Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Cités de Lumière (Les) – T1 : La Saison de l’Ombre
Daniel Abraham
Fleuve Noir, SF / Fantasy, Rendez-Vous Ailleurs, roman, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy, 372 pages, novembre 2009, 22€

Saraykeht est une cité portuaire florissante. Elle tire sa puissance du commerce du coton qu’elle maîtrise grâce au poète Heshai et à son andat Stérile. Ces deux êtres lui assurent la richesse et dissuadent le pays de Galt aux visées expansionnistes de l’envahir.
En effet, comment attaquer de face un adversaire qui peut retirer par magie les enfants du ventre de leurs mères en représailles ?
Malgré tout, une maison de commerce fomente un complot pour détruire le poète et donc libérer l’andat.



Daniel Abraham vit au Nouveau-Mexique. Il s’est surtout fait connaître par ses nouvelles, régulièrement nominées aux prix Hugo, Nebula ou World Fantasy. En collaboration avec George R.R. Martin et Gardner Dozois, il a écrit le livre de SF : « Le Chasseur et son Ombre ». « La Saison de l’Ombre » est son premier roman en solo et le premier tome de la tétralogie Les Cités de Lumière.

Daniel Abraham part d’un postulat plutôt original : les andats sont des idées auxquelles les poètes ont réussi à donner un corps. C’est ainsi que Stérile représente physiquement ce que Heshai aurait voulu être, mais l’andat a perdu sa liberté, devenant un esclave sous les ordres du poète, lui-même devant obéir au Khai, le maître de Saraykeht.
Grâce à ces deux êtres aux étranges liens, la cité a la mainmise sur le commerce du coton, car les pouvoirs de Stérile le débarrassent instantanément de toute impureté. Pas besoin de main-d’œuvre superflue. Bien sûr, l’andat ne supporte pas son état et cherche en toute occasion à nuire à Heshai, jusqu’à pactiser avec Wilsin, le chef d’une grande maison de commerce du pays de Galt.
Interviennent alors d’autres personnages-clés : Amat, la vieille intendante de la maison Wilsin, qui va s’intéresser de trop près au complot, Liat, son apprentie qui va se faire manipuler, Itani qui n’est pas celui que l’on croit et Maati, un apprenti-poète.

Après un prologue assez déroutant, car on ne retrouve pas d’emblée le personnage suivi, l’auteur nous plonge au cœur du complot. Daniel Abraham se plait à brouiller les pistes, Maati croit rencontrer son maître, alors qu’il ne parle qu’avec Stérile, beau, gracieux, mais aussi manipulateur.

Malheureusement, la suite perd vite de son intérêt. Rien qu’un aperçu grossier : Amat, la fidèle intendante, va fouiner et découvrir à partir de rien qu’un complot se trame. Wilsin va alors jouer l’amoureux transi et la sauver d’une mort certaine. Mais loin de lui être reconnaissante, elle cherchera par tous les moyens à lui nuire, devenant même maquerelle pour ce faire !

Daniel Abraham nous sert de la psychologie de bas étage à laquelle il faut être bien naïf pour adhérer. La vraisemblance constitue le cadet de ses soucis et, d’une bonne idée de départ, il construit un édifice qu’il saborde lui-même.
La découverte de la vraie nature d’Itani ne sauve pas le récit. Maati voit en lui son sauveur, alors qu’il n’est plus qu’un ouvrier agricole qui a perdu toute ambition. Et puis Liat qui a besoin de réconfort est une amante bien infidèle…
Rajoutons des descriptions de la ville qui plombent le récit. Des paragraphes entiers assez indigestes que l’on lit pour oublier aussi vite. Le style de Daniel Abraham ne nous marque pas par sa fluidité.

Alors si l’on additionne le traitement aberrant de l’intrigue aux lourdeurs de l’écriture, le manque d’action à des personnages auxquels le lecteur a beaucoup de mal à s’attacher, comment s’intéresser à « La Saison de l’Ombre » et donc aux trois tomes qui suivent ?
Que ce premier roman ait été encensé par la critique lors de sa sortie aux États-Unis représente une énigme.

Mis à part les idées apprivoisées sous forme humaine, un début à la construction un peu déroutante, un peu manipulatrice à l’image de Stérile, et une belle fin où Itani -celui qui ne veut pas se faire appeler Otah, mais le devient tout de même sous la plume de l’auteur- trouve le courage de faire ce que les autres n’étaient pas capable de faire, pas grand-chose à se mettre sous la dent.

La solution au problème galtien était si simple que quelques pages auraient suffi. Passer de la nouvelle au roman est périlleux et Daniel Abraham ne convainc guère.
La couverture très réussie, représentant Stérile et signée Larry Rostant, n’est pas représentative du contenu. « La Saison de l’Ombre » est une déception et Les Cités de Lumière démarrent sous de bien tristes augures.

Publiée chez le même éditeur, il est préférable de s’intéresser à la trilogie de fantasy maritime Le Voyage du Chathrand, écrite par Robert V.S. Redick et commencée en septembre 2009 avec « La Conspiration du Loup Rouge », ou encore au passionnant cycle d’Ea, plus classique, mais où David Zindell mène son récit de main de maître.
Une classe largement au-dessus.


Titre : La Saison de l’Ombre (A Shadow in Summer, 2006)
Série : Les Cités de Lumière (The Long Price Quartet, T1)
Auteur : Daniel Abraham
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Alexandra Maillard
Couverture : Larry Rostant
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : SF / Fantasy Rendez-Vous Ailleurs
Directrice de collection : Bénédicte Lombardo
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 372
Format (en cm) : 24 x 15,5
Dépôt légal : novembre 2009
ISBN : 978-2-265-08440-7
Prix : 22 €



François Schnebelen
22 janvier 2010


JPEG - 29.5 ko
Illustration de Larry Rostant



Chargement...
WebAnalytics