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Mr Nobody
film français, allemand, canadien, belge de Jaco Van Dormael
13 janvier 2010

*****



genre : fantastique, SF, et surtout inclassable
durée : 2h17

Avec Jared Leto (Nemo), Sarah Polley (Elise), Diane Kruger (Anna), Linh-Dan Pham (Jeanne), Rhys Ifans (le père de Nemo), Natasha Little (la mère de Nemo), Toby Regbo (Nemo adolescent), Juno Temple (Anna adolescente), Clare Stone (Elise adolescente), Audrey Giacomini (Jeanne adolescente), Thomas Byrne (Nemo 9 ans), Laura Brumagne (Anna 9 ans), Allan Corduner (Dr Feldheim), Daniel Mays (le journaliste), Michael Riley (Harry), Pascal Duquenne (Henry), Noa de Constanzo (Nemo 5 ans), ...

Nemo Nobody, 120 ans, est le tout dernier mortel d’une société qui a réussi à repousser les limites de la condition humaine. Petit à petit, il nous raconte son histoire, ou plutôt ses histoires : quelle vie aurait-il vécu si, enfant sur le quai de la gare, il avait choisi de partir avec sa mère plutôt que de rester avec son père ? Et d’ailleurs, n’est-il pas plutôt parti avec elle ? Combien de vies différentes auraient pu découler de ce choix impossible ? Et fallait-il vraiment en choisir une ?

15 ans après le « le Huitième Jour », le réalisateur du très remarqué « Toto le Héros » revient enfin avec son troisième film, « Mr Nobody ». On avait déjà très bon espoir après la lecture du script, en février 2009. Espoir très largement récompensé par le véritable concentré de poésie que nous offre, en un peu plus de deux heures, un Jaco Van Dormael en pleine possession de son art.
A l’origine du projet de « Mr Nobody », il y a un court-métrage de 12 minutes, « E pericoloso sporgesi », réalisé en 1982 par Van Dormael. On y voit déjà ce qui sera le premier vrai dilemme de Nemo Nobody, à travers la figure d’un gamin courant derrière un train et un choix impossible : rester avec sa mère ou avec son père. « Et puis « Pile et Face » de Peter Howitt est sorti, raconte le réalisateur, suivi de « Cours Lola cours » de Tom Tykwer. J’ai dû chercher autre chose. Et c’est là que je me suis rendu compte que je ne cherchais pas à raconter quelque chose de binaire mais que j’étais avant tout intéressé par la multiplicité et la complexité des choix. »

Et c’est toute la richesse de « Mr Nobody », et tout le talent de Jaco Van Dormael : explorer et exploiter à fond le champ des possibles, pour le restituer au cinéma dans toute sa complexité, sans oublier au passage de nous le rendre accessible et intelligible. Alors bien sûr, il faut accepter de se laisser embarquer et de perdre le contrôle. Mais une fois qu’on parvient au lâcher-prise, quel pied... Parce qu’il est tellement jouissif de se laisser engloutir par la fiction, d’assister au choix originel et de glisser sur toutes les ramifications qui en découlent, sans avoir à en choisir une seule. « Tant qu’on n’a pas choisi, tout reste possible » : c’est bien avec ce non-choix que Van Dormael nous régale, accouchant non pas d’une mais de mille vies concentrées dans la seule personne de Nemo Nobody.

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Il a fallu sept ans au père de « Toto le Héros » pour finaliser le scénario de « Mr Nobody », sept années de travail quotidien, plus de six mois de tournage et un an de montage pour un résultat d’une richesse visuelle absolument hallucinante. Il faudrait voir et revoir le film pour s’imprégner de tous les détails, de toutes les trouvailles qui y fourmillent, de toute la poésie qui grouille et remue là-dedans. Qui nous rappelle parfois, même si le ton de Jaco Van Dormael est unique, celle de films comme « Eternal Sunshine of the Spotless Mind » ou « The Truman
Show
 »
.

Une des grandes difficultés du film a été de rendre discernables et différenciables toutes les vies possibles de Nemo, obstacle que le réalisateur a remarquablement franchi en imprimant une grammaire et un ton spécifiques à chacune de ces vies : par l’alternance du hors-champ et du réalisme, caméra à l’épaule, par la prédominance ou l’absence de certaines couleurs dans l’univers des personnages, on sait inconsciemment, dès les premiers plans d’une scène, dans quelle vie évolue Mr Nobody, le tout fonctionnant avec une telle finesse que l’on n’en prend jamais pleinement conscience.

Il y a un grand respect du spectateur dans le film de Jaco Van Dormael, et un immense talent de narrateur ; nous sommes le journaliste un peu terre-à-terre qui interviewe Mr Nobody à la fin de sa vie, nous nous posons tout bas les mêmes questions pleines de bon sens qu’il énonce à haute voix.
A nous d’accepter de recevoir, comme unique réponse, l’énorme rire du vieux Nemo...

Un très gros coup de coeur, donc, suprenant, audacieux, poétique et virtuose, qui se voit comme mille films et se porte longtemps.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation et scénario : Jaco Van Dormael

Producteur : Philippe Godeau
Co-producteur : Alfred Hürmer, Marco Mehlitz, Christian Larouche, Jaco Van Dormael
Producteur exécutif : Jean-Yves Asselin
Producteur associé : Nathalie Gastaldo, Mark Gill, Daniel Marquet

Image : Christophe Beaucarne A.F.C
Montage : Matyas Veress, Susan Shipton
Son : Dominique Warnier, Jane Tattersall, Frederic Demolder, Lou Solakofski, Emmanuel de Boissieu
Musique originale : Pierre Van Dormael
Assistant réalisation : Renaud Alcalde
Effets visuels : Louis Morin
Conception graphique du futur : François Schuiten
Décors : Sylvie Olivé A.D.C
Costumes : Ulla Gothe
Maquillage : Kaatje Van Damme

Production : Integral Film, Lago Film, Christal Films Productions, Toto & Co Films
Distribution : Pathé Distribution (France), Wild Bunch

Relation presse : Jérôme Jouneaux, Isabelle Duvoisin, Matthieu Rey

LIEN(S) YOZONE

=> Le scénario publié en 2006
=> La critique DVD « Toto le héros »
=> 6 extraits du film

INTERNET

Le site officiel : http://www.mrnobody-lefilm.com



Amandine Prié
7 janvier 2010



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