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Langage des Pierres (Le) – T2 : Le Dit de l’Eau
Pamela Freeman
Pygmalion, Fantasy, roman, traduit de l’anglais (Australie), fantasy, 516 pages, novembre 2009, 21,90€

Les morts ramenés à la vie par Épervier sèment la terreur. Ce dernier cherche à venger son peuple, massacré et débouté de ses terres par Acton et les siens voilà plus de mille ans.
Ronce, Frêne et Martine, aussi des Voyageurs donc des descendants des habitants légitimes des Onze Domaines, veulent empêcher que le noir enchanteur poursuive son œuvre.
Pour cela, la seule solution qu’ils imaginent est de ramener Acton à la vie, afin qu’il puisse apaiser les esprits en regrettant ses actes.
Ronce part avec Martine et d’autres pour découvrir où reposent les restes d’Acton. Le pouvoir de l’eau lui permettra de suivre les pas d’Acton du temps de son vivant.
De son côté, Frêne va essayer d’apprendre les chants qui ressusciteront Acton à partir de ses ossements.
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« Le Dit de l’Eau » poursuit Le Langage des Pierres là où « Le Dit du Sang » l’a laissé.
C’est aussi 500 pages d’une écriture petite et serrée, donc un nombre de signes conséquent. Pourtant, l’impression de longueurs n’existe pas. Avec Le Langage des Pierres, nous avons plus affaire à une seule œuvre qu’à trois tomes bien démarqués.
Si le premier opus se résumait notamment à poser l’intrigue et à amener les trois personnages principaux à se croiser, ici chacun va emprunter sa propre voie, souvent celle édictée par les Dieux ou par le lancer des pierres par un divinateur.

Épervier n’aspire qu’à la vengeance, mais d’une façon qui rebute presque tous les Voyageurs. Ronce, Frêne et Martine n’imaginent pas lui laisser les mains libres. Ils s’allient à la Source des Secrets, une confidente des Dieux, et à son oncle, ainsi qu’à Zette et Chanvre, deux frères et sœurs.

Pour les suivre dans leurs missions, Pamela Freeman introduit plusieurs trames narratives, la plus intéressante étant celle de Ronce qui plonge dans les eaux du passé, afin de trouver la dernière demeure d’Acton. Elle découvre qu’il est bien loin de l’image du conquérant sanguinaire que tout le monde lui prête. Sous forme d’extraits, marquants ou plus intimistes de son passé, l’auteure nous le présente de très belle manière.

Alors que le roman ne couvre finalement que quelques jours, l’auteure parvient à l’étendre dans le temps en s’affranchissant des frontières spatio-temporelles. Elle nous donne presque le tournis, car nous perdons vite nos repères. De même, il est facile sur la longueur d’oublier la mission première, celle d’empêcher le noir enchanteur de poursuivre ses actes.

Pamela Freeman ne fait pas dans la facilité, elle mène son récit de façon à bien nous exposer tous les tenants et aboutissants. Pendant que Ronce erre dans le passé d’Acton, Martine décrit le présent. Leof, un officier de Thegan, le Seigneur de Guerre aux visées expansionnistes, nous présente la situation du point de vue plus cartésien de gens qui ne conversent pas avec les Dieux. Frêne, lui, va retrouver son père afin d’apprendre sa véritable nature et comprendre pourquoi des chants lui ont été délibérément cachés.
Le lecteur passe de l’un à l’autre, se prend même à attendre le retour de l’un pour savoir comment il négociera tel évènement. Le procédé n’est pas neuf, mais efficace et bien adapté à l’histoire.

L’auteure introduit de nouveaux détails qui, mine de rien, offrent de nouvelles potentialités. Martine voit en Frêne un divinateur. La suite lui donnera raison, mais il reçoit un jeu de pierres inédit. Dans les Abymes, son véritable moi lui est révélé, ce qui nous laisse songeur, car la fin tombe comme un couperet, nous empêchant de savoir de ce dont il s’agit vraiment.

Pamela Freeman continue à nous intéresser au devenir des Onze Domaines. Le hasard ne domine pas, car les Dieux y veillent et les pierres donnent des indications sur le futur. Mais quand on ne croit ni à l’un ni à l’autre, comment envisager l’avenir alors que les morts se relèvent, avides de vengeance ?
Épervier apparaît renforcé, alors que les simples hommes prennent conscience de leur vulnérabilité, aussi puissants soient-ils.

Même si l’action est plus présente que dans « Le Dit du Sang », Pamela Freeman nous réserve de beaux passages plus poétiques, plus sentimentaux, qui apportent encore une dimension supplémentaire à cette trilogie, décidément de belle facture.

Avec ce second tome, elle ne tombe pas dans les travers de nombreux autres auteurs qui raisonnent souvent en termes de volume de transition, sans grande ambition et en faisant du remplissage.
Pamela Freeman nous conforte dans notre sentiment de tenir là une œuvre forte de fantasy. C’est bien écrit, bien tourné et prenant.
Donc à suivre.


Titre : Le Dit de l’Eau (Deep Water, 2008)
Série : Le Langage des Pierres (The Castings Trilogy), tome 2
Auteur : Pamela Freeman
Traduction de l’anglais (Autralie) : Brigitte Mariot
Couverture : Alain Brion
Éditeur : Pygmalion
Collection : Fantasy
Directeur de collection : Thibaud Eliroff
Site Internet : Roman (Site éditeur), Le Langage des Pierres (Site auteur)
Pages : 516
Format (en cm) : 24 x 15,2
Dépôt légal : novembre 2009
ISBN : 978-2-7564-0228-4
Prix : 21,90 €



François Schnebelen
24 février 2010


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Illustration d’Alain Brion



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