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Un nouveau monde : La Survivante, Le Dôme, La Dernière Tempête
Gilles Fontaine
Magnard Jeunesse, 180 pages,

La Disparition annonça le début de la fin pour les adultes qui se volatilisèrent. Seuls les enfants survécurent dans ce monde nouveau. Un monde à rebâtir. Peut-être sur de nouvelles bases, plus saines, plus égales. Mais c’était sans compter sur la nature humaine.



Afin de survivre, les enfants se regroupèrent en communautés pour la plupart pacifistes. En apparence tout du moins. Car des seigneurs réapparurent, mais aussi de faux prophètes, comme Kito qui régnait sur le Dôme à force de mensonges. Et le mauvais temps prit ses quartiers. Les enfants décidèrent de fuir la faim, l’esclavage, la misère. Une course vers le grand sud idéalisé. Mais là encore, les obstacles étaient nombreux avant de vivre dans un Nouveau Monde...

Gilles Fontaine a voulu aborder un univers vidé de ses raisons de vivre, un univers où il ne se passe rien car rien n’existe plus. Gageure que voilà ! Et pourtant, Fontaine, en se concentrant sur ses personnages réussit un tour de force.

L’héroïne que l’on découvre dans le premier tome est l’incarnation du passage de l’innocence à l’âge adulte. Car c’est de maturation et de quête de soi que parlent ces livres. Lisa, d’abord effrayée par les situations d’isolement et de peur des autres, va se révéler et œuvrer pour sa propre survie. Elle combattra sans complexe, mais pas sans questionnements, d’autres jeunes qui ont préféré trouver refuge dans la violence.

Le premier tome de la trilogie, La Disparition, est un véritable exercice de suspense. Tout se trouve dans l’ambiance. Le malaise s’installe subrepticement et le lecteur se surprend à s’isoler lui-même, étant happé par l’atmosphère oppressante régnant entre les lignes. L’angoisse de l’héroïne devient son angoisse. C’est là une maîtrise de la dramaturgie que l’on ne peut que saluer (Et c’est là le premier roman du sieur !).

Dans Le Dôme, le temps a passé et les enfants se sont organisés. L’auteur change de braquet et sors de sa vision du vide à apprivoiser. C’est désormais l’heure de la reconstruction. Ainsi que des questions majeures : que faut-il faire ? doit-on reproduire le monde précédent avec ses travers ? Et Fontaine d’intégrer un personnage, Elias, qui a été exploité par les adultes dans le monde d’avant et qui pense que Dieu a donné la chance aux enfants de tout reconstruire, de faire table rase du passé, et surtout d’améliorer la vie de tous. Mais l’humain reste humain, et Elias va découvrir à ses dépends que la manipulation des plus forts sur les plus faibles est toujours d’actualité et que les changements possibles sont œuvres de personnes, et surtout que rien n’est si simple. On relèvera l’inspiration de Sa majesté des mouches dans ce texte intense où la cruauté des uns s’oppose à l’humanisme des autres.

C’est la survie qui règne sur le dernier tome. Une tempête effroyable pousse les enfants, et des adultes survivants, à fuir vers le sud, terre d’espoir face au froid. Mais là encore, les luttes de pouvoir sont légion. L’individualisme doit-il être le maître mot ? Faut-il penser pour la communauté ? Faut-il sacrifier certains pour le bien de la communauté ? Autant de questions au fil des pages des trois tomes qui ont permis à Gilles Fontaine d’écrire une trilogie dans la plus pure veine des “ survival ”, mais avec une intelligence appréciable. De plus, il entraîne le lecteur sur des structures narratives différentes dans chaque volume, ce qui donne un goût agréable de changement. De plus, l’évolution des personnages est telle que l’on s’attache à chacun sans difficultés, mais surtout on trouvera écho au moins dans l’un d’eux.

C’est bien écrit, bien raconté, bien monté, le tout sur un sujet casse-gueule au départ et pourtant on est tenu jusqu’au bout. Que dire ?


Michael Espinosa
26 février 2005


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