Aoba se retrouve à devoir travailler avec la brute de Kusanabe et la très jeune Hitomi. Mais cette dernière est totalement convaincue du bien-fondé de sa méthode d’investigation et elle compte bien prouver à Aoba tous les avantages que peut apporter le décryptage de la mémoire oculaire. Elle s’était un peu moquée de lui en lui montrant un de ses souvenirs un peu honteux, mais cette fois, elle travaille sur la dernière vision du mort. La difficulté vient de la dégradation de la mémoire après le décès, pourtant l’image qu’elle finit par stabiliser ne laisse aucun doute : le meurtrier est un policier. Toutefois, s’ils sont parvenus aussi rapidement à cette image, c’est aussi grâce à une particularité de Aoba. Le jeune homme possède une acuité visuelle hors du commun de son œil gauche et, avec un peu de concentration, il est capable de distinguer un détail que l’œil normal aurait raté sans que cela soit choquant. Il est temps de vérifier si leur enquête découle sur l’identité du tueur... avant que la cheffe Shinjyo n’arrête de son côté le fameux coupable.
“Storage” est la nouvelle série de Jiro Ando, que nous avions découvert comme dessinateur sur la série “Kings of Shogi”. Pour son nouveau titre, le mangaka prend en charge scénario et dessin pour nous entraîner dans un futur proche, où une nouvelle technique d’investigation policière est lancée : l’utilisation de la mémoire oculaire. L’impression de la dernière image vue par la rétine d’un mort avait déjà été utilisée dans la littérature et le cinéma fantastique. Cette fois, l’auteur va plus loin : il serait possible de récupérer les données mémorielles recueillies par les yeux. Cette théorie scientifique, qui ne se base pas sur des véritables théories scientifiques (ou en tous cas, je n’en ai pas trouvé trace), part de l’idée que l’œil pourrait également emmagasiner des informations transmises au cerveau pendant un temps plus ou moins long. A partir de ce postulat, Jiro Ando organise une petite équipe de nouveaux flics se basant sur une méthode où les indices sont dorénavant enregistrés dans nos yeux. Cette idée est assez originale mais ne sera développée que sur deux tomes. Toutefois, le manga ne se borne pas à cette technique puisque son héros est également pourvu de pouvoirs hors du commun dans son œil gauche.
Jiro Ando nous expose dans ce tome 1 sa théorie mais également un contexte de secte cherchant à transformer la société, à imposer sa vision de la justice. La traque que commence Aoba devient rapidement personnelle et son passé revient peu à peu le hanter, un passé qu’il semble s’être efforcé d’oublier pour une raison encore inconnue. Jiro Ando tient parfaitement son suspens et son récit, jouant intelligemment sur les rebondissements, les flash-back afin de saupoudrer assez d’informations pour intéresser le lecteur mais tout en gardant bien précieusement la signification profonde de bon nombre. On se laisse prendre au jeu et le lecteur suit l’enquête de Aoba avec beaucoup d’intérêt. Graphiquement, Jiro Ando maîtrise également son sujet. Ses personnages sont très expressifs et parfaitement reconnaissables, le mangaka parvient à produire des corps calcinés sans trop jouer sur le côté écorché vif. On peut regretter l’absence d’une vision architectural de ce Tokyo d’avant jeux olympiques de 2019, les décors étant restreints au strict minimum, mais ce ne serait que la cerise sur un gâteau déjà bien alléchant.
“Storage”, sans aller vers une comparaison avec des œuvres d’auteurs comme Philip K. Dick, s’avère un diptyque intéressant, jouant sur l’anticipation et la science-fiction, avec un petit ajout de fantastique qui n’est pas du tout désagréable.
Storage (T1)
Auteur : Jirô Andô
Traducteur : Masaya Morita
Éditeur français : Komikku éditions
Format : 13 x 18 cm
Date de parution : 31 aout 2017
Numéro IBSN : 978-2372872157
Prix : 7,90 €
© Jiro Andou 2015 / SHINCHOSHA PUBLISHING CO.
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