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Hunger Games
Suzanne Collins
Pocket, Jeunesse, roman traduit de l’anglais (Etats-Unis), barbarie humaine organisée, 398 pages, octobre 2009, 17,90€

Avenir pas trop proche. Des États-Unis ne restent que 12 districts, dominés d’une main de fer par le Capitole. Suite à la rébellion des districts, la zone-capitale a instauré les Jeux de la faim. Chaque année, un garçon et une fille entre douze et dix-huit ans sont tirés au sort dans chaque district. Les 24 élus s’affronteront alors dans une arène de la capitale, sous l’œil de milliers de caméras et de leurs concitoyens. Avec à la clé, une vie de confort pour eux, et un rationnement moindre pour leur district.

Katniss est du district 12, celui qui extrait le charbon des mines. Elle braconne au-delà des barrières de sécurité pour nourrir sa mère et sa petite sœur, depuis le coup de grisou qui a emporté son père. Et pour obtenir plus de blé et d’huile, elle a accepté de faire inscrire plusieurs fois son nom sur la liste du tirage au sort.

Mais le jour du tirage, c’est le nom de sa sœur qui est brandi. Katniss se porte alors volontaire à sa place.



Pour l’accompagner dans l’arène, Peeta, le fils cadet du boulanger des bas quartiers où elle vit. Tous les deux n’ont guère de chance de revenir, face aux candidats de districts plus riches, dont certains se sont entraînés spécialement pour les Jeux.
Dans le train pour le Capitole, Katniss découvre l’abondance de nourriture, puis en arrivant dans la capitale gigantesque, le luxe, le gaspillage, la frivolité...

Dans la fièvre qui précède les Jeux, Peeta et Katniss sont conseillés par Haymich, le précédent gagnant issu de leur district, un poivrot notoire auquel ils peinent à accorder leur confiance.
Mais surtout, Katniss ne sait sur quel pied danser : il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur, et pourtant Haymich s’efforce de les faire jouer la comédie des amoureux. Peeta semble s’y plier de bonne grâce. Et s’il était vraiment amoureux de Katniss, depuis leur première rencontre des années auparavant ?
Mais l’un d’eux devra mourir... Car dans l’arène, s’il est possible de nouer des alliances, celles-ci ne durent guère, car à la fin, il ne doit y avoir qu’un seul survivant...

“Whaouh”

Je répugne à vous en dire plus, tant ce roman m’a enchanté ! Ou plutôt : “Whaouh !” Difficile de s’arrêter de lire, ainsi que le vante Stephenie Meyer sur la quatrième de couverture. Pour une fois qu’un argument racoleur est vrai...

Le roman brasse des thèmes de SF et d’anticipation à la perfection. Le principe de districts mono-industriels et plutôt pauvres assujettis au bon vouloir d’une capitale toute-puissante n’est pas nouveau, mais très bien traité. Seule l’imminence des combats à venir empêche Katniss de s’étendre outre mesure sur la profusion omniprésente de la capitale, mais ce qu’elle découvre (et nous fait partager via un récit à la première personne) est suffisamment éloquent. On mettra par contre quelque temps à se figurer la réalité du quotidien au district 12, pas si pauvre que cela (on s’imagine un confort spartiate, on est plus près de l’HLM du XXe siècle malgré une ambiance extérieure limite post-apocalyptique).
Les Jeux de la faim rappelleront à beaucoup le film (et le manga) « Battle Royale » avec Takeshi Kitano en guest-star. Dans la manière dont les choses se déroulent dans l’arène, les plus anciens se remémoreront également l’excellent et inaltérable « Sa Majesté des Mouches » de William Golding.

De l’anticipation intelligente

Dans l’arène, seule compte la survie, sous l’œil des habitants des districts. car la principale cible de ce roman est le voyeurisme, celui que nous expérimentons depuis déjà quelques années avec la télé-réalité. C’est ici une version absolue, totale, un exercice cruel, puisque le gouvernement impose la diffusion des Jeux à la population, pour leur rappeler qui commande depuis leur rébellion 75 ans auparavant. Et quoi de plus violent que de faire s’affronter des enfants, de 12 ans à presque adulte sans distinction, dans un combat à mort, avec comme carotte un an de prospérité et d’abondance relative pour leurs concitoyens ? De quoi transformer n’importe quelle tête blonde en machine à tuer...
Sauf... Sauf ceux qui sont trop faibles, et qui sont la proie des forts. Sauf ceux qui font confiance, et prennent un coup de poignard dans le dos... Sauf ceux qui n’ont aucune idée de ce qui les attend, tandis que d’autres s’y sont minutieusement préparé...
Sauf quand une jeune fille de 16 ans refuse les règles... Quand elle refuse d’assurer le spectacle...
Mais on ne brave pas le Capitole aussi facilement...

Réellement époustouflant

Relativement peu de coquilles à déplorer.

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Hunger Games - corrections


Une fois n’est peut-être pas coutume (surtout à mon goût), le livre vaut vraiment d’être un best-seller dans paraît-il 32 pays. Il aborde des problématiques majeures et souvent actuelles, et surtout, il ne prend pas, jamais, le lecteur pour un imbécile. Ado ou adulte, on s’attache sincèrement à ses personnages, pour la plupart complexes, et on ne demeure pas indifférent aux sujets abordés, aux rebondissements provoqués par les organisateurs, aux choix cornéliens que les jeunes sont contraints de faire.

Tout au plus pourrait-on reprocher à Suzanne Collins d’avoir contourné la difficulté majeure : jamais son héroïne ne se retrouve devant l’horreur d’abattre un ami (et ils sont rares). Généralement, un autre s’en charge, autre sur lequel elle exercera sa vengeance.

Chose qui me met rarement en joie, « Hunger Games » est (ou sera) une trilogie, le second volume étant prévu en France pour le mois de mai. Le premier chapitre est d’ailleurs rajouté en fin de volume. Et c’est là qu’est l’exploit : ce premier chapitre m’a réellement mis l’eau à la bouche ! On devine assez facilement les enjeux de ce deuxième tome, sous-titré “L’Embrasement”, qui narrera la tournée du vainqueur dans les 12 districts, six mois avant la nouvelle édition des Jeux.

Un seul conseil : Jetez-vous dessus les yeux fermés ! Mais dès que vous aurez entamé le livre, vous ne pourrez que les garder grand ouverts...

Deux petites choses pour finir :
- Pour ceux qui lisent l’anglais avec aisance (et qui ont fini les aventures du petit sorcier anglais à lunettes), les 2 premiers volumes sont déjà sortis en format poche, à moins de 10 euros, et disponibles notamment sur Amazon.

- Au rayon SF “Sport & loisirs & cruauté entre êtres humains”, signalons également deux ouvrages indispensables : « Wang » de Pierre Bordage et « La Guerre Olympique » de Pierre Pelot. Fortement conseillés si ce « Hunger Games » vous a plu.


Titre : Hunger Games
Série : Hunger Games, tome 1/3
Auteur : Suzanne Collins
Traduction (de l’américain) : Guillaume Fournier
Couverture : Tim O’Brien, Elisabeth B. Parisi & Phil Falco
Éditeur : Pocket
Collection : Jeunesse
Site internet : page roman (site éditeur), mini-site du roman
Pages : 398
Dépôt légal : octobre 2009
Format : 14 x 22,5 x 3,3
ISBN : 978-2-266-18269-0
Prix : 17,90 €



Nicolas Soffray
27 janvier 2010


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