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Prophétie de Cristal (La) - 2012
Manda Scott
Livre de poche, thriller, N°31615, roman, traduit de l’anglais, catastrophico-mord-moi-le-nez, 473 pages, octobre 2009, 6,95€

Au quatorzième siècle, l’explorateur et poète Cedric Owen, guidé par Nostradamus, part à la recherche d’une prophétie maya.

De nos jours, les ténors de Cambridge Stella Cody et son mari Kit découvrent la « cathédrale de pierre » et l’un des treize crânes de cristal censés prévenir la fin du monde en 2012.

Mais quelqu’un d’autre est à sa recherche…



Vous ne le savez peut-être pas, mais pour célébrer dignement le nouveau millénaire, le monde a été détruit en 2000. Si, si, d’ailleurs personne ne l’a dit, c’est la preuve qu’on nous cache tout, non ?
Même si cette idée fait doucettement rigoler les deux tiers de la population mondiale qui n’utilisent pas le calendrier basé sur la naissance de Jean-Claude, mais c’est des métèques.

D’ailleurs, le monde a été aussi détruit en 1800. Et à chaque centenaire. En fait, il n’en finit pas d’être détruit, et à chaque fois, on n’en sait rien. C’est bien la preuve que le komplot est partout, non ? Et puis cette fois, c’est promis-juré-craché, en 2012, on est tous morts, les Mayas l’on dit. Ou Paco Rabanne, ou Karl Lagerfeld, enfin, bon. On s’y perd. Entre la planète qui va nous percuter et que le komplot a réussi à dissimuler alors qu’on devrait la voir à l’œil nu (ils sont forts, tout de même !), ou des secousses sismiques, ou le soleil, ou la dévaluation, ou le grand retour de Chantal Goya, mais c’est sûr : en 2012, couic !
N’écoutez pas ces savants corporatistes à grosses têtes qui disent n’importe quoi en prétendant que ça n’arrivera pas : si un obscur alchimiste illisible du XIVe siècle l’a vu, il est forcément plus balèze qu’eux.
Et pourquoi se soucier du climat qui, lui, peut réellement provoquer la fin du monde ? Nostradamus n’en parlait pas ! Lui a raison, et les scientifiques, eh bien, on sait comment sont ces gens-là avec leurs télescopes et leurs chiffres qui font mal au crâne, pas vrai ? Allez en paix au supermarché du coin.

Et évidemment, puisqu’il y a toujours des sous à se faire lorsqu’il s’agit de terroriser Margot, toute une industrie de la peur s’est bâtie sur la énième prophétie en date, celle de 2012, qui s’avèrera certainement aussi bidon que toutes les autres qui l’ont précédées. D’où ce roman, qui sent la commande d’éditeur vite torchée (ce que l’auteur admet plus ou moins dans sa postface), qui convoque une fois de plus ce vieux Michel de Nostredame (on espère que ses héritiers touchent des royalties, au moins…).

Et comme il est de rigueur dans ce genre de texte, on a toute une partie dans le passé ; un passé qui, curieusement pour un auteur qui s’est illustré dans le roman historique, semble plus se baser sur le nouveau mythe tel qu’il est établi par la fiction et ressemble à une “hollywooderie” : on a beau balancer des dates et des faits, on ne les touche jamais du doigt et la rencontre avec une poignée de mayas, tout en ressortant le mythe du bon sauvage revisité, semble sortir d’un « Apocalypto » ; quand aux crânes de cristal, ai-je besoin de ressortir la référence ? De même, une allusion très factuelle à l’homosexualité détone un brin à une époque où le crime de « bougrerie » pouvait valoir la mort.

Pour la partie actuelle, il ne faut pas s’attendre à des scènes spectaculaires comme un certain film à méga-budget qui s’en inspire directement (étrangement moins cynique dans son exploitation du phénomène, puisque ne prétendant pas dévoiler une quelconque « vérité ») : le tout se passe surtout en dialogues… et il ne faut pas y attendre de suspense non plus, tant l’écriture est lisse et uniforme, sans chercher à faire ressortir les nœuds de l’intrigue !
Au départ, l’héroïne reste curieusement passive devant l’annonce de la mort possible de son époux de 48 heures et grand amûr de sa vie, et le fait qu’un assassin potentiel soit aux trousses des protagonistes semble oublié pendant une bonne partie de l’histoire... Uniquement cité épisodiquement (pour qu’on ne l’oublie pas totalement), jusqu’à l’obligatoire confrontation finale se terminant sur le happy-end de rigueur (contredisant d’ailleurs une partie de l’intrigue !). Les motivations dudit méchant sont d’ailleurs assez vaseuses, comme si l’auteure s’était rappelée en dernière minute qu’il y avait une vague menace dans le coin.

Bref, s’il y a une littérature fast-food grasse et indigeste, là, on a plutôt l’impression d’une nouvelle cuisine littéraire : exploitant une mode, avec pas grand-chose sur la table et pas beaucoup de goût, mais satisfaisant ceux qui veulent repartir l’estomac léger (ou, en ce cas « quelque chose de pas prise de tête à lire dans le métro »).
Apparemment, il y a un lectorat pour ça. Mais si, comme le dit Manda Scott dans sa postface, en 2012, on est tous morts, autant profiter les trois ans qui restent à lire des livres un peu plus satisfaisants, non ?


Titre : La Prophétie de Cristal (The Cristal Skull, 2008)
Auteur : Manda Scott
Traduction de l’anglais : Valérie Rosier
Editeur : Livre de poche
Collection : Thriller
Première édition française : JC Lattès
Couverture : WIN-initiative/Getty Images
Site internet : fiche livre (site éditeur)
Pages : 473
Format (en cm) : 18 x 11
Dépôt légal : novembre 2009
ISBN : 978-2-253-12874-8
Prix : 6,95 €



Thomas Bauduret
5 décembre 2009


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