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Agora
film espagnol d’Alejandro Amenábar (2009)
6 janvier 2010

****



genre : aventure, historique
durée : 2h06

Avec Rachel Weisz (Hypathie), Max Minghella (Davus), Oscar Isaac (Oreste), Ashraf Barhom (Ammonius), Rupert Evans (Synesius), Michael Lonsdale (Thén), Homayoun Ershadi (Aspasius), Sammy Samir (Cyril), Richard Durden (Olympius), Omar Mostafa (Isidorus), Oshri Cohen (Medorus), Yousef Sweid (Pierre), ...

La révolte des Chrétiens gronde à Alexandrie, dans une Égypte sous domination romaine au IVe siècle après Jésus-Christ. Au milieu de ce chaos, la brillante Hypathie, astronome, mathématicienne et philosophe, persiste dans sa volonté de comprendre les lois qui régissent le déplacement de la Terre au sein du système solaire. Deux hommes se disputent son amour : Oreste et Davus, jeune esclave tiraillé entre ses sentiments et son envie d’affranchissement...

Alejandro Amenábar n’a pas fini de nous surprendre. Après deux courts-métrages très remarqués, « Himenoptero » (1992) et « La Luna » (1994), Amenábar fait une entrée très remarquée dans le cinéma en signant à 23 ans seulement son premier long-métrage, « Tesis », sur le thème plus que polémique des snuff movies : le film remporte six Goya (l’équivalent espagnol des Césars). En 1997, soit un an seulement après « Tesis », le réalisateur fait de nouveau un carton avec « Ouvre les Yeux », un thriller décalé imprégné par l’univers de Philip K. Dick (le film fera l’objet d’un remake américain, « Vanilla Sky »). Amenábar s’attaque ensuite au fantastique avec « Les Autres » en 2000 (huit Goya au total), avant de changer une nouvelle fois de registre en réalisant en 2004 « Mar Adentro », un plaidoyer pour l’euthanasie inspiré de la vie du poète Ramon Sampedro. Encore un succès puisque « Mar Adentro » remportera le Goya du meilleur film et l’Oscar du meilleur film étranger.

Aujourd’hui Amenábar se tourne vers la fresque historique et scientifique à gros budget (73 millions de dollars) avec « Agora ». Autant le dire tout de suite : au vu du résultat, il y a fort à parier qu’il rencontre (à juste titre) le même succès que ses précédents films. Amenábar voulait donner l’impression au spectateur qu’il assistait à un reportage télé davantage qu’à un film historique à grand spectacle : si l’impression reportage est suffisamment légère pour ne pas être rédhibitoire, c’est probablement ce parti pris qui donne un ton si particulier à « Agora ». Avec un budget deux fois moins élevé que celui d’« Alexandre » d’Oliver Stone, Amenábar parvient à un résultat autrement plus réaliste : en s’éloignant des codes du genre, en rompant avec l’aspect très léché des grosses reconstructions historiques, il gagne en crédibilité et en impact.

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Là où bien souvent tout l’intérêt de ce genre de film réside justement dans le spectacle, les bastons et l’histoire d’amour, on se retrouve ici étrangement pris de passion pour l’étude du système géocentrique et la théorie de la relativité. Non que le spectacle, les bastons et l’histoire d’amour soient absents d’« Agora », mais le propos et le fond du film sont incontestablement à chercher du côté de l’étude du cosmos et de toutes ses implications philosophiques. C’est en grande partie la mise en scène qui fait ici la différence, la caméra n’hésitant pas à prendre de la hauteur, beaucoup de hauteur, pour appuyer l’idée que l’espèce humaine n’est qu’une espèce parmi tant d’autres ; alors qu’habituellement les codes du genre imposent au spectateur une immersion brutale et sans répit dans la violence des événements, Amenábar nous offre ici le recul nécessaire pour comprendre son intention et celle d’Hypathie : l’humilité.

Outre le fait que le film d’Amenábar nous embarque totalement pendant plus de deux heures, il a également le très grand mérite de s’arrêter sur une époque et un personnage historiques qui n’avaient encore jamais été abordés au cinéma. Quand on sait le poids de la religion, et plus particulièrement du catholicisme, en Espagne (plus de 80% des Espagnols se disent catholiques), on ne peut que saluer l’audace d’un réalisateur (né au Chili) arrivé en Espagne à l’âge d’un an. Mais les clivages abordés par « Agora » ne sont pas uniquement religieux et reflètent également le sentiment de menace envers l’ordre établi que représente la science.
Connaissance contre obscurantisme, la question est malheureusement toujours d’actualité. Et une autre, incontournable : celle de la place de la femme et de sa légitimité face au savoir.

« Agora » est un film dense et passionnant, qui n’est pas sans rappeler l’excellente série HBO, « Rome ».


FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Alejandro Amenábar
Scénario : Alejandro Amenábar, Mateo Gil

Producteur : Fernando Bovaira, Álvaro Augustin
Producteur exécutif : Simón de Santiago, Jaime Ortiz de Artiñano
Directeur de production : José Luis Escolar

Image : Xavi Gimenéz
Décors : Guy Hendrix Dyas
Costumes : Gabriella Pescucci
Musique : Dario Marianelli
Casting : Jina Jay
Montage : Nacho Ruíz Capillas
Superviseur effets visuels : Felix Bergés
Superviseur effets spéciaux : Chris Reynolds
Son : Glenn Freemantle
Mixage son : Peter Glossop
Maquillage : Jan Sewell
Coiffure : Suzanne Stokes-Munton
Maquillage et coiffure Rachel Weisz : Graham Johnston

Production : A Mod Producciones, Himenóptero, Telecinco Cinema
Distribution : Mars Distribution

Relation presse : Michel Burstein pour Bossa Nova


LIENS YOZONE

=> L’interview exclusive d’Alejandro Amenábar



Amandine Prié
31 décembre 2009



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