Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Jennifer Morgue
Charles Stross
LGF, Le Livre de Poche, Science-fiction, roman traduit de l’anglais (Ecosse), espionnage occulte, 503 pages, septembre 2009, 7,50€

Bob Howard, le sympathique (et pas si maladroit que ça) informaticien-démonologue est de retour. Employé de la Laverie, organisation gouvernementale secrète de sa Majesté chargée de veiller à ce que l’humanité ne soit pas dévorée par les Grands Anciens, il est monté en grade, ce qui n’est pas une bonne nouvelle. Après une calamiteuse réunion faisant la part belle à sa hantise -PowerPoint- durant laquelle les participants pètent un plomb, le voilà expédié dans les Caraïbes sur les traces d’un méchant digne de James Bond...



Après « Le Bureau des Atrocités » (évoqué ici avec le présent volume en édition originale), Charles Stross poursuit dans cet univers étrange qu’est notre monde menacé par les créatures de Lovecraft.
Bien entendu, des gens comme vous et moi ne sont pas au courant de cette épée de Damoclès. Et quand un individu lambda met le doigt dessus, souvent, il disparaît. Ou est recruté. Ce fut le cas de Bob, qui de hacker talentueux est devenu fonctionnaire de la Laverie, le MI6-66 anglais, chargé de faire respecter le traité avec “Ceux des Profondeurs”. Un ministère âpre, une reconnaissance nulle, une paie de misère, et la possibilité de mourir très fréquemment, le cerveau sucé jusqu’au dernier neurone par un truc venu d’un univers parallèle pas si éloigné.

Néanmoins, on l’aura vu dans « Le Bureau des Atrocités », si Bob n’est pas le meilleur agent de terrain, il a plus d’un tour dans son téléphone portable, il sait bidouiller l’occulte avec le numérique comme personne, et il est plus à l’aise avec les artéfacts magiques qu’avec une arme à feu. Point n’est cependant nécessaire de lire cette première histoire (mais c’est un plaisir que je vous conseille) pour se délecter de « Jennifer Morgue ».

Charles Stross rend ici hommage à Ian Fleming et au héros national anglais de fiction, son agent le plus célèbre et maintes fois incarné au cinéma, James Bond.
En effet, le méchant de notre histoire veut s’emparer d’un... truc... au fond des océans, sur le site appelé JENNIFER MORGUE dans les dossiers secrets de la Laverie, et diriger le monde. Problème, au-delà d’une certaine profondeur, et suite au traité de Antarctique, cela appartient à Ceux des Profondeurs, délicatement appelés BLUE HADES dans les dossiers précédemment cités. Bref, des grosses bêtes chthoniennes qui vont pas se laisser dépouiller...

Pour contre-carrer les plans du grand méchant, Bob est envoyé en binôme avec Ramona, une tueuse de la Chambre Noire (l’homologue américain de la Laverie) dans les Antilles. Et là, les choses sérieuses commencent... Des enlèvements de jeunes femmes, des mouettes-espionnes zombies, une barrière de corail anti-intrusion nécromantique qui ne fait plus son travail, un ancien destroyer russe transformé en yacht... et une voiture bourrée de gadgets qui se pilote à distance. Non, pas une Aston-Martin, la Laverie n’a pas le budget. Bob devra se contenter d’une... Smart.

Je ne vais pas tout vous dévoiler, car la plume de Stross est truculente à souhait, dans le fond comme dans la forme.
Outre les mésaventures de Bob face à l’indicible lovecraftien, noyées sous le jargon informatico-démoniaque qui faisait déjà le sel du précédent volume (et qui pourra rebuter les lecteurs qui souhaitent comprendre chaque mot, alors que ce n’est heureusement pas la peine), on a ici droit à l’hommage du fan de James Bond, mais du fan anglais, celui qui, comme son héros, a subi la diffusion des films à chaque Noël, et qui finalement les décortique et les retourne. Jusqu’à la dernière scène.

Travail de fan donc, mais pas pastiche, car Charles Stross nous sort une histoire cohérente autant que surprenante malgré un nombre important de coups tordus et trahisons diverses. On est dans un James Bond plus que mâtiné d’occulte, mais aussi dans une histoire qui s’appuie sur la propre mythologie de l’espion de Ian Fleming et qui sait puiser dans notre culture collective plus ou moins consciente du film d’espionnage.

La couverture de Jackie Paternoster est assez space pour ne pas dire spéciale avec de gros guillemets, même si en cherchant bien, elle correspond à un élément du livre et peut passer pour un hommage à la célèbre scène avec Ursula Andress (la seule scène d’anthologie à laquelle on rend hommage dans chaque nouvel opus de Bond ou presque). Une petite douzaine de coquilles émaillent les 500 pages, certaines énormes, mais pas de quoi bouder son plaisir.

Texte - 813 octets
Jennifer Morgue - corrections


Un excellent livre pour débuter 2010.


Titre : Jennifer Morgue (The Jennifer Morgue, 2006)
Auteur : Charles Stross
Traduction de l’anglais (Écosse) : Édith Ochs
Couverture : Jackie Paternoster
Éditeur : LGF - Le Livre de Poche
Première édition française : Le Cherche-Midi, Neo, 2006
Collection : Science-fiction
Directeur de collection : Gérard Klein
Site Internet : Roman (Site éditeur)
Pages : 503
Format (en cm) : 11 x17,9 x2,4
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-253-08784-7
Prix : 7,50 €



Les autres romans de Charles Stross sur la Yozone :
- Le Bureau des Atrocités et Jennifer Morgue (GF) par Maitre Sinh
- Crépuscule d’acier par Hervé Thiellement
- Une Affaire de Famille par Kentaro Okuba
- Une Affaire de Famille et sa suite Un Secret de Famille par Henri Bademoude


Nicolas Soffray
20 janvier 2010


JPEG - 10 ko



Chargement...
WebAnalytics