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Harmelinde et Deirdre
Nicolas Cluzeau
Nestiveqnen, Fantasy, Nouvelles (France), enquêtes magiques, 222 pages, octobre 2001, 15€

Harmelinde est une grande magicienne, spécialiste des flux ondilignes, mais aussi une enquêtrice de premier ordre. Aussi les nobles n’hésitent pas à faire appel à elle lorsqu’une sombre affaire met leur prévôté en déroute. Accompagnée de sa fille Deirdre, sarcastique mais obéissante apprentie, Harmelinde déjoue les maléfices les plus étranges dans ces six nouvelles au contenu varié. Assassin magique, démon millénaire, dragon de glace... préparez vous à d’étonnantes surprises.



Non, nous ne faisons pas un cycle Nicolas Cluzeau sur la Yozone. Mais force est de constater qu’à chaque opus entrouvert, on ne peut que reconnaître son talent.

Avec « Harmelinde et Deirdre », il expérimente un mélange entre la nouvelle de fantasy et la série d’enquêtes policières.

L’univers qu’il construit pour ses deux héroïnes est déjà assez sympathique et original : La mythologie emprunte à l’Olympe comme à Asgard. Les royaumes reprennent des cultures plus originales qu’à l’habitude, le Nord viking ou le désert arabe plutôt qu’un classique moyen-âge européen sur tout le continent. D’ailleurs, on se rapproche plus d’une Renaissance, plus civilisée, que d’une société brutale et guerrière.

La manière d’aborder la magie est l’ultime touche qui achève de moderniser sa fantasy. Elle est à la limite de la science, et malgré les noms fleuris des sortilèges (comme “La Chaleur Torride du Ventre du Dragon”), la manière de l’aborder relève presque d’une science pure comme les mathématiques. Les courants magiques sont qualifiés d’“ondilignes”, ils forment des nœuds qui les décuplent... Mis à part certains passages, cela ne va pas jusqu’aux équations à plusieurs inconnues, mais ici aussi, on est loin de la simple justification “C’est magique !”

Six perles aussi différentes que magnifiques

L’Affaire du Sang Ténébreux” ouvre le recueil et donne le ton. On découvre l’univers, la magie... Deirdre, encore petite fille, n’apparaît pas. Côté enquête, on voit se dérouler le schéma qui sera repris ensuite : la magie abonde, les créatures étranges et inconnues sont parties prenantes de l’énigme, que le lecteur ne pourra en aucun cas résoudre. Mais, et c’est là qu’il devient acteur, s’il ne peut deviner le comment, forcément magique, le qui et le pourquoi sont eux désespérément astreint à l’humain. Jalousie, rancune, vengeance... rien de nouveau chez nos semblables. “Sage comme une image” en est la parfaite illustration, où on découvrira l’assassin si on a deux doigts de subtilité.

L’Affaire de la Forêt Déménageuse” ramènera à la surface une scène bien connue du Seigneur des Anneaux, mais là encore Nicolas Cluzeau prend les évidences à contre-pied, avec des bestioles pas ragoûtantes mais finalement pas méchantes ni coupables.

L’Affaire du Millénaire Désanchanté” est une affaire d’arnaque, et peut-être l’une des plus réussies du recueil. Elle souffre à mon goût d’un trop grand passage expliquant et décrivant un flux magique (assez abscons pour le lecteur, il faut le dire). Mais là encore, Nicolas Cluzeau monte une histoire en peu de pages dont la puissance dramatique est incroyable. Le final est dur, étouffant, cruel... un merveilleux moment de lecture.

L’Affaire des Saveurs Oniriques” m’a semblé au final bancal. Après un début des plus pragmatiques (une affaire de concurrence déloyale d’un restaurant), l’enquête de Deirdre la conduit dans un fragment de monde peuplé de cauchemars et de fragments d’univers. Comme quoi, on ne sait pas toujours où un chemin nous mène. Malgré ou grâce à cela, cette affaire (qui n’est pas vraiment une énigme) se dispute ma préférence avec la dernière histoire, “Le Syndrome du Dragon Inversé”, qui clôt l’ouvrage avec une magnifique réflexion sur le Bien et le Mal, et la question des apparences trompeuses. Aux deux magiciennes s’ajoute un élémentaire de glace un peu lubrique, décuplant les pointes d’humour qui saupoudrent le recueil.

Une éraflure sur le diamant

Certaines nouvelles ont été publiées dans des revues, et on regrettera que l’éditeur n’ait pas procédé à une relecture sérieuse de l’ensemble, car malheureusement les coquilles abondent (une trentaine) dans ce petit recueil d’un peu plus de 200 pages.

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Harmelinde et Deirdre - corrections

Certes, il y a mes pinailleries habituelles (les noms propres avec une majuscule ici et pas là...) mais également de grosses fautes d’accords dans des phrases pourtant pas trop alambiquées, et quelques confusions.

Mais qu’importe ! Biffez-les d’un coup de mine de plomb, et ne vous privez pas de ces excellents textes si vous parvenez à mettre la main dessus, l’ouvrage étant un peu ancien.


Titre : Harmelinde et Deirdre
Auteur : Nicolas Cluzeau
Couverture : Sandrine Gestin
Éditeur : Nestiveqnen
Collection : Fantasy
Site internet : site éditeur
Pages : 222
Dépôt légal : octobre 2001
Format : 13 x 20 x 1,3
ISBN : 2-910899-35-7
Prix : 15 €


Nicolas Cluzeau sur la Yozone : son interview, son dernier roman paru : Les Cavaliers du Taurus, une incursion en jeunesse : Rouges Ténèbres


Nicolas Soffray
26 janvier 2010


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