Genre : Thriller horrifique
Durée : 1h44
Prix du Jury du long-métrage et Prix du Jury Jeunes au Festival du Film Fantastique de Gerardmer 2005
Avec Leigh Whannell (Adam), Cary Elwes (Dr. Lawrence Gordon), Danny Glover (Detective David Tapp), Ken Leung (Detective Steven Sing), Dina Meyer (Kerry), Mike Butters (Paul), Paul Gutrecht (Mark), Michael Emerson (Zep Hindle), Benito Martinez (Brett), Shawnee Smith (Amanda), Makenzie Vega (Diana Gordon), Monica Potter (Alison Gordon), Ned Bellamy (Jeff), Alexandra Bokyun Chun (Carla), Avner Garbi (Le père), Tobin Bell (John)
Deux hommes se réveillent enchaînés à la tuyauterie d’une salle de bain délabrée. Ils ne se connaissent pas et ne savent ni pourquoi ni comment ils sont arrivés là. Mais, en fouillant leurs poches, ils découvrent qu’ils ont été choisis pour participer à une épreuve machiavélique. Une partie dont l’unique enjeu est la survie. Tuer ou être tué, avant 18 heures. S’ils refusent de participer, le maître du jeu promet de les laisser croupir sur place, sinon le vainqueur aura gagné sa liberté.
Après une ouverture dans la lignée du « Cube » de Vicenzo Natali, « Saw » bifurque rapidement sur le thriller horrifique façon « Seven ». Mais, loin de se présenter comme un simple « Copycat » du film de David Fincher, ce premier long-métrage de James Wan, jeune cinéaste australien surdoué, prend le parti de renouveler le genre en adoptant le point de vue des victimes. Il faut dire que le scénario, cosigné par le réalisateur et Leigh Whannell (l’interprète d’Adam à l’écran) fait preuve d’une réelle inventivité pour nous peindre, sans nous le montrer, un monstre expert en torture psychologique manipulant ses proies comme de vulgaires marionnettes.
C’est par le biais des explications du Dr Lawrence Gordon, le second des deux captifs que l’enquête de police avait mené jusqu’à son cabinet, et l’utilisation d’astucieux flash-back, que James Wan reconstitue peu à peu le puzzle de l’affaire. Une mise en abîme millimétrée qui nous dévoile, scène après scène, un tueur par procuration particulièrement sadique. Un psychopathe qui ne tue jamais en personne mais pousse la perversion jusqu’à son paroxysme, en obligeant ses « élus » à commettre l’irréparable à sa place, à l’image de cette jeune toxicomane forcée d’éventrer un homme inconscient pour se libérer de l’étreinte d’une mâchoire mécanique, ce perceur de coffre-fort enduit d’un produit inflammable devant retrouver une combinaison à la lueur d’une allumette, ou encore ce type coincé dans un labyrinthe de barbelés à la recherche d’un passage vers une porte sur le point de se refermer.
A la virtuosité narrative de la pellicule, qui emporte le spectateur de révélations en surprises et se joue de ses nerfs en le confrontant à des choix inhumains, il faut également ajouter l’imagerie fantasmatique (le fétichisme vestimentaire du tueur) avec laquelle le réalisateur teinte sa création aux couleurs du « Giallo » (les polars sanglants transalpins dont Dario Argento fut le grand artisan), sans oublier la qualité de l’interprétation par laquelle les personnages communiquent leur effroi.
« Saw », vous ne serez plus le même une fois que vous l’aurez vu.
Bruno Paul
Que penser de « Saw », film-événement quasi unanimement encensé par une critique en mal d’émotions fortes ?
Du mal, beaucoup de mal ! Saw où l’histoire d’un psychokiller à la « Seven » mâtiné d’un peu du « Silence des agneaux »... Beaucoup de sang, un sadisme répétitif et facile. Bref, le cadeau idéal pour une séance-choc aux effets même pas chics.
Si l’on tire de ce fiasco plus ou moins gore et prévisible une idée de scénario et une réalisation somme toute logique, on évitera de s’appesantir sur une « morale » finalement très bushienne -ou reborn christian- dans la plus pure tradition conformiste. Figurez-vous que toutes les victimes ont finalement quelque chose de pas très propre (enfin pour un américain moyen) à se reprocher... Et c’est là, finalement, que le bât blesse le plus.
On veut bien croire que nos petits amis Australiens, à peine évadés de leur bush natal grâce à leur script prometteur, aient succombé aux chants des sirènes du Bushland de l’empire cinématographique triomphant, mais enfin... De là à justifier la mort de la moindre victime par le poids d’un péché véniel qu’elle traînerait, il y a un pas (au dessus du gouffre) que je ne franchirais pas.
Bon, vous l’avez compris, Saw m’a passablement énervé et mis de mauvaise humeur par son caractère faussement provocateur et ultra-religieux sur le fond. Le fait qu’il soit salué comme un « événement » par une bonne partie de la presse spécialisée ne me consolant pas.
Un film à prendre au premier degré, si l’on veut pouvoir digérer les dommages collatéraux engendrés par sa vision sur notre cerveau.
Critique d’humeur donc et déception du moment par conséquent.
Stéphane Pons
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Saw
Réalisation : James Wan
Scénario : James Wan, Leigh Whannell
Producteurs : Mark Burg, Gregg Hoffman, Oren Koules
Producteur associé : Lark Bernini
Coproducteurs : Richard H. Prince, Daniel J. Heffner
Producteurs exécutifs : Peter Block, Jason Constantine, Stacey Testro
Musique originale : Charlie Clouser
Image : David A. Armstrong
Montage : Kevin Greutert
Distribution des rôles : Amy Lippens
Création des décors : Julie Berghoff
Direction artistique : Nanet Harty
Création des costumes : Jennifer L. Soulages
Maquillage : Eleanor Sabaduquia
Directeur de production : Richard H.
Effets visuels : Joshua D. Comen
Production : Evolution Entertainment, Saw Productions Inc., Twisted Pictures
Distribution : Metropolitan Filmexport
Relation presse : François Frey pour Kinema Film
INTERNET
http://www.saw-lefilm.com