Une société parfaite pourrait-elle exister ?
Jean Dufaux s’interroge sur ce sujet, en nous présentant une société utopique (ou plutôt dystopique, également appelée contre-utopie) ayant banni la maladie, la violence, le chômage et même les émotions. Une société dans laquelle, l’Homme est arrivé à un stade suprême de développement, chacun possédant un super pouvoir particulier. Idéal, n’est-ce pas ? Presque « Le meilleur des mondes »… le parallèle entre l’histoire et le roman d’Aldous Huxley (écrivain britannique, né le 26 juillet 1894 à Godalming au Royaume-Uni et mort le 22 novembre 1963 à Los Angeles) n’est pas si éloigné. On trouve une société divisée en castes, où la reproduction est entièrement artificielle et où à la place du soma, une drogue anxiolytique, la radio diffuse un air de musique. Mais sous ces aspects propres et policés, (sur)vivent encore des personnes « normales », dénommées « collapse » (littéralement : effondrement, éboulement ou reversement). Comme quoi même si une caste arrive en haut de la pyramide des besoins (Maslow), elle n’est pas forcément représentative de l’évolution d’une société entière.
Sans se livrer à l’eugénisme, nous trouvons une société fascisante, proche de l’apartheid. Les collapses peuvent, ponctuellement, accéder au monde supérieur par des permis délivrés par des centres d’évaluation. Ces centres sont plus des camps de redressement afin d’apprendre la bonne parole, en oubliant peu à peu la mémoire collective et où leur humanisme disparaît. En poursuivant Gordon Ox, nous suivrons Dakota, une enquêtrice qui doutera peu à peu du bien-fondé des valeurs de sa civilisation. Il est dommage que Jean Dufaux ne nous livre pas une vue plus précise de la vie quotidienne des collapses, afin de mieux saisir les différences entre castes, le prochain tome y pourvoira certainement. En y pensant bien, le reflet de notre société actuelle n’est peut être pas si éloigné.

Déjà complice avec Jean Dufaux sur « L’impératrice rouge » déjà chez Glénat, Philippe Adamov retrouve un univers légèrement futuriste et décadent, où l’on retrouve certains lieux familiers des londoniens. Toujours dans son trait caractéristique, Adamov nous offre un dessin réaliste accompagné de décors en phase avec ce futur si proche. Intégrant sa vision architecturale, il se plait dans les grands espaces. Innovant dans les costumes et les coupes de cheveux, ses personnages ont la froideur de leurs rôles. La mise en scène est dynamique avec une recherche de cadrages originaux. Les couleurs ont été confiées à Greg Salsedo (« Ratafia » chez Treize Étrange). Sombres et ternes, elles accompagnent l’ambiance de l’album.

Les auteurs incorporent un hommage à Dick Tracy. Un comic strip, policier américain à succès, créé par Chester Gould, le 4 octobre 1931 dans le Detroit Mirror. Son personnage principal, un détective très intelligent, appartient à la culture pop américaine. La série durera jusqu’en 1977. On aperçoit aussi une affiche Zorro (mot qui signifie « renard » en espagnol), un personnage de fiction créé en 1919 par Johnston McCulley. C’est un justicier masqué vêtu de noir qui combat l’injustice en Californie espagnole au XIXe siècle. Ce personnage a inspiré des romans, des bandes dessinées, des films, des séries télévisées, des dessins animés, et des jeux. Doc Bismarck ressemble à Crâne rouge (The Red Skull en anglais), un super-vilain appartenant à l’univers de Marvel Comics. C’est un des principaux ennemis de Captain America.
Un tome correct qui manque d’un petit quelque chose pour vraiment décoller. Cette lacune sera peut être rattrapée dans le prochain tome.
Dakota (T1)
Scénario : Jean Dufaux
Dessin : Philippe Adamov
Couleurs : Greg Salsedo
Collection : Grafica
Éditeur : Glenat
Dépôt légal : 13 juin 2012
Pagination : 56 pages couleurs
Format : 240 mm x 320 mm
ISBN : 978-2-7234-7282-1
Prix : 13,90 €
©2012, Éditions Glénat