Six ans après « Sabriël », Garth Nix est revenu dans le même univers, situant les évènements de « Liraël » un peu plus de quatorze ans plus tard. L’histoire se déroule dans l’Ancien Royaume, le territoire où la mort et le vivant se côtoient.
La série était à l’origine publiée sous la forme d’une trilogie, il n’en est pas fait mention dans la présente édition. Avoir lu le précédent tome n’est pas une obligation, mais pour une bonne compréhension du contexte, c’est tout de même préférable.
Le roman a beau frôler les 630 pages, il ne s’en lit pas moins vite, car Garth Nix est un formidable conteur. Il mène rondement son récit, sans jamais blaser. Son style alerte et coulant appelle à la lecture. Il nous entraîne sur les traces de Liraël et Sameth, deux jeunes adultes très différents. Liraël va de l’avant, elle est volontaire, courageuse, alors que Sameth traîne la jambe, le crainte de devenir l’Abhorsën et de devoir affronter Hedge le paralyse.
Sabriël et Gwynplaïn, les deux personnages centraux de « Sabriël », n’apparaissent que fort peu, ils arpentent l’Ancien Royaume pour lutter contre les morts-vivants ramenés sur terre, ce qui les oblige à confier leurs administrés à leurs enfants. Si leur fille Ellimëre se charge sans problème du pouvoir, Sameth trahit leur confiance.
Liraël sillonne les salles de la bibliothèque du Glacier des Clayr, outrepassant largement ses droits. Pour oublier l’absence du Don de Clayrvoyance, elle se jette dans l’apprentissage de la Magie de la Charte, allant jusqu’à créer à partir d’une statuette la chienne infréquentable, un grand bâtard noir, qui devient son amie et confidente. Avec le chat Moggët, ils formeront une belle paire d’animaux parlants aux rôles ambigus. Les aventures de Liraël s’avèrent palpitantes et ses origines intriguent. Pourquoi est-elle si différente des autres Clayr ? Qui est son père ? Dans le dernier tiers du roman, quelques indices mettront les lecteurs sur la voie et ouvriront de nouvelles perspectives.
Aussi bien Liraël que Sameth se révèlent attachants, même si les sentiments qu’ils éveillent diffèrent. Les suivre estompe le nombre important de pages et, une fois la dernière ligne lue, on se prend même à regretter que ce soit déjà fini. Et pour cause, « Liraël » ne débouche pas sur une réelle conclusion. Liraël sait à présent qui elle est vraiment et décide, avec Sameth, d’affronter le nécromancien Hedge et la terrible créature qu’il cherche à libérer.
Dans ce tome, Garth Nix développe davantage l’histoire de l’Ancien Royaume et de la scission entre la Franc-Magie et la Magie de la Charte. Même si certains passages sont assez durs, « Liraël » convient parfaitement à un jeune public qui a soif d’aventures et rêve de vivre de grandes choses. Le parcours initiatique auquel nous convie Garth Nix l’enchantera aussi bien qu’un public adulte. L’auteur met aussi en avant un problème d’actualité, celui des immigrés renvoyés dans leur pays sans tenir compte du contexte. Il ne se contente pas de nous émerveiller, il nous fait aussi réfléchir.
Dans cette édition, Hachette Jeunesse soigne particulièrement l’esthétique. La magnifique couverture signée Julien Delval et la présentation intérieure sont à la hauteur du récit et ne peuvent que donner envie d’ouvrir ce livre, avant d’être happé par la magie de Garth Nix.
C’est avec beaucoup d’impatience que l’on attendra la sortie d’« Abhorsën », la suite du présent volume !
Titre : Liraël (Lirael, 2001)
Auteur : Garth Nix
Première publication française : J’ai Lu Millénaires (2004)
Traduction de l’anglais (Australie) : Frédérique Le Boucher
Couverture : Julien Delval
Éditeur : Hachette Jeunesse
Site Internet : Roman (site éditeur) ; Le site des mordus de lecture
Pages : 628
Format (en cm) : 13,5 x 21,5
Dépôt légal : décembre 2009
ISBN : 978-2-01-201775-7
Prix : 14,90 €