Seulement, les ennuis ne font que commencer pour le sergent Dumont. Demandée d’urgence par Saint Phal, ce dernier lui raconte que l’éboulement est l’annonce de l’apocalypse, peut-être pas celle de Saint Jean mais un énorme danger menace l’humanité. Il la met en garde contre Ryo Tachinana, l’expert que la DRAC a envoyé pour étudier la grotte révélée par la chute des rochers, et il la convie à prendre l’appui d’un véritable expert du mont : Nicolas Quintin. Malheureusement, sur ces mots, Saint Phal s’écroule terrassé par une crise cardiaque. Une situation qui oblige le colonel Dumont à venir sermonner sa fille qui déshonore son renom par ses frasques. De quoi énervée Clotilde, embarquée bien malgré elle dans cette théorie du complot annonciatrice de l’apocalypse. Sa première rencontre avec Ryo Tachibana lui confirme un point : elle ne peut avoir confiance en lui. Et si son dernier espoir pour comprendre ce qu’il peut bien se passer autour du Mont était ce Nicolas Quintin ? Seulement, au vu de sa page facebook, il passe plus pour un petit rigolo, se moquant des religions et passant plus de temps à jouer les Don Juan qu’à décrypter des écritures anciennes.
S’attaquer à un monument historique comme le Mont Saint-Michel peut paraître du niveau de la gageure pour de nombreux amoureux du mont. Il faut dire que ce lieu est emprunt de légendes, de mythes, de mystères que les historiens sont encore loin d’avoir totalement décryptés. Le Mont Tombe est le nom de cette colline sur laquelle, selon la légende, l’archange Saint Michel ordonna à l’évêque Aubert de bâtir un oratoire à son sommet pour glorifier sa victoire sur le dragon. L’archange aurait même laissé la trace de son doigt sur son front. Voila de quoi faire fomenter dans les esprtis tortueux de scénaristes des idées plus farfelues les unes que les autres. Toutefois, on ne joue pas n’importe comment avec un grand site et surtout le monument le plus visiter de notre cher hexagone. Ce sera donc avec le concours du centre des monuments nationaux et une co-publication avec les éditions du Patrimoine que sortira ce “Mont Tombe, la dernière légende du Mont Saint-Michel”.
Le scénario de la première histoire en manga du Mont Saint Michel est confié à Izu. Ce dernier a l’habitude de nous régaler comme scénariste de BD franco-belge comme sur “Crusades”, où il s’attaquait déjà à des mythe chrétiens, mais aussi en mode manga comme sur “Omega Complex” ou encore “Lords of Chaos”. Certainement pour des questions de droit, les marchands du temple du mont verront leurs noms légèrement changés, la Mère Poulard devenant ainsi la Mère Moulard. Par contre, le scénariste est resté fidèle à la topographie du site et a pu s’appuyer sur la collaboration d’experts du Mont comme Jean-Marc Cobac. L’histoire de “Mont Tombe, la dernière légende du Mont Saint-Michel” se base principalement sur l’apocalypse selon Saint Jean et le mythe de Saint Michel tuant le dragon. Izu relie en respectant au mieux la structure de l’abbaye du Mont les différents reliefs à tous les écrits et mythes tournant autour de l’apocalypse, mêlant ésotérisme et enquête policière. Car attention, pour rester réaliste, le mangaka ne tombera à aucun moment dans le fantastique, restant dans un champ utilisé pour ne pas dire usé par Dan Brown. Le mont prend une telle place dans le récit que le lecteur a un peu de mal à s’attacher à ses personnages, un peu trop superficiels pour être vraiment intéressants. C’est aussi toute la difficulté du one shot, l’histoire devant impérativement tenir dans ce volume, sans laisser le lecteur sur sa faim. De ce côté, Izu a su mener son récit en respectant une structure classique et surtout une vraie conclusion, expliquant tous les phénomènes que devront affronter ses héros.
Et si le lecteur ne s’attache pas aux personnages, c’est aussi par le peu d’intérêt graphique qui leur est apporté. Le style de Asan est un peu trop simple au niveau des traits des visages. Mais le plus irritant est certainement ces bouches irrémédiablement fermées quelle que soit l’émotion que ressent le personnage, les rendant peu expressifs ou de mauvais acteurs. A croire que le dessinateur a porté toute son attention au décor et au Mont, oubliant l’existence même des personnages qui semblent parfois totalement transparents, ce qui rend la scène finale, sensée être tendue et pleine de suspens, d’une grande platitude. Oui, le seul véritable personnage de cet album est le mont, ce qui était peut-être totalement voulu par les auteurs mais qui appauvrit malheureusement l’histoire et la qualité des planches de ce tome. Le lecteur finit par se demander si Izu n’aurait pas mieux fait d’écrire une nouvelle en l’illustrant avec les photos qui ponctuent chaque chapitre ou encore des dessins du Mont ou de l’abbaye qui sont plutôt réussis.
“Mont Tombe, la dernière légende du Mont Saint-Michel” est peut-être la première histoire sur le mont en manga mais elle ne restera pas dans les annales.
Mont Tombe, la dernière légende du Mont Saint-Michel
Scénario : Izu
Dessin : Asan
Editeur : Glénat
Format : 145 x 210 mm
Pagination : 176 pages noir et blanc
ISBN : 9782344008980
Parution : 16 septembre 2015
Prix : 10,75 €
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