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Morsures de l’Ombre (Les)
Karin Giebel
Pocket, Policier, N°13622, suspense, 279 pages, août 2009, 6,50€

Le commandant de police Benoît Lorand reprend connaissance dans une cave transformée en cellule. Il se retrouve captif de Lydia, une inconnue, qui lui reproche un crime passé… un crime qu’il n’a pas commis ! Mais lequel exactement ? Comment s’est-il retrouvé dans cette situation ? La vérité est-elle enfouie dans ses souvenirs ?



Il est toujours réconfortant de voir un nouvel auteur du cru atteindre assez vite le succès : après Franck Thilliez, c’est au tour de Karin Giebel (qui a elle aussi commencé dans la défunte collection Rail Noir !) d’être plébiscitée par le public. Un brin de sang neuf ? Étudions donc son cas.

S’il est des romans dont on se dit qu’ils feraient de bons films, celui-ci, essentiellement construit autour de dialogues et de réminiscences, ferait une dramatique radiophonique de première bourre. Cela dit, l’auteur connaît ses classiques, le point de départ tenant autant de « Saw » que de « Misery ». Que peut-on imaginer de pire que de se retrouver enfermé et accusé d’un crime que l’on n’a pas commis (du moins le présume-t-on au début) par une folle impossible à raisonner ?

Alors bien sûr, avec un tel postulat, auquel s’ajoute un don diabolique pour distiller les révélations au compte-gouttes, un auteur doué joue sur du velours. Oui, on a envie de savoir et les pages se tournent toutes seules, ce qui est la marque d’un thriller digne de ce nom, et la taille mesurée de l’ensemble évite tout délayage.

— Et c’est là que le bât blesse un peu : après un suspense à couper au couteau, lorsque l’explication vient, elle est d’une simplicité confondante là où une vraie surprise aurait tiré le roman par le haut. Et surtout, le plaisir de lecture est atténué par un coda dans les dernières pages qui cède à la moralisation facile de type hollywoodien et semble justifier tout ce qu’a subi le personnage… quitte à reprendre l’excuse universelle de tout violeur au monde, comme quoi « cette garce l’avait bien cherché ». Un épilogue pas forcément utile qui laisse un goût amer dans la bouche et pousse à revisiter toute l’histoire sous un angle pas forcément agréable, notamment vu le déferlement d’horreurs effectivement dignes d’un « Saw » infligées au personnage, et donc au lecteur auquel on n’épargne pas une plaie ouverte ni un caillot de sang. Est-ce vraiment le goût amer de la haine que l’on sent poindre ? Avec qui exactement était-on censé s’identifier ? Sans donner dans le test comparatif stérile, on peut effectivement y voir le contrepoint d’un Thilliez qui, malgré les intrigues diaboliques de ces romans, ne cède jamais au cynisme à la mode.

Donc, un mécanisme à distiller du suspense avec un talent d’horloger, à défaut d’originalité, quelque peu gâché par une fin sans surprise et un épilogue moralisateur. Ce qui en fait un livre qu’on dévore, mais qu’on n’aura pas forcément envie de relire. En tout cas, un auteur à suivre.


Titre : Les Morsures de l’Ombre
Auteur : Karin Giebel
Couverture : Andrew Davis/Trevillion et Bo Zaunders/Corbis
Editeur : Pocket
Collection : Policier
Première édition française : Fleuve Noir, 2007
Site internet : site éditeur
Pages : 279
Format (en cm) : 18 x 11
Dépôt légal : Août 2009
ISBN : 978-2-266-18136-5
Prix : 6,50 €



Thomas Bauduret
7 mars 2010


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