie pas aux personnages.
Au début, la rationalité peut expliquer les évènements, mais à un moment, elle ne suffit plus et le surnaturel s’invite. Et si le fantôme évoqué n’était pas qu’affabulation ? En tout cas, il provoque une véritable chasse aux sorcières pour savoir si un des garçons ne le serait pas. Rien de bon ne peut en sortir. Et le temps à l’orage pousse tout le monde à rester cloîtré dans l’orphelinat.
Une sensation d’étouffement naît de ce huis-clos et les repères se délitent, la situation devient plus plus irréelle. La conclusion va bien apporter des réponses, se dit-on. Il n’en est rien, du moins si le regard sur « Le rôle de la guêpe » ne change pas.
En effet, l’histoire est racontée du point de vue du nouveau qui décrit cet établissement comme un pensionnat pour orphelins. Et s’il en était différemment ?
Bien des détails surprennent, comme les discours de ces soit-disant enfants. Il est difficile de les imaginer tenir de tels propos, bien des adultes éprouveraient déjà du mal à les avoir. Le directeur prévoit l’orage pour des semaines... Les bizarreries s’empilent, aident à créer un climat de suspicion et obligent à prendre de la distance pour essayer de comprendre, sans forcément grand succès.

« Le rôle de la guêpe » s’avère déstabilisant par sa dérive du côté inexplicable. Colin Winnette pousse le lecteur à changer son regard pour aborder une autre logique. Il demande un réel effort, sous peine de ne rien comprendre et de sortir déçu du roman.
À mon avis, il risque d’en perdre plus d’un au fil des pages.
Un roman court mais dense et exigeant pour le cerner.


Titre : Le rôle de la guêpe (The Job of the Wasp, 2018)
Auteur : Colin Winnette
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Robinson Lebeaupin
Couverture : Constance Clavel, Image : © Stephen Mulcahey / Trevillion Images.
Éditeur : Denoël
Collection : Sueurs Froides
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 208
Format (en cm) : 15,5 x 22,5
Dépôt légal : août 2018
ISBN : 9782207140338
Prix : 20 €


Pour contacter l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
15 septembre 2018


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