genre : SF, drame
durée : 1h59
Avec Viggo Mortensen (le père), Kodi Smit-McPhee (le fils), Guy Pearce (le vétéran), Charlize Theron (la femme), Robert Duvall (le vieil homme), Garret Dillahunt (un membre du gang), Michael K. Williams (le voleur), Bob Jennings un cannibale), Molly Parker (la femme du vétéran), Brenna Roth (le chef du gang), ...
Un père et son fils errent dans un monde post-apocalyptique, poussant devant eux un caddie contenant tout ce qu’ils ont pu sauver. En chemin, le père plonge dans les souvenirs de sa femme, tandis que son fils découvre les restes de la défunte civilisation. Mais la route est peuplée de dangers dans ce monde redevenu barbare, et les rencontres de toutes sortes se multiplient...
On attendait beaucoup de « La Route », l’adaptation du livre éponyme de Cormac McCarthy. On se demandait ce que John Hillcoat allait bien pouvoir faire de ce texte sec et désespéré. On a désormais la réponse, et si le film n’est pas tout à fait à la hauteur de nos espérances, on ne peut néanmoins que saluer le résultat.
Pour ce qui est de la forme, Hillcoat semble s’être fait peintre pour nous offrir cette succession de toiles totalement désenchantées, dominées par le gris, des cendres et du désespoir qui s’accrochent, qui collent, sans relâche, des paysages rasés de toute végétation, des arbres qui tombent en mourant, de l’océan lui-même qui ne sait plus répondre à la promesse du bleu. La photographie est servie par un sens du cadrage et de la composition parfaitement maîtrisé, attentif au moindre geste de tendresse entre le père et son fils.
Parce que dans cette agonie lente et crasseuse, c’est bien de filiation dont il est question (ce n’est pas un hasard si le livre de McCarthy est dédicacé à son fils), d’héritage et de transmission dans un monde nihiliste où tout, absolument tout est mort : l’espoir, la confiance, le sens des choses, les valeurs morales, Dieu lui-même.
« Il n’y a pas de Dieu et nous sommes ses prophètes », écrit McCarthy dans son roman. C’est tout le paradoxe et toute la subtilité d’une affirmation livrée dans une version un peu trop simpliste dans l’adaptation de John Hillcoat, qui bascule trop souvent dans la vision bien américaine de la religion comme seul salut.
Mais cet automatisme un brin agaçant est contrebalancé par une lecture rugueuse de l’exclusion, car c’est avant tout ce que sont ce père et ce fils, poussant devant eux leur pauvre caddie : des exclus, comme on en croise chaque jour dans un contexte qui n’a nul besoin de se faire apocalyptique pour être misérable. Le propos devient alors furieusement critique envers la société actuelle, société de consommation, société individualiste, société anthropophage de combattants et de vaincus. « La Route » prend toute sa puissance quand elle nous parle justement de ceux qu’on laisse au bord.
L’absence d’explication des raisons de l’apocalypse donne toute sa force au film : quel que soit le contexte, c’est à l’intérieur que l’on chemine ici, et cette traversée du désert, cette lutte de chaque instant, cette survie quotidienne font davantage penser à la dépression qu’à la fin du monde.
On ne pourra dès lors que rager devant cette fin quasi-hollywoodienne (nous aurait-on ressorti le chien de « 2012 » ?) dont on se serait franchement passé. Mais quoiqu’il en soit, « La Route » se voit avec la tête et les tripes : on n’en demandait guère plus.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : The Road
Réalisation : John Hillcoat
Scénario : Joe Penhall
D’après l’oeuvre de : Cormac McCarthy
Producteur : Steve Schwartz, Paula Mae Schwartz, Nick Wechsler
Producteur exécutif : Marc Butan, Todd Wagner, Rud Simmons
Directeur de la photographie : Javier Aguirresarobe
Montage : Jon Gregory
Directeur artistique : Gershon Ginsburg
Décors : Chris Kennedy, Robert Greenfield
Costumes : Margot Wilson
Production : 2929 Productions, Road Rebel
Distribution : Metropolitan FilmExport
INTERNET
Le site officiel : http://www.laroute-lefilm.fr
