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Sœurs de la Lune (les) T2 : Changeling
Yasmine Galenorn
Bragelonne, Milady, Bit-Lit, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy-thriller, 414 pages, mai 2009, 7€

Quelques mois ont passé depuis les évènements de « Witchling », et c’est avec la neige que commence cette histoire. Delilah, la sœur chat-garou, officiellement détective, est contactée par Zachary Lyonnesse, le chef d’un clan de pumas-garous. Plusieurs des siens sont morts, le cœur arraché, le corps desséché.
Cette enquête est l’occasion pour la jeune femme de créer et resserrer ses liens avec la communauté des garous, et de se découvrir des pouvoirs et un courage insoupçonnés.



Comme signalé à la fin de « Witchling », la narration passe ici à la seconde sœur de la lune, Delilah, la chat-garou, et l’histoire tourne bien évidemment autour des métamorphes en tous genres. Le clan des pumas-garous est la cible d’un mystérieux assassin, qui se révélera rapidement un clan adverse, plus ou moins maudit, d’araignées-garous. Amis phobiques des petites bêtes, bienvenue.
Pour son enquête, Delilah n’hésitera pas à rencontrer d’autres garous. L’occasion pour nous d’en apprendre un peu plus sur les coutumes de créatures de la Terre, et pas toutes d’Outremonde.

Le roman suit la même trame narrative, assez classique, que le tome précédent, à savoir : meurtre initial, enquête, rencontre avec des puissances supérieure, tentative d’intrusion de la maison, interrogatoire du prisonnier, combat final de tous les gentils contre les grands méchants.
Un combat final cette fois vite expédié, grâce aux nouveaux pouvoirs de Delilah, apparemment hérités d’une potentielle jumelle disparue in utero, et sa transformation en panthère noire. Amis de Drizzt et de sa Ghenwyvar, bonsoir.

Avant j’étais vierge et naïve. C’était avant...


Le tout est saupoudré des mêmes ingrédients que précédemment : ô surprise, du sexe, en grande quantité. Rappelons que dans « Witchling », Delilah découvrait le sexe avec un mâle humain (en la personne de l’inspecteur Chase). Elle y a pris goût, pour ne pas dire plus. Cela va du SMS pour donner un rendez-vous coquin à son amant, d’un direct “baise-moi” à peine passée la porte (page 93), à des choses pas forcément plus légères mais moins brutales, comme une partie de chat-perché (elle est le chat, devinez qui fait la perche).

La subtilité viendra de son attirance pour le puma-garou Zach. L’attirance de deux êtres féériques décuple les sensations physiques, mais Delilah, écoutant son penchant humain, préfère rester fidèle à Chase (du moins en pensée). Mais cette double attraction, humaine d’un côté, animale de l’autre, la poussera à s’interroger sur ce qu’elle attend d’un partenaire.
Certaines scènes friseront aussi le ridicule et la collection “Harlequin”, lorsqu’une vampire lui tripote la poitrine en l’embrassant langoureusement, soi-disant pour lui “sauver la vie” au milieu d’une réunion de suceurs de sang.

N’oublions pas non plus la belle Camille, partagée entre son elfe noir Trillian, le démon-renard Morio et le dragon Flam. Avec ce dernier, on atteint des sommets. Il devait s’ennuyer dans sa forêt, car il répond toujours présent quand les sœurs l’appellent à l’aide, pour un oui ou pour un non, et on devine qu’il servira d’artillerie lourde également dans les volumes suivants. Créature cruelle, le dragon monnaye bien entendu ses services, et cette fois il extorque à Camille une semaine rien que tous les deux, et pas pour jouer aux cartes. Et la belle d’accepter, entre désir et crainte, mais sans beaucoup hésiter. Les questions (Va-t-il me faire mal ? Ne sera-t-il pas “trop gros” ? (si, si, page 313) et autres finesses du genre) viendront plus tard. Malheureusement pour les plus insatiables d’entre vous (ou nous), le roman s’arrête avant que la sorcière n’honore son contrat.
Bref, l’héroïne précédente toujours aussi gourmande, la petite sœur timide devenue totalement nympho, y a-t-il autre chose que du sexe là-dedans, vous demandez-vous ? Eh bien oui.

