Ce premier tome des “Seigneurs de Cornwall” intitulé “Le sang du Loonois” peut paraître difficile d’accès. En effet, la première page, qui synthétise les informations et le contexte géopolitique dans lequel se déroule l’histoire, est complexe. On doit s’y reprendre à deux fois pour tout comprendre correctement.
Le nombre de protagonistes présentés dans ce tome n’est pas pour aider à la compréhension non plus. Car en plus des personnages de l’armée du Cornwall et d’Hibernia, il faut ajouter les druides, les fées et les fomoires, ce qui porte le nombre de « groupes » en présence à cinq, chacun des protagonistes ayant bien évidemment des liens avec ceux des autres camps.
Pourtant, après quelques pages de survie dans un océan de prénoms différents, on découvre une histoire complexe et d’une grande richesse. Les éléments se mettent en place, les pions avancent et on comprend l’utilité de chacun dans la narration générale. Au final, on se dit que s’il y avait eu un seul personnage en moins, il aurait manqué dans la construction du récit. Le rythme des évènements suit également cette phase de compréhension. Au fur et à mesure que les éléments s’imbriquent, leur déroulement s’accélère et on voit la fin inéluctable approcher à grands pas, pris dans le tourbillon des affrontements.
La bande-dessinée présente, en simultané, deux histoires. L’Histoire avec un grand H, celle des nations qui s’affrontent et des rois qui tombent. Puis, il y a celle des histoires entre personnages qui, paradoxalement, ont un effet primordial sur le déroulement de l’Histoire. C’est en s’approchant au plus près de Rivalen, de Dame Blodwen, de Tristan et des autres personnages que le récit véhicule tout l’éventail des sensations, donnant lieu à une fin épique et un frisson dans le dos à la lecture de ces quelques mots : « Voit plutôt comment un breton sait mourir ».
Graphiquement, on en prend plein les yeux. Pour une fois, la couverture est à la hauteur des pages qui composent l’ouvrage. Les colorisations sont magnifiques, notamment les effets de lumière, comme on peut le voir sur les paysages, dans les reflets de l’eau ou dans les percées à travers les arbres.
Même si on regrettera des traits un peu anguleux et marqués sur les personnages, l’ensemble reste très agréable à l’œil. La première et la dernière page de l’œuvre, stylisée sous forme de vitraux ou de vieilles illustrations, témoignent du soin apporté à la mise en page. Ajoutons à cela le mélange toujours réussi entre l’horreur de la guerre et l’érotisme des formes féminines dénudées, et vous obtenez un ouvrage des plus réussis.
L’ensemble est plutôt pessimiste et ressemble à la présentation de la genèse d’un héros. Le petit Tristan, fils de Rivalen, semble porter sur ses frêles épaules le poids des prochains tomes. Cet opus sert d’ailleurs à placer le contexte, les lieux et les personnages. Tout est à feu et à sang et la suite sera à n’en point douter à base de reconquête, de vengeance et de rebondissements.
Le début d’une série épique à lire et relire.
Les seigneurs de Cornwall (T1) : Le sang du Loonois
Scénario : Sylvain Cordurié
Dessin : Alessio Lapo
Colorisation : Olivier Héban
Editeur : Soleil Prod
Collection : Soleil Celtic
Parution : 22 juillet 2009
Prix : 12.90 €
ISBN : 978-2-30200-625-6
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