Et si ces rêves étaient en réalité des prémonitions ? Kaïlan peut-il être l’instrument de la destinée et changer le futur ? Malheureusement, personne ne veut croire dans les visions de Kaïlan. Même Odessa, sa petite amie, refuse de croire en lui. Ne parlons même pas de son père absent chronique et de sa mère, obsédée par son travail, oubliant presque l’existence de son fils. Alors en qui peut-il avoir confiance ? Et pourquoi pas son meilleur ami ? Kaïlan met toute sa foi dans Jémo mais le garçon va être doublement déçu car durant leur altercation, il a la vision de la sœur de Jémo en train de se faire kidnapper. Ce dernier rejette son ami comme un fou, un paria. Le lendemain, le rêve de Kaïlan devient réalité et pour Jémo, la vérité est très simple : son ami a enlevé sa sœur et il va le payer.

Voir l’avenir est-il une malédiction ? Stephen King, dans “Dead Zone”, nous donne une réponse plutôt pessimiste. Mathieu Guibé reste dans la droite ligne du maître de l’horreur de Bangor. Mais au lieu d’inventer un événement qui va attribuer un don à son héros, le scénariste choisit de prendre comme référence la fameuse pythie de Delphes, l’intermédiaire entre les Dieux et les hommes. Dans le cas de Kaïlan, le garçon voit le futur mais malgré tous ses efforts, il est incapable de le modifier. En fait, le visionnaire ne peut agir sur ses propres visions, seule une autre personne peut interagir et cette leçon, Kaïlan va l’apprendre à ses dépens.
Ce one shot de Guibé est plutôt intéressant, ce qui est très positif pour un premier scénario. L’auteur réussi à impulser un bon rythme. Le début peut paraître assez classique : des rêves éveillés en forme de flashs visuels, l’incompréhension des proches. Mais Mathieu Guibé n’est pas un adepte du happy-end et c’est une véritable descente aux enfers qu’il destine à son héros.
Les dessins sont, par contre, un peu faible. On sent que Marie Tho cherche encore son style. Des cases très épurées, mais contrairement au shojo, les personnages aussi. Peu de détails, une nudité qui peu parfois décevoir quand on aimerait qu’il y ait plus d’émotions dans les scènes fortes comme le passage à tabac de Kaïlan. Les personnages sont très statiques et aux dimensions parfois erratiques. Les traits des visages peuvent varier parfois d’une planche à l’autre, faisant s’interroger le lecteur sur l’identité du personnage. La plus grosse déception sera certainement la version future d’Odessa, plus proche de la momie que de la brûlée vive.
“Pity” va donc réjouir les lecteurs par son scénario bien mené, mais avec un décalage dans le niveau du dessin bien inférieur à ce qu’on aurait pu espérer.
Pity
Scénario : Mathieu Guibé
Dessin : Marie Tho
Éditeur français : Les Humanoïdes Associés
Format : 127x182, noir et blanc
Pagination : 176 pages
Date de parution : novembre 2009
Numéro IBSN : 2-7316-1959-1
Prix : 7,95 €
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