Genre : conte initiatique
Durée : 1h42
Kiki vient d’avoir 13 ans et, comme toutes les sorcières de son âge, elle doit quitter le cocon familial pour entamer son apprentissage du monde réel. Excitée par cette perspective, elle profite d’une accalmie de la météo pour précipiter son départ, préparer son balluchon, embrasser sa petite famille et s’envoler, sur son balai, à la recherche d’une ville où elle devra se débrouiller durant toute une année. Ayant mis le cap vers le sud, avec Jiji son chat noir pour seul compagnon, la petite sorcière, encore bien maladroite, jette son dévolu sur une charmante cité de bord de mer. Malheureusement, son arrivée impromptue manque de causer un accident de la circulation, et la jeune fille va échapper aux réprimandes d’un gendarme local grâce à une diversion d’un jeune garçon fasciné par les machines volantes. Finalement, alors que la nuit tombe et qu’elle erre désemparée sur les hauteurs de la bourgade, Kiki va devoir user à nouveau de son balai volant pour sortir de l’embarras Osono, une gentille boulangère, enceinte jusqu’au yeux, qui, du coup, lui propose de l’héberger et de l’employer pour effectuer des livraisons à domicile.
Que dire une fois de plus, sinon que cette petite sorcière, malgré les années passées depuis ses 13 printemps (le film date de 1989), n’a pas pris une ride. En tout cas, si cette adaptation du roman de Eiko Kadono n’était, au départ, pas censée être mise en scène par Hayao Miyazaki, on retrouve néanmoins dans cette bande animée tous les thèmes chers au Maître des studios Ghibli, à l’instar du parcours initiatique de son héroïne, des velléités écologiques (certes moins marquées qu’avec Princesse Mononoké) et de l’amour de l’aviation (Ghibli, le nom des studios faisant référence à un avion de chasse italien) du réalisateur, ainsi et surtout que son sens inné de la narration et du merveilleux.
Mais, outre une galerie de personnages attachants (humains et animaux) et une trame intemporelle, Kiki la petite sorcière se montre particulièrement remarquable par la qualité de ses décors, de l’ambiance, des sons et des couleurs de cette ville à l’architecture hybride qui n’est pas sans évoquer le charme des cités méditerranéennes. A ce constat positif, il ne faut pas non plus omettre l’énergie (habituelle avec Miyazaki) déployée lors des nombreuses scènes aériennes de ce récit virevoltant, et la partition inspirée du toujours excellent Joe Hisaishi (compositeur fétiche des Studios Ghibli, de Takeshi Kitano et qui a mis récemment en musique « le Petit Poucet » raté de Olivier Dahan).
Bien évidemment, si cette fable qui présente la découverte du monde par une fillette de 13 ans s’adresse principalement au jeune public, elle s’avère également comme un superbe moment de détente et de poésie pour les plus grands.
Bref, une grande réussite à découvrir de préférence sur grand écran.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Majo no takkyubin
Réalisation : Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki d’après le roman de Eiko Kadono
Producteur : Hayao Miyazaki
Producteur associé : Toshio Suzuki
Producteur exécutif : Morihisa Takagi, Yasuyoshi Tokuma, Mikihiko Tsuzuki
Musique originale : Joe Hisaishi et les chansons de Yumi Matsutôya (‘Rouge no dengon’, « Yasashisa ni Tsutsumareta-nara »)
Photographie : Shigeo Sugimura
Montage : Takeshi Seyama
Création des décors : Hinoshi Ono
Assistant réalisateur : Sunao Katabuchi
Son : Shuji Inoue
Effets spéciaux : Kaoru Tanifuji
Production : Nippon Television Network, Studio Ghibli, Tokuma Shoten
Distribution : GBVI