Être docteur dans un petit village est souvent un job tranquille. Pour Toshio Ozaki, c’était surtout s’occuper des quelques vieux qui mourraient tous les ans, mais cet été, rien ne semble normal. Il y eut d’abord ces trois morts à Yama Iri, découverts par le bonze du village. Bon, ils étaient tous âgés et semblent morts de mort naturelle, mais ensuite, ce furent des jeunes qui, soudain, meurent d’une étrange anémie. Toshio ne sait vraiment plus quoi penser. Le village est-il sous le coup d’une épidémie ? Et puis, il y a cette étrange famille qui vient d’emménager dans le château. Ils semblent avoir été en contact avec une partie de ces morts étranges. Toshio se retrouve soudain impuissant devant le chagrin des parents qui sont aussi parfois des amis. Deux jeunes filles de 15 ans ne doivent pas mourir d’une anémie, surtout aussi vite...

Voilà un manga qui m’a posé un problème pour rédiger ma chronique. Côté scénario, il n’y a vraiment pas à dire, Fuyumi Ono sait créer un suspense et une tension étouffante. Elle nous offre des coupables évidents avec cette famille arrivant au village. Tout est fait pour les accuser, mais qui sont-ils ? Ou plutôt que sont-ils ? Elle prend le temps de poser ses personnages, nous faire croire qu’elle nous présente sa magnifique héroïne qui nous accompagnera sur plusieurs tomes... pour la tuer implacablement. Cela faisait longtemps qu’un manga n’avait pas autant jouer avec mes nerfs. On entre dans l’intimité de ces jeunes gens perdus dans ce bled paumé pour mieux les voir mourir de cette étrange maladie.
Oui, le scénario est prenant et flippant. Et les dessins de Ryu Fujisaki ajoutent à ce malaise que fait naitre le récit de Fuyumi Ono... Mais c’est aussi ici que je vais mettre un gros bémol. Comme dans les meilleurs seinen, les décors et les ambiances sont magnifiquement rendus par ce jeune dessinateur (il a mon age, il est donc trèèèès jeune). Mais là où le bas blesse, ce sont les personnages. Le graphisme des jeunes laisse très sceptique, en particularité, cette zébrure sur leur visage, entre la fossette et la cicatrice, qui paraît bien étrange et déstabilisante. De plus, si les décors sont extrêmement réalistes, les personnages sont, par contre, typiques du manga avec les yeux ronds et parfois des positionnements bizarres. Par contre, le style donné aux membres de cette famille maudite pour provoquer la peur est très bien rendu et surtout très efficace.
En conclusion, malgré un petit scepticisme sur le graphisme des personnages, “Shi Ki” est un excellent manga d’horreur, prenant, envoutant, angoissant, incontournable. Un classement shonen-up très largement mérité !
Shi Ki (T1)
Scénario : Fuyumi Ono
Dessin : Ryu Fujisaki
Traducteur : Arnaud Delage
Éditeur français : Kaze Manga
Format : 112 x 176, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 25 mars 2010
Numéro ISBN : 2-84965-782-9
Prix : 6,95 €
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