Un univers en mouvement


On suit toujours le grand plan initié dans « Witchling ». Comme on s’en doute rapidement (plus vite que les héroïnes, mais bon, elles ne sont pas encore paranoïaques), l’Ombre Ailée, le grand méchant, est derrière tout cela, car les pumas détiennent l’un des sceaux primordiaux. Et donc, en plus des araignées-garous, une nouvelle escouade démoniaque de Degath a passé un portail pour venir sur Terre. Ils seront hélas vite expédiés lors du combat final, et on regrettera l’absence de confrontation entre Trillian et le Svartan ennemi.

Des alliances se forment, oubliant les vieilles querelles, entre elfes et Svartan. Yasmine Galenorn ne néglige pas l’aspect politique qui sous-tend sa série, et c’est tant mieux. Les liens entre les sœurs D’Artigo et la reine des elfes vont se resserrer tandis que dans l’Outremonde, la guerre se déclare entre partisans de la reine Lethenasar, complètement dépendante de l’opium, et sa sœur Tanaquar, visiblement la future souveraine idéale. Le père des héroïnes trahit et déserte.

L’OIA est dissoute, les liens coupés avec la Terre. Après s’être inquiétées des réalités pratiques (vivant sous couverture, elles craignent de perdre leur magasin et leurs revenus), un détail bienvenu, les sœurs décident de rallier à leur cause les agents de l’OIA restés sur Terre, d’autant qu’en plus tous sont partisans de Tanaquar, et de fonder une OIA alternative, indépendante du pouvoir outremondien.

Du divertissement pour mââââle


Au final, c’est une impression assez positive que je retire de la lecture de ce « Changeling ». Il est regrettable que l’argument vendeur soit trois sœurs ultra-sexy qui passent leur temps (libre) à se frotter aux hommes les mieux équipés du coin, car la série a d’autres excellents atouts. Le background politique n’est pas un simple prétexte mais aussi le moteur secondaire de la série (derrière la quête des sceaux), et le bestiaire merveilleux invoque à nouveau de belles et effrayantes créatures.

On retiendra surtout le seigneur de l’automne, force élémentaire invoquée avec l’aide de Flam, qui me laisse l’image du roi féérique Obéron ou encore mon souvenir du souverain du « Faerie Hackers » de Johan Héliot (Folio SF, fortement conseillé). Sans doute le moment le plus fort du roman, et celui qui mériterait les plus beaux effets spéciaux d’une adaptation ciné, tourbillon de feuilles mortes, de flammes et de givre.

Mais bon, ne rêvons pas, si adaptation il y avait, elle serait sans doute interdite aux moins de 16 ans, car le roman nous décrit dans le détail toutes les scènes “chaudes” auxquelles participe (activement) la narratrice, ne faisant l’ellipse que sur les ébats de sa sœur Camille.

Le tome 3, « Darkling », dont Milady nous offre le premier chapitre en guise d’avant-goût, et qui sort ce mois-ci, sera raconté du point de vue de Menolly, la vampire, et comblera donc probablement nos interrogations sur la sexualité d’une mort-vivante, puisque la belle n’est pas insensible au charme de Wade, l’animateur des réunions des Vampires Anonymes.
Comme j’ai cessé de piquer un fard à chaque main baladeuse d’un personnage, au risque de virer perpétuellement framboise, je vous en parlerai certainement d’ici peu, le temps pour moi de varier les plaisirs, un peu plus textuels et un peu moins charnels.

Ce n’est hélas pas une surprise, mais encore une quinzaine de coquilles à déplorer. Quelques mauvaises traductions (Cécile Tasson serait-elle québecoise ? me suis-je parfois interrogé) et des expressions à revoir niveau cohérence : comme dans le premier tome, les « oh mon Dieu » dans la bouche d’une sorcière révérant la Lune ou Bastet, moi, ça me chiffonne. Le détail dans le fichier ci-joint.

Texte - 3.3 ko
Changeling - corrections et remarques



Titre : Changeling (Changeling, 2007)
Série : Les Sœurs de la Lune (Otherworld), tome 2 (sur 7 actuellement)
Volume précédent : Witchling (T.1)
Auteur : Yasmine Galenorn
Traduction : Cécile Tasson
Couverture : Tony Mauro
Editeur : Milady
Site Internet : fiche du roman, sur le site de l’auteure (en anglais)
Collection : Bit-Lit
Pages : 414
Format (en cm) : 11 x 17,8 x 2,5
Dépôt légal : mai 2009
ISBN : 978-2-8112-0131-9
Prix : 7€



Nicolas Soffray
14 octobre 2009


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