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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Primal Zone (T1)
Pierre-Yves Gabrion
Delcourt

Venez vous perdre dans les méandres de la schizophrénie !
A travers les yeux de son héros, surnommé Le Varan, Primal Zone nous offre un récit riche, torturé, où l’obscurité envahit la lumière, où la folie parasite la réalité.



Selon le rapport officiel de la police, l’homme qui se fait appeler aujourd’hui « Le Varan » a poignardé sa mère à l’âge de 10 ans. Il fût alors interné dans un institut spécialisé. Durant environ 15 ans, il s’efforça de donner le change, de masquer ses véritables instincts, comprenant que c’était le seul moyen de recouvrer sa liberté. A 24 ans, il fût déclaré apte à réintégrer la société… et disparu.
Le Varan est un mercenaire américain, un tueur à gage dont la seule règle est « jamais de meurtres non-rémunérés ». Question d’éthique personnelle, sans doute. Il est rapide et sait parfaitement se battre, surtout avec un cure-dent.
Mais Le Varan cache en lui une terrible bête, Ortog, qu’il considère comme son Gardien, mais qu’il a de plus en plus de mal à maîtriser.
Le Varan, s’identifiant au reptile, se considère comme un prédateur intelligent, prudent et implacable. Les contrats lui permettent de survivre et d’assurer sa cavale. Mais, il le sait, pour qu’Ortog continue à lui obéir, Le Varan doit parfois lâcher du lest, laisser son Gardien s’amuser un peu dans la nuit.

Et c’est là que commence véritablement l’histoire !
Vous l’aurez compris, l’homme qui se fait appelé Le Varan souffre d’un trouble psychotique appelé schizophrénie. Cette maladie mentale chronique se manifeste par la désintégration de la personnalité et par la perte du contact avec la réalité.
Mais que se passe-t-il lorsque le réel se confond totalement avec ce que l’on croit être l’imaginaire ?
Que faire quand le poids de la culture et de la civilisation s’efface au profit de nos émotions primaires ?
C’est sur cette problématique que se construit cet ouvrage, à la croisée du polar, du roman de SF et du dossier spécial du mensuel Psychologie.

Un sentiment particulier se dégage à la lecture de « Primal Zone ». Le scénario est captivant et l’ambiance générale est assez malsaine. Du coup, je me suis surpris à lire le dernier des 4 chapitres du livre immobile, le visage fermé et les sourcils froncés. Une expérience vraiment étonnante.
La quatrième de couverture précise : « Une plongée dans l’univers psychotique d’un homme qui n’avait plus d’âme ». Tout est dit.

La maladie est d’ailleurs bien présentée, preuve visible de la grande documentation de l’auteur.
Cette recherche préliminaire apparaît notamment dans un détail : chaque chapitre est introduit par une citation bien choisie de Nietzche, Hugo ou Pessoa.
A la fin du livre, Pierre-Yves Gabrion présente les œuvres de Jorge Eish, un peintre et ami diagnostiqué schizophrène à tendance paranoïaque et décédé en 1998. Ce suicide déclencha la création de « Primal Zone ».
Un des personnages de la BD porte d’ailleurs le nom de son ami défunt.
Ces 14 dernières pages en couleur permettent d’entrevoir, un peu, les émotions primaires révélées par la maladie.

Le noir et blanc est évidemment de rigueur dans les planches de ce volume. Elles sont l’œuvre de Pierre-Yves Gabrion également. Les dessins sont forts, volontairement contrastés, et participent grandement à l’ambiance générale. J’ignorai qu’il était possible de faire autant de rendu graphique avec seulement 2 couleurs.
Les personnages sont également très bien détaillés et sont riches en expressions. Pierre-Yves Gabrion enseigne la narration graphique à l’Université de Bordeaux III. Il nous donne ici une démonstration de ses compétences, presque un cours. Par exemple, les scènes représentant les rêves du Varan en état catatonique, immobile et a-réactif, sont particulièrement imaginatives.
Petit bémol toutefois, s’il en faut vraiment un, certains personnages ressemblent beaucoup à des héros de série US. Ainsi, Le Varan, blessé, se retrouve à l’hôpital, soigné par les docteurs Green et Carter de « Urgences » (ou leurs troublants sosies). La référence peut paraître déstabilisante et parasiter le récit.

Bref, ce premier tome de « Primal Zone » est riche et mérite que l’on y prête attention. L’atmosphère de la BD est sombre et captivante. Les fans de « Sin City » apprécieront à coup sûr.
Profitez de l’expérience, oubliez les règles classiques de la BD, et laissez vous porter par ce scénario guidé par la folie. La fin de ce volume nous fait d’ailleurs espérer une suite très intéressante.
Une dernière info utile, si le papier ne vous manque pas, vous pouvez découvrir l’intégralité de l’album, et les premières planches du volume 2, sur le site de l’auteur.
Profitez-en, ça vaut le détour !


Primal Zone (T1)
- Scénario : Pierre-Yves Gabrion
- Dessin : Pierre-Yves Gabrion
- Couleurs : Pierre-Yves Gabrion
- Éditeur : Delcourt
- Collection : hors collection
- Dépôt légal : septembre 2009
- Format : 17 x 24 cm
- Pagination : 120 pages
- ISBN : 978-2-7560-1691-7
- Prix Public France : 12.90 €


Illustrations © Pierre-Yves Gabrion et Guy Delcourt Productions (2009)



Allison & Julien
8 octobre 2009




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