La lecture du sommaire m’a laissé dubitatif. Si les deux premiers auteurs sont connus, les quatre suivants sont de parfaits inconnus pour moi. Rien d’étonnant à la lecture des présentations, il s’agit souvent d’une de leurs premières publications. Cela s’en ressent...
“Tarzan et moi” de Sébastien Socias est totalement hors sujet. Johnny Weissmuller, le plus célèbre interprète de Tarzan, reconverti en portier, il faut bien vivre. Et alors... Sans intérêt.
Dominique Lémuri nous livre un texte aux accents lovecraftiens. Lors de ses recherches ésotériques, un moine reclus rencontre Hellébore, une jeune fille à l’étrange pouvoir qui les autorise à franchir le pas et voir ce qui se passe de l’autre côté...
L’idée d’utiliser le journal du moine pour conter les évènements est discutable, “In Oculis Veritas” n’apporte pas grand-chose au corpus de Lovecraft et s’oublie vite.
Science-fiction avec “Rédemption” de Nicolas Lefebvre. Landelin est un assassin et son nouveau contrat l’entraîne sur la route de Roxane, une artiste en tournée. Pourquoi dérange-t-elle ?
L’auteur place son histoire dans la ville de Talin, une très belle création bien mise en valeur sur la longueur forcément limitée de la nouvelle. L’intrigue est prenante, Landelin s’avère un personnage torturé. Tous les ingrédients pour nous faire passer un bon moment.
Le plus long texte au sommaire est l’œuvre d’un débutant : Bruno Pochesci. Son titre “Les Retournants” ne fait pas dans l’originalité. Il surfe clairement sur la série à succès « Les Revenants » de Canal +.
Il s’agit bien de morts revenant à la vie. Pourquoi ? Si on en connaît la raison, on ignorera le comment. On suit Pierre-Mehdi, un sergent mort pour la patrie, qui s’éprend d’une de ses semblables, Adèle.
Si l’entame m’a fait craindre le pire, autant par la forme que par le fond, l’avancée dans “Les Retournants” m’a fait réviser mon jugement. Même si tout n’est pas parfait, on se prend au jeu, à cette cavale aux allures farfelues. Une autre référence nous vient d’ailleurs à l’esprit.
Au final, le sentiment est des plus positifs, l’histoire marque notre esprit, car Bruno Pochesci a su faire preuve d’originalité.
Les deux autres auteurs de nouvelles sont des écrivains chevronnés : Jean-Pierre Andrevon et Claude Ecken.
“Poussière” du premier m’a perdu. Quel en est vraiment le propos ? Alzheimer, univers parallèles... Il s’en dégage une certaine nostalgie, mais le manque de clarté, sûrement volontaire, m’a dérangé.
Claude Ecken nous fait vivre les derniers jours d’un chat, mais pas n’importe lequel. Amos a été opéré dès son jeune âge pour lui donner la parole. Si le procédé a parfaitement fonctionné sur sa sœur, Amos ne dit rien. L’expérience a été décriée, le scientifique rejeté de la communauté...
“Parole de chat”, un récit fascinant au rythme lent, qui trouvera en chacun de nous un écho. Une belle réussite qui prouve que Claude Ecken est un des plus grands nouvellistes français.
Dans les articles, Franck Jammes revient sur l’épopée BD de Valérian et Laureline, de la bonne science-fiction française qui aura et fait encore rêver bien des lecteurs. Très bon.
Pour qui connaît l’excellent et hélas trop rare « Le Boudoir des Gorgones », « Les Petits Hommes de la Pinède » d’Octave Béliard leur sera connu. Pour les autres, c’est l’occasion de découvrir ce roman.
Deux autres courts articles s’intéressent aux rééditions BD de « Creepy » et « Eerie », ainsi qu’à l’architecte Claude Nicolas Ledoux.
Et bien sûr, comme il s’agit d’un numéro de « Lunatique », les chroniques de littérature sont remplacées par des chroniques cinéma.
Un numéro de « Galaxies-Lunatique » complet avec un dossier Christophe Vacher qui offre une belle ouverture sur l’art, une autre facette de l’imaginaire.
Le seul bémol se situe au niveau du choix des nouvelles. Plus d’attention dans les choix serait souhaitable.
L’autre aspect qui me dérange un peu, c’est de voir au sommaire une nouvelle d’un membre de l’équipe de « Lunatique », ainsi qu’une autre de son producteur de disques. De quoi délier les mauvaises langues, comme Jean-Pierre Andrevon en a conscience. Non sans humour, il s’en explique d’ailleurs et, vu le plaisir pris à la lecture des “Retournants”, on oubliera aisément cette accointance.
Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 23 (65 dans l’ancienne numérotation)
Sous titre : Lunatique 86
Directeur de publication : Pierre Gévart
Rédacteur en chef délégué pour ce numéro : Jean-Pierre Fontana
Couverture : Christophe Vacher
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : mai 2013
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€