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Shadow Man
Cody McFadyen
Pocket, Thriller, n°13681, traduit de l’anglais (Etats-Unis), mélodrame criminel, 531 pages, juin 2009, 7,80€

L’agent du FBI Smoky Barrett est toujours en phase de récupération après sa dernière rencontre avec un psychopathe ayant tué son mari et sa fille. Alors qu’elle hésite à regagner le bureau, une lointaine amie est assassinée, et le tueur, se prenant pour un descendant de Jack l’Eventreur, la cible personnellement.

Il n’en faut pas plus pour que Smoky Barrett se remette en piste…



On ne dira jamais assez le mal que les séries TV ont fait au polar en trivialisant toutes ses figures imposées, et ce n’est pas ce roman qui détrompera cette assertion. Combien de téléfilms commencent par un agent du FBI (forcément « le meilleur » ou assimilé) sortant de sa retraite pour chasser un tueur psychopathe qui le nargue ? Ce n’est que le début de ce hou-fais-moi-peur qui semble concocté par un aréopage de scénaristes hollywoodiens.

La narratrice pourrait en effet être une parente proche de la Kay Scarpetta de Patricia Cornwell, une de ces protagonistes parfaite jusqu’au bout dans son rôle de la mère courage. L’intrigue se poursuit donc dans les règles (et oui, on a droit à une variante de la très télévisuelle réplique « (le tueur) va recommencer indéfiniment jusqu’à ce qu’on l’arrête »), introduisant ce qu’il faut d’horreurs (« Les Experts » sont passés par là), l’obligatoire couplet sur les dangers d’internet et toutes sortes de passages mélodramatiques correspondant au « bouleversant d’humanité » cher aux scénaristes télévisuels (Oui, jusqu’au gentil toutou en victime sacrificielle pour montrer que les méchants sont très méchants tout en faisant pleurer dans les chaumières). Quant aux tourments de l’héroïne, si certains développements sont bien venus (tirés d’un article d’un Psychologie magazine quelconque ?) on se perd parfois dans des considérations philosophiques du genre « Les rêves me hanteront encore, mais le passé et le présent ont appris à vivre ensemble. Le présent a haï le passé, le passé a combattu l’avenir. Bientôt, le passé ne sera plus que le passé ». Ah que ouais !

Dans ce contexte, le Psychopathe Diabolique De Service (ou PDDS) semble quasiment omniscient et suit les moindres détails de l’enquête, quitte a étirer la crédibilité. Cette même enquête se termine d’ailleurs de façon très factuelle et un peu décevante, comme si l’auteur avait atteint son quota de page : l’identité du PPDS, si elle rappelle un autre roman adapté à l’écran (dire lequel serait spoiler cette intrigue…), est dévoilée de façon étrangement banale jusqu’à l’obligatoire confrontation finale. Le tout se terminant de façon très consensuelle : les méchants sont morts, vive la famille et les chtits n’enfants et heureusement qu’on a de gros flingues pour les protéger des vilains (tous des hommes, bien sûr.)

Bref, ce texte ultra-consensuel relève de ce fameux « professionnalisme à l’américaine » qu’on nous ressort à tout bout de champ, comme si usiner des romans comme on fabrique des plats surgelés -pas forcément mauvais d’ailleurs, mais tous semblables et sans le moindre embryon d’âme- était le sommet de la littérature dans l’espoir d’obtenir la consécration, le graal obligatoire de tout auteur : une adaptation cinématographique (et, on présume, le chèque qui va avec).
Et apparemment, ça marche commercialement parlant, comme si le lecteur ne recherchait aucune valeur ajoutée par rapport à la soupe qu’il a l’habitude de se voir servir…

Pas de doute, dans son cours de « creative writing » ou on apprend à produire de la copie, Cody McFadyen devait faire figure de premier de la classe : pour peu qu’on cherche juste le plaisir immédiat, ce « Shadow Man » ultra-consensuel d’OS de la page imprimée, découpé en courts chapitres toujours selon les recettes du genre et particulièrement bien traduit (il faut le dire), se lit à toute allure sans pour autant rester dans les mémoires et a donc plutôt sa place en poche.
Pour le supplément d’âme, l’originalité et la fraîcheur, il faudra aller voir ailleurs -chez John Connoly, par exemple !


Titre : Shadow Man (Shadow Man, 2006)
Auteur : Cody McFadyen
Traduction de l’Anglais (Etats-Unis) : Nathalie Gouyé-Guilbert
Couverture : Nonstock et Rubberball/Jupiter Images
Éditeur : Pocket
Collection : Thriller
Première édition française : Robert Laffont
Site internet : fiche roman (site éditeur)
Pages : 531
Format (en cm) : 10,8 x 3,5 x 17,7 (poche, broché)
Dépôt légal : juillet 2009
ISBN : 978-2-266-18176-1
Prix : 7,80 €



Thomas Bauduret
19 novembre 2009


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