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Ange de la Nuit (l’) T.2 : Le Choix des Ombres
Brent Weeks
Bragelonne, traduit de l’anglais (Etats-Unis), fantasy, 545 pages, août 2009, 25€

Après l’invasion de Cénaria, Kylar a fui avec Élène et Uly, la fille de Durzo. Il est bien décidé à vivre honnêtement, et à ne plus tuer, comme il l’a promis à l’amour de sa vie. Mais il n’est pas si facile de faire une croix sur son passé lorsqu’on est le plus puissant pisse-culotte, doublé du possesseur d’un artefact symbiotique capable de vous rendre invisible et immortel. Tandis que le destin semble adresser au jeune homme tous les signes d’une renaissance possible, ses anciens amis de Cénaria viennent requérir son aide pour abattre Garoth Ursuul, le Dieu-roi de Khalidor. Pour faire fléchir la promesse de Kylar à Élène, Jarl lui apporte une nouvelle inestimable : Logan Gyre, son ami et le roi légitime de Cénaria, est encore en vie, au plus profond de la prison de la Gueule.



La suite de « La Voie des Ombres » fait plus que tenir ses promesses. Sur un schéma assez classique (la volonté de rédemption du héros, son impossible refus de ce qu’il est, et finalement son retour là où il excelle), Brent Weeks greffe une habile étude des caractères de chacun, extrêmement fine et réaliste.
Kylar est partagé entre son amour pour Élène et sa nature d’assassin. Faute de pouvoir assouvir ses pulsions sexuelles avec sa fiancée encore réticente, il renoue avec ses talents de noctambule, oscillant sur le fil du rasoir de sa promesse à la jeune femme balafrée. Mais ses sentiments sont sincères, et il finit par tout abandonner, y compris sa précieuse épée, pour elle. Mais c’est là que les évènements s’enchaînent, pour le pire, et le contraignent, par amour pour Jarl et Logan autant que pour Élène et Uly, à remettre sa tenue de pisse-culotte. (Je vais essayer de ne pas trop en révéler sur la suite.)

Les autres personnages, notamment Logan, transforment ce qui serait une banale histoire de super-héros de fantasy en un réel drame humain. La détention du jeune roi dans la Gueule, avec les pires criminels, le réduit aux pires extrémités pour survivre, bien qu’il tente de conserve son humanité à tout prix. La tension du huis-clos est douloureusement insoutenable, et l’auteur ayant rapidement montré que nul, sinon Kylar, n’est immortel dans son récit, on craint à chaque instant que Logan Gyre, qui porte l’espoir d’une fin politiquement heureuse de ce récit, ne bascule dans le Trou.

Les intrigues secondaires ne manquent pas, et on notera la plus grande implication des sœurs du Chantry, qu’on devine au centre du prochain volume. L’auteur est par contre avare de résumés d’information, aussi pour resituer certains protagonistes, on n’hésitera pas à se replonger dans le précédent volume. Ayant beaucoup lu depuis, j’ai même été surpris de voir réapparaître, le temps d’un chapitre, une personne qui me semblait pourtant morte…

Comme dans « La Voie des Ombres », la fin est apocalyptique, à tous les niveaux. Brent Weeks écrase les grandes batailles inspirées du « Seigneur des Anneaux » par des duels entre super-guerriers et monstres cauchemardesques. Mais il sait surtout malmener son héros sur le plan affectif : si Kylar avait subi (ou plutôt provoqué) la perte d’un être cher à la fin de « La Voie des Ombres », le coup qui lui est porté en clôture de ce « Choix des Ombres » est encore plus cruel. Au point qu’on en oublierait presque la pirouette finale, qui nous assure pourtant de violentes confrontations pour le prochain volume, qui sera déjà sorti tandis que vous lirez ces lignes.

Brent Weeks ne démérite pas avec ce second volume. Kylar, malgré ses forces incommensurables et son immortalité, demeure avant tout un ado trop vite devenu adulte, refusant une vie consacrée à la mort et rêvant à une certaine normalité, à une stabilité qui lui est interdite. Mortel au combat mais limite benêt devant une femme, nue ou court vêtue (ce qui donne de savoureux moments, notamment le dilemme de son attirance pour Vi, aussi belle que dangereuse, son double féminin, qu’il ne laisse pas indifférente), il est un être torturé mais définitivement humain. Donc attachant.
Enfin, alors que Logan remonte du plus profond de l’enfer vers une rédemption inespérée, Kylar, malgré ses efforts, ne fait que choir toujours plus bas, ses rêves et ses certitudes balayés au fil des pages.

Frédéric Perrin signe une nouvelle couverture encore plus envoûtante, et j’espère bientôt voir son nom pour un prix du graphisme. Il a d’ores et déjà ma voix. Je ne renie pas Graffet, Delval, Simonetti ou Carré (entre autres), mais voilà de l’excellent sang neuf.

Rien à dire sur la traduction d’Olivier Debernard, malgré une relecture qui laisse passer une grosse répétition, une quinzaine de coquilles en tout genre, et qui refuse l’élision de “de un” en “d’un” à presque dix reprises. Aux alentours du 65e chapitre, quelques confusions alimentées par la proximité des patronymes n’aident guère à s’y retrouver. Le détail comme d’habitude dans le fichier ci-dessous.

Texte - 2 ko
Choix des ombres - corrections

Titre : Le Choix des Ombres (Shadow’s Edge, 2008)
Série : L’ange de la nuit, tome 2 (The Night Angel Trilogy, book 2)
Auteur : Brent Weeks
Traduction : Olivier Debernard
Couverture : Frédéric Perrin
Editeur : Bragelonne
Site Internet : fiche du roman
Pages : 545
Format (en cm) : 15,3 x 23,8 x 4,2
Dépôt légal : août 2009
ISBN : 978-2-35294-328-0
Prix : 25 €


- Volume précédent : La Voie des Ombres


Nicolas Soffray
20 novembre 2009


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