Alors que français et anglais se déchirent pour un territoire qui n’est pas le leur, les indiens semblent se soumettre et nombre d’entre eux rejoignent le rang des armées que leur chef a choisi de suivre. Cependant, sous cette apparente docilité, les légendes ancestrales prennent des allures de prophéties. Un père a volontairement tué ses fils et il est dit que cette terre n’appartient qu’à ceux qui y ont versé le sang de leur sang…
Au milieu de tous ces éléments, Constant, jeune Acadien plein de fougue, se laisse balloter par un destin bien inattendu qui le mène par des chemins qu’il pensait ne jamais emprunter.
Fascinant ! Dès les premières pages, “Bravesland” nous happe et nous emporte dans un scénario que l’on a du mal à quitter. En 1756, alors que la guerre pour les territoires du Nouveau monde fait rage, il nous invite à suivre Constant, jeune homme rebelle et irrévérencieux qui a l’art de se mettre tout le monde à dos. On s’attache vite aux divers personnages et à leur histoire car ils sont bien construits et intéressants. De plus, Federico Ferniani leur donne une apparence en adéquation avec leur personnalité, ce qui ne gâte rien.
On suit les péripéties de Constant et d’Otiron’Tara l’indien avec plaisir, s’inquiétant de leur sort. La trame de fond est également palpitante, mêlant mystère et Histoire en une émulsion des plus convaincantes. On sent les références sérieuses, reflets du passé d’enseignant en histoire de l’un des deux scénaristes. De fait, le cadre temporel est donné et respecté, ce qui ajoute de la profondeur lorsque les deux auteurs y mêlent des légendes indiennes et des présences mystérieuses. On ne peut que trépigner, se demandant ce qui se trame.
On sent tout le soin apporté à cet album qui a visiblement été réalisé avec un intérêt non feint.
Pas convaincu ? Je prends comme seconde preuve les dessins : loin du trait à la va-vite que l’on voit parfois, ils sont réellement appliqués. Les visages ont du caractère, les cases sont bien composées. Si on veut trouver un reproche, on pourrait dire que les premières pages sont un peu trop morcelées et du coup difficile à apprécier. Cependant, Ferniani passe vite à des cases plus grandes qui nous permettent de prendre davantage la mesure de son travail réaliste et moderne.
L’habile mise en couleur numérique vient renforcer leur qualité, donnant les bonnes ambiances et proposant des contrastes intéressants.
Côté scénario comme côté graphisme donc, “Bravesland” mérite le détour.
Ce premier tome est riche, bien dosé, et on ne peut qu’attendre la suite avec impatience. À découvrir !
(T1) Constant
Série : Bravesland
Scénario : Fabrice David et Grégory Lassablière
Dessin : Federico Ferniani
Couleur : Delphine Rieu
Éditions : Soleil
Dépôt légal : octobre 2009
Format : 23,4 x 32,3 cm
Pagination : 48 pages couleur
ISBN : 978-2-30200-824-3
Prix public : 13,95€
© MC Productions / David / Lassablière / Ferniani (2009)
