Pandore... Dans l’Antiquité, c’était une femme qui, par curiosité malsaine, avait ouvert la boîte où attendaient de s’échapper les péchés capitaux pour contaminer les vivants. Avec “Pandora Box”, c’est en fait l’humanité tout entière qui joue avec le feu et qui, par le biais des aberrations technologiques et du chaos économique contemporains, permet à ces maux immémoriaux de proliférer.
De façon un peu démonstrative, mais selon une formule qui a fait ses preuves, chacun des huit albums de “Pandora Box” a pour titre soit un des sept péchés capitaux, soit - pour le huitième - cette Espérance que contenait aussi la boîte originelle. En ces huit occasions, Alcante brosse un portrait sans concession des travers et dérives de la société moderne : clonage humain, dopage, agriculture intensive, industrie pornographique, traficotages boursiers, biogénétique et expérimentations virales servent ainsi de trame à des récits au découpage précis et efficace, à défaut d’être original.

Car Alcante, loin de s’en défendre, revendique et assume l’héritage de stars de la BD, à commencer par le multiforme Jean Van Hamme dont il duplique avec habileté les intrigues politico-mafieuses - et dans “Pandora Box”, le personnage d’Adam Stream, premier clone humain et/ou enfant secret d’un ancien président des États-Unis, n’est pas sans accointances avec certaines des pistes essaimant la série “XIII”... Étant entendu qu’à côté de cette référence évidente, Alcante, avec ses incursions dans la SF et le fantastique, puise aussi à d’autres sources, dont les sagas à la Alan Moore, ainsi que, bien sûr, les thrillers cinématographiques où l’industrie hollywoodienne est passée maître...
Et donc, tout serait pour le mieux dans la meilleure des BD grand public, si... Si côté mise en forme, le niveau des dessinateurs impliqués dans ce projet marqué du sceau de l’urgence (huit albums publiés de janvier 2005 à mars 2006) n’était pas, lâchons le mot, aussi médiocre... Sans parler des pires exemples d’amateurisme, contentons-nous de relever que ce sont sans doute Roland Pignault et Milan Radovanovic qui tirent le moins mal leur épingle du jeu graphique, ce même Radovanovic qui par ailleurs, réalise avec Alcante la série “Jason Brice”...

Au final, un paradoxe inattendu de “Pandora Box” veut donc que ces histoires résolument prospectives soient traitées à la manière de séries du passé - fût-il proche -, et sans arriver à la cheville des modèles. Ce qui induit la gênante impression d’un retour en arrière : quand l’hebdomadaire Spirou proposait une rubrique Carte Blanche, où des dessinateurs débutants et pétris d’influences plaçaient du sous Géri ou du sous William Vance... Les histoires d’Alcante, pour schématiques qu’elles soient, valaient mieux que ça.
Chroniques d’un monde en crise/Au-delà des catastrophes, l’espoir ?
Série : Pandora box, l’intégrale (T1 & 2)
Scénario : Didier Alcante
Dessins (T1) : Pagot, Radovanovic, Dupré et Pignault
Dessins (T2) : Juszezak, Henriet, Damour, Pagot et Dupré
Éditeur : Dupuis
Dépôt légal : 6 novembre 2009
Pagination (T1) : 208 pages couleur
Pagination (T2) : 224 pages couleur
Format : 175 x 234 mm
Numéro ISBN : 978-2-8001-4564-8 et 978-2-8001-4565-5
Prix public : 18 € le volume
© Illustrations : Dupuis et les auteurs (2009)