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Magicien (Le)
Jean-Marc Souvira
Pocket, Thriller, n°13754, roman (France, 2008), tueur en série, 479 pages, août 2009, 7,30€

Pour tout le monde, Gabriel Lécuyer est un petit homme insignifiant qui vient de sortir de prison. Mais lorsqu’il donne libre cours à ses démons, il devient le Magicien, un tueur d’enfants…

Seul le policier Ludovic Mistral voit derrière la série de crimes ensanglantant Paris la trace d’un tueur en série. Il se lance dans une traque implacable qui lui coûtera cher…



Une histoire de tueur en série de plus ?
Oui, mais une qui se distingue du tout-venant. D’abord, le décor parisien rend l’horreur plus proche de nous. Ensuite, pour son premier roman, Souvira frappe assez fort en nous offrant un tueur en série parmi les plus mémorables qu’on ait vu.

Car Gabriel Lécuyer est constamment décrit comme un homme falot et anodin, de petite taille, loin du “Meurtrier Diabolique De Série” omniscient dont on nous abreuve pour effrayer Margot. Or la description des « démons » personnels qui le poussent à tuer est digne d’une minutie d’entomologiste proprement terrifiante, parfois aux frontières du fantastique tant les visions grotesques digne d’un Clive Barker se succèdent.
Contrairement à la fascination ambigüe de certains romanciers vis-à-vis des criminels nietzschéens sortis de leur imagination, Souvira démonte sans concessions le processus abominable qui peut donner ce monstre du quotidien entièrement possédé par ses pulsions : pas de doute, on n’a aucune envie d’émuler une créature aussi pathétique, ni d’habiter un seul instant son univers, et c’est cette proximité qui rend le suspense lié à ses traques proprement haletant. Pas non plus de compassion déplacée : ce Magicien a définitivement basculé dans la monstruosité dont il porte la marque indélébile, et il convient de l’empêcher de nuire d’une façon ou d’une autre, sans haine mais sans pitié non plus. On est loin des fantasmes “bronsoniens” dans lesquels se complaisent d’autres auteurs, et qui peuvent même rapporter des prix.

De son côté, le traitement de l’enquête est des plus classiques : ex-commissaire, Souvira sait de quoi il parle et la procédure ponctuée d’argot de métier sonne juste, même si son personnage de policier pas loin d’être infaillible mélange les personnages interprétés en leur temps par Belmondo ou Ventura et le profileur à la Will Graham. Les amateurs de séries policières ne seront pas dépaysés, même si on regrette que le personnage n’ait pas plus d’épaisseur, ce qui rend sa déchéance progressive en cours d’enquête moins percutante.

Reste l’écriture, évitant les affèteries à la mode ou le formatage des ateliers d’écriture pour viser l’efficacité brute. Certes, on n’est pas à la Pléiade, mais le style est largement supérieur à la moyenne du best-seller de base et décolle lorsqu’il s’agit de décrire les visions monstrueuses de son « méchant » et notamment ses rapports avec son psychiatre.

En tout cas, Jean-Marc Souvira a réussi son entrée dans le monde du polar et, pour un premier roman, témoigne d’un sens de la narration assez impressionnant. Quant à sa dissection d’un tueur en série, nul doute qu’elle marquera les mémoires.
Il est aussi réconfortant de constater que le public a suivi, notamment en récompensant ce roman du Prix des Lecteurs « Goutte de Sang d’Encre ».


Titre : Le Magicien (France, 2008)
Auteur : Jean-Marc Souvira
Couverture : Nonstock/Jupiter Images
Éditeur : Pocket
Collection : Thriller
Première édition française : Fleuve Noir (2008)
Site Internet : fiche roman (site Pocket), fiche roman (site Fleuve Noir)
Format (en cm) : 10,8 x 17,7
Dépôt légal : août 2009
ISBN : 978-2-266-18538-7
Prix : 7,30 €



Thomas Bauduret
4 décembre 2009


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L’édition de poche (Pocket Thriller, 2009).



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Edition grand format (Fleuve Noir Thriller, 2008).



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