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Fil de la vie (Le)
Film Danois de Anders Ronnow-Klarlund (2003)
16 février 2005


Genre : Fantastique (Marionnettes)
Durée : 1h31

Kharo, empereur d’Hébalon, se suicide en laissant une lettre pour son fils, Hal, dans laquelle il l’enjoint de mettre fin à la guerre contre les ennemis ancestraux, les Zérith, et de ne pas commettre les mêmes erreurs que lui. Mais le frère de Kharo, avide de pouvoir, maquille le suicide et fait croire à un meurtre commis par les Zérith. Puis il pousse le jeune et impétueux Hal à partir venger la mort de son père. Une fois débarrassé de Hal, il pourra alors s’emparer du trône.
Au cours de son voyage, Hal découvrira la vérité sur la rivalité entre Hébalon et Zérith, le vrai visage du pouvoir... et rencontrera l’amour.

On pourrait croire de prime abord que ce long métrage danois est un film de marionnettes au sens classique, c’est à dire dans lequel les personnages sont « joués » par des marionnettes. Or, Le Fil de la vie pousse le concept jusque dans ses derniers retranchements : ni humains, ni animaux, les personnages « sont » littéralement des marionnettes. Leurs membres sont animés par des fils qui montent jusqu’au ciel ; ils se retrouvent handicapés si une corde est coupée, et meurent lorsque c’est le fil de vie qui est sectionné. Cette « particularité anatomique » régit la vie quotidienne et est bien exploitée à travers de nombreux détails. Ainsi, la cité d’Hebalon est protégée par une simple barre de bois placées à quelques mètres de hauteur, qui empêche toute intrusion... à cause des fils des éventuels envahisseurs !

L’idée relève du coup de génie. Elle donne lieu à des détails astucieux, à des scènes amusantes (les copeaux de bois autour du berceau d’un nouveau-né), souvent spectaculaires (les forêts de fils montant au ciel lorsqu’une foule est rassemblée, ou les fils incendiés lors d’un combat particulièrement violent), voire à des scènes d’une poésie intense : la mort d’un vieillard et ses fils qui tombent autour de lui ; la naissance d’un enfant et les cordes qui descendent du ciel pour se connecter ; la Plaine aux Milles Guerriers dont les fils des cadavres sont gelés... Ce charme est accentué par le rythme lent, apaisant, du métrage (avec quelques scènes de combat, mais qui sont loin de l’hystérie des Blade et Matrix auxquels nous sommes habitués).

Ajoutons que les décors sont somptueux et appuyés par une superbe photographie. Tant mieux, car le scénario n’est pas avare en voyages : ville d’Hébalon, palais, marché, cachots, forêt, désert... Les marionnettes en bois sont également une réussite. Et bien qu’elles ne visent aucunement à quelque hyperréalisme (le visage est figé, on voit les fils et les articulations), elles dégagent une véritable chaleur humaine. On peut, au départ, être un peu troublé par l’absence de mouvement de la bouche, mais les voix bien identifées et des cadrages appropriés permettent au spectateur de trouver rapidement ses marques.

Plus gênant, certaines répliques sont stéréotypées, et le scénario est très archétypal : le frère du roi qui manœuvre pour évincer l’héritier du trône, les deux peuples ennemis qui devront se réconcilier, le caractère des personnages, bons et méchants.... En cela, l’histoire s’adresse à un jeune public plutôt qu’au spectateur plus expérimenté, ce qui n’est pas en soi un mal, mais elle s’avère trop écartelée entre les deux audiences (car il est aussi question de morts, d’esclavagisme, de mutilations) pour convaincre totalement. Toutefois, il y a dans cette œuvre danoise un peu de tragédie shakespearienne (Hamlet, justement !), voire grecque (les visages figés des personnages font penser aux masques des tragédies grecques ; et le tout début du film évoque étrangement une scène de théâtre) dont le lyrisme finit par tout emporter sur son passage.

Le Fil de la vie s’avère donc une excellente surprise, une expérience formelle inédite comme on en rencontre rarement au cinéma.


FICHE TECHNIQUE

Titre original : Strings
Réalisation : Anders Ronnow-Klarlund
Scénario : Anders Ronnow-Klarlund & Naja Marie Aidt

Producteurs : Mike Downey, Niels Bald, Sam Taylor

Photo : Jan Weincke, Kim Hattesen
Son : Hans Moller
Musique : Jorgen Lauritsen
Décors : Sven Wichmann
Costumes : Ingrid Soe

Production : Bald Film, Bird Film, Bob Film Sweden, Nordisk Film Production, Zentropa Films
Distribution : Haut et Court

Presse : Miam Communication (Blanche-Aurore Duault, Nathalie Iund & Stéphane Ribola).


Philippe Heurtel
16 février 2005



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