Une fois n’est pas coutume, plutôt qu’un livre, je vais critiquer un site web. Et comme qui aime bien châtie bien, je m’en prends à l’un de mes éditeurs préférés : Mnémos.
Cela faisait un bon moment, entre les Imaginales et cet été, que le site n’était plus mis à jour, malgré des sorties de qualité (le dernier volume de Frankia, Djeeb le Chanceur, entre autres), et que le même message d’excuse et d’invitation à la patience nous accueillait.
Douché par cet immobilisme se confondant avec une rigor mortis numérique, cela faisait quelques jours (semaines... ?) que je n’y avais pas remis le nez. Et là, whaou ! Enfin !
Mon premier avis a été “Magnifique !”
Et puis... J’y ai regardé de plus près. Un peu, puis beaucoup... Et là, ce fut le drame.
Visuellement
Intéressons-nous déjà à l’arrière-plan. La couleur sable n’est pas désagréable, et ne gêne pas la lecture. Mais le mélange iconographique déversé dessus est assez troublant.
Je n’ai rien contre les runes, les caractères elfiques, les constellations et les gravures encyclopédiques, bien au contraire, tous ces éléments cadrent bien avec la ligne éditoriale de fantasy, SF et steampunk.
Passe encore les cadrans froids des boussoles, malheureusement trop sobres au lieu de chercher une touche médiévale ou futuriste...
Mais les portées musicales ? Et ces courbes statistiques colorées dans la colonne de gauche ?
Colonne au passage rayée de zones plus contrastées, sur lesquelles le menu tombe très maladroitement, déborde d’une case à l’autre, finit à cheval... Idem pour les catégories “créateurs” - “diffuseurs” - “lecteurs”, incluses définitivement dans l’image au lieu de “flotter”, mais là je pinaille. N’empêche que c’est le B.A.BA du web...
Dynamiquement
Le site est on ne peut plus statique, simple base de données qui va même jusqu’à montrer du code sur ses listes alphabétiques (en même temps, on sait ainsi tout de suite qu’il y a 57 auteurs signés chez Mnémos, 25 illustrateurs...)
Figé donc, sauf... dans la galerie des titres, où on passe sur une animation Flash, très “catalogue à feuilleter”, où les ouvrages sont classés par genre (c’est bien), mais dont il n’est pas possible de voir plus que la couverture et le résumé ! Aucun lien vers la fiche ! Aberrant, je n’ai pas d’autre mot.
Intellectuellement
Le menu principal, sous la bannière pas vilaine (mais guère inventive), donne accès aux collections, et met en avant les toutes jeunes “Dédales”, “Ourobores” et “Essai/Anthologie”, pour l’instant guère fournies, la faute à la jusqu’ici vorace “Icares”.
Les fiches livres sont plutôt bien fournies, les bibliographies des auteurs complètes jusqu’à leurs publications chez la concurrence, un bon point à signaler.
Les liens vers les biographies et bibliographies des auteurs et illustrateurs sont assurés. En ce qui concerne leurs pages personnelles, il semble y avoir quelques liens corrompus, mais rien qui ne se corrige rapidement...
Finalement...
Je serais tenté de dire que la montagne accouche d’une souris... Et puis me dire, après tout, qu’il ne fait pas juger l’écrin outre mesure...
Ce serait donc exagéré de ne pas saluer cette nouvelle vitrine, qui, si elle ne brille pas par son inventivité, sa technicité ou son souci du détail, permet enfin d’accéder à ces joyaux de l’Imaginaire français d’aujourd’hui, et reconnaître l’excellent travail éditorial de Mnémos, dont la dernière livraison est plus qu’alléchante, de son contenu aux nouvelles couvertures, et dont (j’espère) nous vous parlerons très bientôt sur la Yozone.
