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Pape terrible (Le) (T1) : Della Rovere
Alejandro Jodorowsky & Théo
Delcourt (Histoire & histoires)

Suite à la mort du pape Alexandre VI, la course au trône de l’Eglise est lancée. Parmi les prétendants au titre, la corruption est une meilleure alliée que la prière. Le cardinal Della Rovere plus particulièrement est près à tout pour parvenir au pouvoir. D’habiles jeux d’alliances en meurtres éhontés, il ne recule devant rien pour arriver à ses fins, assisté par son jeune et bel amant Aldosi, bien utile lorsqu’il s’agit de transactions charnelles.



Prévu pour être un diptyque, le récit s’inspire d’une base d’Histoire que l’auteur prolifique agrémente, à raison. Comme il le dit dans une interview (disponible sur le site de Delcourt), il est « un romancier, pas un historien ».
De fait, il tisse la réalité avec la fiction, liant les deux pour créer un ensemble à la fois plausible et riche en péripéties. D’une mort de maladie, il fait un meurtre par empoisonnement et il se sert des rivalités historiques pour étayer un récit empli de manipulations et de stratégies. En ce sens, l’album est intéressant. On suit une véritable intrigue tortueuse, menée avec brio.
Cependant, la moindre des choses que l’on puisse dire, c’est que Jodorowsky n’y va pas de main morte avec l’Église et la chrétienté.

En caricaturant, on peut dire que les anticléricaux seront extatiques, les religieux outrés. Lorsque l’on a un peu de détachement ou une once de respect pour la religion, force est de constater que l’auteur met un point d’honneur à la discréditer. Si nombre des crimes et des vices des Borgia sont historiquement avérés, ceux dont Jodorowsky accable Jules II le sont moins. Évidemment, l’Histoire est suffisamment défaillante pour être propice à l’imagination, mais l’auteur en fait quand même beaucoup pour noircir Della Rovere et toute la clique cléricale de l’époque.
Du coup, c’est parfois un peu lourd. Si au départ on peut être subjugué par l’audace et l’irrévérence, on est vite lassé de ne trouver aucun élément pour racheter les personnages, si ce n’est l’amour profond qu’éprouve le « héros » pour son jeune amant. Guidés par le stupre et les plaisirs charnels, machiavéliques ou fous, corrompus ou corrupteurs, assassins, tortionnaires, traitres… Aucune vertu est accordée aux représentants de Dieu.

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Cependant, malgré ce sombre tableau, on ne peut nier que la trame de l’histoire est intrigante et bien gérée. Le dessin de Théo n’est pas pour dévaloriser l’album. D’un bout à l’autre, il est vraiment beau et expressif. Que ce soit les personnages ou les vues architecturales, chaque case est un véritable plaisir pour les yeux. Rehaussé par une colorisation moderne et soignée, il participe activement à nous faire adhérer à l’album, même lorsque la caricature cléricale menace de faire décrocher.

En bref, un album intéressant et qui ne manque pas d’atouts, même si le point de vue de celui pour qui « la mafia d’aujourd’hui est la fille de l’Église d’hier » manque un peu de nuances.


(T1) Della Rovere
- Série : Le Pape Terrible
- Scénario : Alejandro Jodorowsky
- Dessin : Theo
- Couleur : Sébastien Gérard
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Histoire & histoires
- Dépôt légal : octobre 2009
- Format : 230 x 320 cm
- Pagination : 56 pages couleurs
- ISBN : 978- 2-7560-1444-9
- Prix public : 13,95 €


© Guy Delcourt productions (2009)



Myriam Bouchet
1er août 2010




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