Né en Alsace en 1954, Claude Ecken a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages (romans, livres illustrés, BD…) depuis son premier roman : « L’Abbé X » en 1984. C’est un excellent nouvelliste et son recueil « Le Monde tous Droits Réservés » a obtenu le Grand Prix de l’Imaginaire. “La Fin du Big Bang” et “Éclats Lumineux du Disque d’Accrétion” ont été couronnées par deux Prix Rosny-Aîné catégorie nouvelle.
Avec « Enfer Clos », Claude Ecken signe une œuvre très forte, dure et qui explore la noirceur de l’âme humaine. Il pose ouvertement la question : jusqu’où l’homme peut-il plonger dans l’horreur ? Pour l’auteur, il est prêt à franchir toutes les limites.
Il nous invite à un huis-clos entre quatre membres d’une famille déshonorée, préférant l’exil à la vindicte populaire. La guerre les a tous changés, elle les a transformés aussi bien par opportunisme que par la force des choses. Après la défaite, l’heure des comptes a sonné et toutes les rancœurs se sont réveillées. La population en a fait des parias, les poussant à se cacher de tous. C’est ainsi qu’ils adoptent la solution extrême de se retrancher dans une vieille demeure perdue aux bords de champs et de vivre de la location d’appartements.
Entre quatre murs, les occupations sont rares et les disputes rythment vite leur nouvelle vie. Deux caractères forts (Clément et Suzie) s’affrontent et les deux plus faibles (Guillaume et Bernadette) en font souvent les frais. Avec le temps, chacun apprend la vérité sur les autres. Leur passé resurgit pour mieux les enfoncer dans l’horreur et renforcer leur animosité. Les bagarres tournent aux rituels et les années passent en apportant leur lot d’ignominies.
La promiscuité constitue leur pire ennemie, le huis-clos se transforme en enfer, leur enfer personnel duquel Clément leur interdit de s’échapper. Tout, plutôt que la honte et les insultes. Ses poings et son fusil dirigent la maisonnée. La barbarie, la bestialité reprennent tous leurs droits.
Claude Ecken ne nous épargne rien. D’ailleurs toutes les horreurs qui nous viennent à l’esprit arrivent un jour ou l‘autre dans les pages du roman. On assiste subjugué à la longue agonie de ces frères et sœurs qui ont perdu tout espoir en l’avenir. L’écoulement du temps est flou, aussi bien pour les protagonistes que pour nous. Avec leur lucidité soumise à rude épreuve, les jours perdent de leur signification et les années défilent dans une espèce de brume, d’où ils émergent parfois à l’occasion d’un évènement marquant.
La force d’évocation de l’auteur nous plonge dans son histoire et nous pousse à assister impuissants à cette interminable descente dans la noirceur humaine. Tous nos repères fondent et la fin de ce cauchemar éveillé nous donne une grande claque en apprenant la durée de cette claustration.
« Enfer Clos » est dense, d’une puissance rare. Claude Ecken nous montre jusqu’où l’homme peut tomber, sans jamais perdre le fil d’une histoire maîtrisée où la psychologie des personnages concourt à sa force.
Savoir que c’est tiré d’un fait divers augmente encore la terreur inspirée par ces pages souvent insoutenables, car si plausibles.
Un livre sorti en 2003, jamais réédité, mais toujours disponible à la vente. À découvrir !
Titre : Enfer Clos
Auteur : Claude Ecken
Couverture : Éric Scala
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 136
Format (en cm) : 20 x 13
Dépôt légal : mars 2003
ISBN : 978-2-84344-046-7
Prix : 10 €
